Réactualisation : Ceux qui avaient déserté leur coin télé pour aller fêter la musique au grand air la semaine dernière, lors d'une demi-finale de X Factor qui a plongé vers les abysses de l'audimat, étaient de retour mardi 28 juin pour assister au sacre inattendu de Matthew Raymond-Barker, qu'ont en effet suivi 2,4 millions de téléspectateurs (10,8% de part d'audience). L'Anglais de 22 ans, parti de rien, s'est imposé à la force du charisme : presque incompréhensiblement casté lors des auditions, il est devenu un attachant outsider puis un challenger convaincant. Et, finalement, un vainqueur séduisant. Face à une Marina D'Amico pas encore mûre, qui s'est beaucoup reposée depuis le début du jeu sur une aisance vocale certaine mais dénuée d'âme et d'appétit artistique, ses progrès et son côté popstar, mettant en jeu des performances totales, ont fait la différence. Et ce fut une vraie surprise.
Un point d'orgue aux allures d'éclaircie dans le ciel bien sombre de cette saison de X Factor, qui ne restera pas dans les annales télévisuelles, tant au niveau de la qualité du show, de sa variété surtout, que de ses scores d'audience (la phase phare des lives a péniblement surnagé autour des 10% de part d'audience et des 2,3 millions de téléspectateurs).
Revivez le dénouement de X Factor avec notre compte-rendu, et en photos et en vidéos, avec les réactions, les retrouvailles de Matthew avec ses parents venus spécialement d'Angleterre...
Compte-rendu de la finale de X Factor saison 2, mardi 28 juin 2011 : Ils n'étaient plus que deux. Près de huit mois après avoir tenté leur chance aux présélections, en novembre 2010, Marina D'Amico et Matthew Raymond-Barker se disputaient mardi 28 juin 2011 le gain de X Factor saison 2 et du contrat avec une maison de disques promis au vainqueur.
Dernier prime, dernier trac du live, dernière occasion de susciter - parfois à peu de frais - l'admiration d'un jury qui en a plein en stock, et dernière chance d'impressionner les guest stars attirées par M6, en l'occurrence Bruno Mars et Beyoncé, pour ces deux rescapés parmi les 25 000 aspirants initiaux. A l'occasion de cette grande finale, le public allait par surcroît découvrir parmi leurs trois propositions respectives celles qui deviendraient single en cas de triomphe.
Ce duel final était à 50% prévisible. Marina D'Amico, benjamine (17 ans) du show indécemment couvée depuis les auditions, surprotégée lors des primes et gagnante d'avance du fait de son indéniable aisance vocale, semblait promise à être au rendez-vous, comme le fut Marie, la benjamine de la saison 1 du télé-crochet, proposée précédemment sur W9. En face, Matthew Raymond-Barker, improbable outsider anglais de 22 ans qui a fini par se tailler un costume de prétendant grâce à son charisme, sa générosité et ses progrès, peut savourer sa présence inattendue à ce stade du concours, lui, le seul survivant masculin depuis quelques semaines.
Les anciens gotta feeling
Si David Guetta a fait faux bon au dernier numéro de X Factor (ne voulant pas jouer son dernier single, Where them girls at, sans ses interprètes Flo Rida et Nicki Minaj), évitant in extremis le naufrage d'un live qui n'a pas pesé lourd face à la Fête de la Musique, c'est au son de I Gotta Feeling, son mégatube cosigné avec les Black Eyed Peas, que s'ouvre l'émission. A cette occasion, les anciens finalistes apparaissent à tour de rôle sur le plateau de la scène du Lendit : Florian Giustiniani, Raphaël Herrerias, Vincent Leoty, Seconde Nature, Maryvette Lair, Cécile Couderc, Bérénice Schléret, Sarah Manesse, Twem. Seuls les garçons d'Omega semblent manquer à l'appel... Cécile Couderc confirme ses prédispositions de showwoman et fait encore regretter son élimination prématurée, surtout quand on doit endurer le raté d'une Maryvette Lair à peine évincée de la compétition et qui en fait toujours des caisses. Pour le reste, rien que du connu : la soupe cacophonique de Seconde Nature, le sourire de Twem, la générosité un peu too much de Sarah... Matthew et Marina, les héros du soir, font leur entrée sur un morceau de bravoure du hit planétaire : Matthew séduit par son énergie coutumière, Marina, volontaire, fatigue avec ses râles rock forcés, pas crédibles (parfois, c'est l'intention qui compte, parfois... pas).
