C'est l'un des personnages les plus controversés de la vie de Nelson Mandela. Militante pure et dure, n'hésitant pas à faire l'apologie de la violence pour vaincre l'Apartheid, Winnie Mandela, ex-épouse du défunt président sud-africain, revient aujourd'hui sur son parcours dans un entretien exclusif accordé ce week-end au Journal du dimanche. L'occasion de rappeler l'importance de son rôle dans le destin unique de Madiba...
Malgré les controverses suscitées par ses prises de position, Winnie Mandela ne regrette pas, des décennies plus tard, sa ligne de conduite. Surnommée "La mère de la nation", elle est ainsi persuadée que son action a permis à Nelson Mandela de devenir une icône et de vaincre l'Apartheid. "Si je ne m'étais pas battue, il n'y aurait pas eu de Mandela, le monde entier l'aurait oublié et il serait mort en prison, comme le souhaitaient ceux qui l'y ont jeté", explique l'ex-épouse de Madiba (de 1958 à 1996) en référence à l'emprisonnement de vingt-sept ans de ce dernier.
Épisode clé dans l'histoire de l'Afrique du Sud, l'emprisonnement de Nelson Mandela aurait finalement été une "chance" pour le premier président noir du pays. Car les geôles l'auraient protégé selon son ancienne femme. "Ce qu'ont connu Mandela et les leaders de l'ANC en prison, à Robben Island, n'a rien de commun avec les épreuves qu'ont traversées le peuple sud-africain et nous, les militants de base de l'ANC, pendant toute ces années. Nous étions la chair à canon du combat contre l'ennemi. Eux, en prison, n'ont jamais été torturés comme nous l'avons été", assure celle qui fut toutefois présente aux côtés de Graça Machel, la dernière épouse de Madiba, lors de ses funérailles.
Isolé, Nelson Mandela était selon elle "libre de croire à la paix", tandis qu'elle se devait de "répondre à la violence par la violence". "C'était la réalité de l'époque", justifie celle qui a de nouveau formulé quelques critiques à l'égard de la politique de son ex-mari une fois au pouvoir. "Tout au long de ces vingt dernières années, nous avons vu que les valeurs qu'incarnait Mandela avaient du mal à s'ancrer dans la réalité. Ce n'est pas un secret que la jeunesse de ce pays est sans emploi et qu'il s'agit d'une bombe à retardement", juge Winnie Mandela, condamnée en 1991 pour complicité dans l'enlèvement et le meurtre d'un jeune militant, puis pour fraude en 2003.
Des semaines après sa mort, les hommages à Nelson Mandela continuent par ailleurs de se multiplier aux quatre coins du monde. Bruce Springsteen, déjà engagé dans la lutte contre l'Apartheid dans les années 80 – et par ailleurs présent au Grand Journal de Canal+ hier, pour présenter son nouvel album High Hopes – a ainsi rendu un vibrant hommage à l'ancien président lors d'un concert au Cap, son premier en Afrique du Sud, dimanche soir. En guise d'intro, le Boss et son E-Street Band ont ainsi démarré leur show avec la chanson Free Nelson Mandela de Jerry Dammers.