L'histoire de Winona Ryder semble être à nouveau en marche. Laissée au placard parmi d'autres antiquités du cinéma hollywoodien, considérée comme perdue après ses démêlés de cleptomane il y a dix ans, la mystérieuse brune s'est dépatouillée avec des seconds rôles plus ou moins bons depuis des années, vraisemblablement perdue dans les limbes d'une industrie à la mémoire très courte. Car avec un tableau de chasse qui compte Martin Scorsese, Francis Ford Coppola, Jim Jarmusch, Woody Allen, Jean-Pierre Jeunet ainsi que deux nominations aux Oscars, Winona Ryder mérite plus ses lettres de noblesse qu'une simple punition. Ce n'est peut-être donc plus une simple coïncidence si ses 41 ans coïncident avec ses retrouvailles avec Tim Burton, un réalisateur qui s'est amouraché d'elle à ses débuts au point de lui ouvrir la voie vers les studios.
Retour vers le futur
Plus de vingt ans après leur dernière collaboration, Tim Burton offre peut-être un nouveau souffle à Winona Ryder avec un rôle dans son film d'animation Frankenweenie, véritable passerelle vers ses débuts puisque remake d'un de ses premiers courts-métrages - celui-là même qui est censé avoir provoqué son renvoi du studio Disney, désormais producteur du réalisateur. L'actrice explique à L'Express : "Voilà trois ans, j'ai reçu un mail où il disait vouloir me proposer quelque chose. Ce message m'a littéralement emplie de joie. Dès la lecture apparaissaient deux éléments majeurs. Une réflexion pertinente sur le pouvoir de la science qui peut être facilement dévoyée. Et sa capacité intacte à parler de l'enfance. Tim sait se placer à hauteur d'enfants, sans poser sur eux un regard d'adulte. Et Frankenweenie m'est tout de suite apparu comme un film majeur sur la perte de l'innocence... par le biais de la peur."
Cette simple voix prêtée à une dénommée Elsa Van Helsing sonne comme une rédemption pour Winona Ryder, qui considère Tim Burton comme le premier maillon de la chaîne de sa carrière hollywoodienne. À 17 ans, elle passe comme Jennifer Connelly et Juliette Lewis les essais pour un rôle dans Beetlejuice : "J'étais arrivée en avance aux essais. Et pendant une demi-heure, dans le couloir, j'ai discuté de The Cure et d'Edward Gorey avec un jeune homme qui avait le même look gothique que moi. Quand je lui ai dit que j'avais rendez-vous avec Tim Burton, il m'a répondu tout timide, 'Mais, en fait, c'est moi'. Il me paraissait si jeune que je n'aurais jamais imaginé qu'il était réalisateur ! Mais il y a eu comme une évidence dans notre rencontre car nous étions un peu les mêmes : deux personnes solitaires qui n'avaient pas été populaires dans la cour de récré. Ce fut le premier metteur en scène à me traiter comme une adulte." Cette rencontre façonne l'actrice en herbe : "Si je n'avais pas rencontré Tim à ce moment-là, je ne sais pas si j'aurais continué à jouer."
Leurs retrouvailles dans Edward aux mains d'argent (1990) deux ans après, plus résultat d'un concours de circonstances que d'une nécessité, scellent leurs destins respectifs. Winona Ryder et Johnny Depp tombent d'ailleurs amoureux, laissant planer le doute sur l'absence de l'actrice dans Sleepy Hollow (1999) une fois leur passion consumée - la rumeur veut qu'elle ait refusé le rôle de Christina Ricci. Mais zéro rancune pour la comédienne, restée sous le charme du réalisateur : "Vous ne pouvez pas savoir le plaisir que j'éprouve quand des gamins viennent me voir aujourd'hui pour me demander si je suis bien la fille de Beetlejuice ! (...) Et puis, dans le cinéma d'aujourd'hui, qui recherche souvent l'efficacité, il ose laisser le silence parler. Frankenweenie symbolise toute la richesse du cinéma de Tim depuis ses débuts." Une petite touche de promo qui confirme que Winona Ryder, attendue dans The Iceman ou encore The Letter, n'est pas encore rouillée.
"Frankenweenie", en salles le 31 octobre.