Golden boy
Les hostilités sont amorcées par Matthew et son medley 100% cain-ri, à base d'Eminem (Love the way you lie), Rihanna (Don't stop the music) et Ke$ha (Tik Tok). Costume argenté, self-confidence de mac, lunettes en plastique et déhanché de feu : l'Anglais s'éclate, comme il le fit par le passé, sur ces tubes de diva de la pop urbaine telles que Beyoncé. Bien en énergie dès son entrée en matière, Matthew propose une vraie total performance, ne rognant pas sur les chorégraphies, toniques, en choeur avec les danseurs de Zach Kreese. Ce qui justifie qu'on oublie volontiers que le choix de chansons n'étaient pas idéal pour sa voix. Son essoufflement à la fin de sa prestation parle pour lui concernant son investissement. A-t-on déjà vu Marina essouflée, même après ses numéros en Beyoncé ou en Pink ?
"Ca pète, tu chantes bien, tu danses bien. Ecoute l'ovation, tout est dit." Christophe
"Tu pars sur les chapeaux de roues, tu va être très dangereux ce soir." Olivier
"Te voir bouger comme ça, sentir ta générosité, c'est un plaisir de te voir en finale." Henry
"Tu as réussi à tenir une performance comme ça du début à la fin. Waaoooow." Véronic
"Me touche pas, je suis transpirant" : Matthew, devant ses parents dans le public, repousse une Sandrine Corman extatique et qui a dégainé la robe longue décolletée pour honorer l'événement.
Matthew s'éclipse rapidement du plateau pour avoir le temps de s'éponger avant de revenir au côté de Marina : après onze semaines de compétition, ils vont partager leur premier duo (en même temps, cela ne fait que le troisième prime où l'émission fait chanter les candidats ensemble). Pendant que les duettistes/duellistes se préparent, on savoure un petit magnéto de leur semaine éprouvante : interviews avec chutes de décors, sensations fortes à Disneyland, et un peu de boulot sur les chorégraphies, quand même.
Lettre à France... bien timbrée
Pour le premier de leurs deux duos de la soirée, Matthew et Marina interprètent la Lettre à France de Michel Polnareff. Matthew est partout : c'est lui qui chante, encore rougi de son effort précédent, les premières mesures, avec velouté. Marina réplique, suave : lorsque sa voix est ainsi posée dans les graves, sans effort, la grâce est là. L'effet de dialogue fonctionne plutôt bien, d'autant plus que les deux jeunes gens ont des "langues" différentes, en rythme, en timbre, en texture. Progressivement, l'intensité, vocale et émotionnelle, monte. Sur le refrain, tous deux debout sur un piano à queue qui les accompagne, ils montent le volume, sans louper leurs harmonies. La finale, malheureusement, est un peu en dedans, revue et corrigée dans les graves pour Matthew (les aigus étant hors de portée). Il y avait mieux à faire en termes d'arrangement pour préserver le point d'orgue d'une interprétation franchement à saluer. On n'en attendait pas tant. Du coup, on en attend beaucoup de leur prochain rendez-vous : ce sera sur Empire State Of Mind Pt.II (Broken Down), d'Alicia Keys.
Tous les coups sont permis : Marina a piqué la tenue de scène de Beyoncé !
