Un peu plus d'une semaine après le décès de l'icône, Winnie Mandela brise le silence. L'ex-femme de Nelson Mandela a en effet raconté les derniers instants du premier président sud-africain noir lors d'une interview accordée à la chaîne britannique ITV. Et selon ses dires, le prix Nobel de la Paix n'aurait pas souffert jusqu'à son dernier souffle...
En ce triste jeudi 5 décembre, à Johannesburg, Winnie Mandela a tout de suite compris que l'état de son ex-mari s'était aggravé. Dans la matinée, elle a en effet reçu un coup de téléphone du docteur de l'ancien président. "Le médecin a dit : 'Je pense que vous devriez venir.' Il n'avait jamais utilisé ces mots auparavant. J'ai alors su qu'il y avait un problème grave", raconte-t-elle. Une impression confirmée lorsqu'elle arrive sur les lieux. "J'ai pu sentir qu'on était peut-être au bout du chemin. (...) Je suis montée à l'étage où les médecins se tenaient debout autour de lui. Ils m'ont dit de m'approcher de lui", a-t-elle ajouté.
Mais à ce moment-là, Winnie Mandela est loin de trouver son ex-mari en train d'agoniser. "J'ai constaté qu'il respirait vraiment lentement. Je le tenais pour essayer d'évaluer sa température, et il était froid. Il a alors rendu son dernier soupir et s'est reposé... Il était parti", a-t-elle confié, assurant que Madiba n'avait visiblement pas souffert. "Les médecins nous ont toujours assuré qu'il ne souffrait pas, il avait assez de médicaments, donc on ne savait jamais exactement quand il souffrait", raconte l'ex-militante radicale de l'ANC, qui ajoute également que les docteurs de l'icône de la lutte contre l'Apartheid pensaient qu'ils ne "tiendrait pas plus de trois jours" lors de son retour chez lui début septembre après son hospitalisation durant trois mois pour une infection pulmonaire.
S'il n'a pas toujours été tendre avec la politique menée par Nelson Mandela au pouvoir, la controversée Winnie Mandela, qui a partagé sa vie de 1957 à 1996, a toutefois tenu à faire son éloge, assurant qu'il avait "rempli sa mission". "Il a tout abandonné pour sa nation. (...) Même s'il avait 95 ans et qu'il en beaucoup fait, il y avait encore tant à faire", a ajouté celle qui avait fait partie de son premier gouvernement avant d'être accusée de corruption onze mois plus tard et de démissionner.
Après l'hommage planétaire rendu à Nelson Mandela à Soweto, avec des centaines de chefs d'État dont Barack Obama, vedette de la cérémonie, et François Hollande pour ses retrouvailles avec Nicolas Sarkozy, sa dépouille est désormais exposée depuis mercredi à Pretoria, la capitale sud-africaine. "Dans la tradition africaine, on n'expose pas les défunts. C'est très dur pour la famille de le partager après l'avoir partagé de son vivant avec le monde entier et le pays tout entier. Il n'appartient pas à la famille, il appartient encore au monde entier et nous devons le partager", a expliqué Winnie, présente pour le grand hommage à Nelson Mandela à Soweto où elle a retrouvé Graça Machel, dernière épouse de Madiba.
Autour de la cour d'honneur d'Union Buildings, siège du gouvernement sud-africain où la dépouille de Nelson Mandela est exposée, des milliers de personnes, venues de tout le pays, sont venues lui dire adieu. Les files d'attente sont tellement grandes que certains dorment même autour du bâtiment pour être sûrs de pouvoir l'apercevoir. Si aucun chiffre n'a été communiqué depuis, ils étaient 12 000 pour le premier jour, mercredi.
Demain matin, samedi 14 décembre, la dépouille de Nelson Mandela s'envolera vers le village de Qunu, au Sud du pays, où il a passé son enfance et voulait être enterré. Ses funérailles auront lieu le lendemain, en présence d'environ 5000 personnes. Le prince Charles est attendu, tandis qu'Alain Juppé et Lionel Jospin représenteront cette fois la France.