Muée en Beyoncé lors d'un précédent prime, Marina avait prouvé qu'elle était capable de ne pas rester planter dans le plateau, les épaules rigides sous le poids de la pression. Elle avait subjugué le jury par son explosivité. Un vrai déclencheur qui avait permis de décrisper ses prestations des semaines suivantes, dominant beaucoup mieux la scène.
Olivier Schultheis profite d'un intermède pour faire un peu de lobbying : "Que les gens ne se laissent pas endormir, toute la semaine on a dit 'Marina c'est la favorite'. Que les gens votent pour elle." Oui, mais les gens aimeraient qu'elle ait un univers artistique et une empreinte personnelle, Olivier, pas seulement qu'elle soit une bonne élève.
Gros morceau, c'est à Crazy in love que Marina s'attaque. Pour l'occasion, elle est allée jusqu'à piquer une tenue de combat de Beyoncé : mini-robe à frange dorée recouverte d'une cape d'or dont elle a tôt fait de se débarrasser. Est-ce la tenue ? Marina est bien moins à l'aise corporellement qu'on nous l'a promis. Vocalement, elle en fait trop : la raison est simple, ce n'est pas son registre. Entendons-nous : il y a de très beaux éclats de voix, mais ils sont entrecoupés de cris de performeuse et de moments "pour le show" qui ne sont ni agréables, ni les siens. C'est du simili-Beyoncé, pas du Beyoncé par Marina. Comme la semaine passée, Marina joue la rupture et les changements de rythme en incorporant en intermède un bout de Fuck you de Cee-Lo Green (sans le doigt d'honneur, cette fois).
"Vachement bien. Les progrès que tu as fait sont d'abord sur la transmission. Tu me donnes des choses. Tu es généreuse. Et tu es sexy." Henry
"Je sens que tu t'es régalée encore plus ce soir. C'est fûûûûn. C'est hot." Véronic
"Je sais la pression que c'est, en ayant Beyoncé dans les locaux, et nous faire ça ce soir, ca mérite des applaudissements." Christophe
"C'est tellement facile de travailler avec toi." Olivier
Marina accepte, comme toujours, les compliments du bout des lèvres.
Bruno Mars, sur une autre planète
Bruno Mars doit, ce soir, interpréter son dernier single, The Lazy Song, en trio avec les deux finalistes. Mais c'est avec une version réarrangée avec goût (orgue électrique, cuivres, section rythmique batterie-guitare-basse savoureuse) de son tube Just the way you are, en mode crooner, qu'il intervient une première fois. Un vrai bonbon musical rétro, comme un Love Boat (La Croisière s'amuse) revampé où sa voix adepte des hauteurs donne ses plus belles couleurs. Joli, et avec une finale comme on n'en entend plus beaucoup depuis la fin de l'âge d'or des Boyz II Men.
La venue de l'Américain nous permet de constater que Sandrine Corman n'a toujours pas eu droit à un english training d'urgence - mais elle est sexy. Pourvu que l'oreillette de Billonnecé fonctionne...
New York avec toi
Nos deux finalistes reviennent déjà pour leur deuxième duo. Sur une belle partition de piano, respectueuse des voix et du morceau et soutenue par quelques effets discrets de batterie, ils interprètent le rebattu mais toujours magique Empire State of Mind de Jay-Z et Alicia Keys. Matthew, une fois encore, a l'honneur des premières mesures, qu'il délivre avec un velours inattendu ; superbe. Marina, elle, attaque direct en voix pleine, puissante, cassant l'effet de son acolyte. Confirmant une fois encore qu'il y a un truc de musiciens qu'elle n'a pas : l'écoute. C'est flagrant. Avec une telle attaque, la voilà condamnée à rester au même niveau durant tout le morceau. Et comme la même note revient en boucle, c'est assez assommant. En dépit de quelques petits problèmes bénins de calage et de quelques approximations vocales des deux côtés, et malgré des arrangements peu heureux mais rendus indispensables du fait des différences de tessiture et d'amplitude des duettistes, le contrat est toutefois rempli. Honnête. Ce n'est pas transcendant, et les seuls morceaux de grâce ou de liberté par rapport à l'originale sont à verser au crédit de Matthew. Face à une Marina propre mais monocorde, son timbre légèrement éraillé et mobile montre ses possibilités.
Beyoncé hypnotique
Exceptionnellement, il ne fallait pas traîner devant la pub, car Beyoncé nous chope à la gorge dès le retour au direct. Son album 4, qui paraît tout juste, a beau être mois convaincant et moins galvanisant que ses prédécesseurs riches en tubes, on n'ôtera pas à la New-Yorkaise son talent scénique hors du commun. Chevelure frisée volumineuse flottant comme dans une pub L'Oréal, robe scintillante digne d'une Diana Ross d'antan, ce n'est pas la Beyoncé fauve qui s'empare du plateau ce soir, mais la Beyoncé diva qui fait des éclats de voix imparables sur Best thing I ever had. "J'ai vu la prestation sur Crazy in love, c'était incroyable", glisse-t-elle ; Marina appréciera. "See you later, for euh... a séconde songue" : apparemment, Beyoncé n'a pas très bien compris Sandrine Corman et a oublié de quitter le plateau !
Bêtisier Factor
Avant de jauger le second passage de Matthew, on se détend avec un petit Quizz Factor : pas tellement un questionnaire insolite, plus un bêtisier. Surtout quand Christophe et Matthew jouent les David et Jonathan. Ou quand Matthew fait rêver sa coach quant à des vacances sur chaque île des Caraïbes avant de faire machine arrière : "Je n'ai pas d'argent..." Véro, tu peux lui avancer sur recette ?
Le groove de Balavoine
C'est un Vivre ou Survivre électronisé qui s'amorce au son de quelques notes de synthé. Matthew est border-line avec le texte des couplets, parfois peu intelligibles. Rien à redire sur les refrains : ses progrès vocaux, en justesse, en texture, en appui sur l'air, sont impressionnants, et de là découle son aisance à bouger en chantant, et à viber avec beaucoup d'inspiration. En fait, Matthew réinvente totalement le classique de Daniel Balavoine : de leitmotiv torturé, il fait un hymne groovy, s'autorisant même un flow qui lorgne du côté du reggaeton à un moment. Un très bel exercice de style. Matthew n'a pas fini de surprendre... mais X Factor, c'est presque fini !
"L'arrangement m'a surpris, tu l'as porté à bout de bras. Bravo." Christophe
"T'as fait le boulot, en français. J'ai passé un moment sympathique." Olivier.
"Maintenant, je te reconnais, tu as ton style. Si ce devait être ton single, ce morceau très difficile de Balavoine, on te reconnaîtrait." Henry. En cas de victoire, cette reprise serait effectivement son premier single.
Humour Factor : tu sors...
Marina et Olivier n'échappent pas au Quizz Factor, l'occasion de redécouvrir les talents d'humoriste de la demoiselle (la blague sur "L'ovni tender et l'ovni true", déjà culte...).
Tombée d'en haut... dans les extrêmes
Mais c'est bien sa proposition sur le grand standard de Jacques Higelin, Tombé pour elle, qui nous intéresse. Pour revisiter cette chanson magique du répertoire national, Marina et son coach ont choisi à nouveau de mêler les genres : des couplets alanguis, d'une grande délicatesse, et un refrain jazzy en mode big band, dominé par les cuivres et une descente de piano très marquée. Un prétexte pour permettre à Marina de donner deux facettes d'un coup, au risque d'un contraste trop fort. Quand elle s'enflamme sur le refrain, on regrette un peu la douceur ciselée, vraiment magnifique, des couplets (avec laquelle elle renouera pour la coda). Le refrain est plus "envoyé" : du Marina, quoi. La lycéenne (elle a remis son bac à l'an prochain pour cause de X Factor) se paye le luxe d'évoluer dans la salle, en plein public, avec aisance et grâce, sans massacrer son texte ni sa partition pour autant, avec une voix puissante mais sans hurler. Elle s'accorde même un moment de scat, dont elle s'échappe avec un cri puéril tout droit de sorti de sa double performance (en auditions et au plateau la semaine passée) sur son fétiche, le It's Oh So Quiet de Björk. Hors sujet. Halte aux patchworks. Lesquels mettent en évidence une chanteuse dont la signature reste totalement à inventer.
"J'ai trouvé ça gracieux, drôle, poétique. C'était facile pour toi. Ca m'a vraiment touché." Henry
"J'ai cru reconnaître un peu de Björk que t'aimais beaucoup faire. Ca t'allait super bien." Véronic
"J'avais l'impression de voir Vanessa Paradis qui croise Björk. Un très bon titre pour toi, très franchement." Véronic
"C'est une bonne direction pour un éventuel album. Il y a un univers, un peu féérique, c'est là qu'il faut creuser." Olivier
Beyoncé : Le girl power qui met à genoux... et harcèle Christophe Willem
Soudain, le plateau est baigné d'un rouge passion indomptable. Comme la performeuse qui vient, en blanc, déchirer la toile. Beyoncé la diva a laissé place à Beyoncé la fauve. Entourée de quatre danseuses comme elle en robe blanche virevoltant au souffle de la clim, la Queen B assène son monument de girl power : Run the world. Histoire de marquer le coup, en plus de ses acrobaties chorégraphiques en culotte courte, la voilà à l'assaut du pupitre des jurés, en train de trémousser sa plastique de folie sous le nez de... Christophe Willem, qui en rigole après coup avec Véronic : "Pourquoi moi ?"
Getting lazy...
Le trio de la soirée est annoncé. Le temps que Matthew, Marina, Bruno Mars et les musiciens s'installent, petit magnéto qui nous permet de "savourer" une fois encore l'humour très "frais" de la jeune Mosellane : "Bruno Mars, tu sais avec qui il sort ? Avril Lavigne ?" Matthew est impassible, pourtant, il a bien compris. Les passages solo des deux finalistes de X Factor sont propres, timbrés, appropriés à l'ambiance indolente de The Lazy Song. La maestria de Bruno Mars, simultanément à la guitare, réveille néanmoins le public. Marina et Matthew soutiennent des harmonies très réussies et bien équilibrées. Probant. Un bon moment. Et un baise-main pour Marina.
Matthew, trois petits couacs et puis s'en va ? Man in the terror...
C'était presque une récréation : Marina et Matthew doivent désormais présenter leur troisième choix de chanson. Pour ce troisième round, Matthew résistera-t-il, avec sa re-reprise de Man in the mirror, aux éclats de voix de Marina sur le thème culte de Bagdad Café, Calling You ?
Entrée en matière très smooth, assis dos au public au centre d'un plateau de lumière et d'ombre, Matthew, avec beaucoup d'un plomb, entonne ce tube planétaire. Dès la première montée, un couac vocal, puis un deuxième, font craindre le pire. L'Anglais se tapote la gorge sans interrompre son passage, comme pour se réveiller les cordes vocales. Belle propoition, la voix tient le choc, même dans les aigus, même malgré un troisième couac ; le bonhomme aussi. Mais au terme de ces trois minutes de belle facture, et malgré l'ovation du public qui scande son nom, le jeune homme est au bord des larmes et à fleur de peau.
"T'as continué, t'as tenu le truc, c'est aussi ça être artiste. Tu l'as prouvé." Christophe
"Ca arrive aux plus grands. Le général, c'est l'énergie d'un titre. T'as bien bossé." Olivier
"Ne t'en fais pas, ce qu'on retiendra de toi, c'est ta générosité. Je t'ai trouvé très classe, comme toujours. Quelle prestance, je suis vraiment un vrai fan." Henry
"Je t'aime beaucoup, Matthew." Véronic
"Je suis déçu parce que je voulais donner plus, mais bon, c'est le boulot", peste celui qui n'avait jamais chanté avant le concours, auquel il s'est présenté un peu par hasard à Montpellier.
Un café et l'addition...
Olivier rejoint sa protégée sur scène pour l'accompagner au piano sur Calling You, illustre thème musical de Bagdad Café. "Elle ne peut pas juste chanter bien, elle doit donner une performance", demande Véronic : c'est ce que tout le monde attend. Accoudée au piano comme une chanteuse de jazz au bout de la nuit, Marina entre crânement dans cette univers à part... Avec tenue, avec application, avec précision. Sa diction du texte anglais, lentissimo, ne la pénalise pas, cette fois. Ses éclats de voix en voix pleine, avec ce côté pointu dans la voix (désagréable quand elle le tire vers une intention rock), contraste avec la douceur de ses montées en voix de tête. Deux couleurs, deux intentions, une belle performance. Mais désincarnée. La meilleure illustration en est, indéniablement, les silences du morceau, où elle s'absente avant de revenir. Bruyante ovation du public.
"C'était un très bon choix de chanson, qui nous permettait d'entendre Marina et sa voix merveilleuse." Henry
"J'ai adoré vivre cette compétition avec toi, je vais m'ennuyer de tes blagues." Véronic. "J'en ai une nouvelle", annonce la demoiselle. Aïe.
"On avait déjà la nostalgie de la fin de X Factor." Christophe
"Ca a été un honneur de travailler avec toi, de t'accompagner. Ce n'est que le début de l'histoire. Un mot à mes trois amis : on s'est bien amusés même s'il y a eu des moments difficiles, n'est-ce pas Henry ?" Olivier
La blague pourrie de Marina, histoire de détendre l'atmosphère avant le vote final : "qu'est-ce que des squelettes qui parlent ?" "Des haut-parleurs (des os parleurs)", répond Henry, qui la connaissait. Heureusement, ce n'est pas un concours d'humour... Si ? Non !
La pub étant un peu short en durée de suspense, petite surprise : Christophe Willem, jamais avare de se donner en spectacle, investit la scène. Comme ça, tout simple, avec son petit pull col V. Et un X géant enflammé derrière. Dandinant, l'ex-Nouvelle Star offre un mix extravagant et dance de son cru, histoire d'amorcer son troisième album en approche et un single attendu en amont. Petit moquage de Sandrine Corman après le show : "T'as cassé la ba-raque !"
ET LE GAGNANT DE X FACTOR SAISON 2 EST...
Avec 1 300 voix d'écart, c'est MATTHEW RAYMOND-BARKER qui est désigné gagnant de X Factor !!! Enorme surprise !!! L'Anglais de 22 ans fond en larmes, incapable de se contrôler. "Je n'y crois pas, merci beaucoup à tout le monde qui me soutient en France", et des merci en rafale ponctuent le sacre de Matthew. Mention spéciale à Véronic DiCaire : malgré le manque de tranchant de ses commentaires et sa complaisance outrancière, les choix de chansons effectués avec Matthew ont souvent été payants.
En point d'orgue de l'échec de X Factor, programme qui n'a pas atteint son objectif d'audience et de spectacle, c'est finalement une victoire pour M6 : son télé-crochet écrasé par le jeunisme et le calibrage a vu l'outsider par excellence, parti de très loin, vaincre par son travail et son rayonnement, et l'emporter sur une poupée à la voix d'or qui est restée assez démunie de personnalité artistique ! Honnêtement, on ne donnait pas cher de sa peau... et on pressent que les réactions seront virulentes dans les heures à venir. Comparativement, si Matthew n'a pas le même potentiel marketing ni la même perfection vocale, l'Anglais a pour lui un appétit qui le porte d'une manière impressionnante, et une vraie prestance, l'envers de l'envie.
En guise de bouquet final, Matthew réinterprète son futur single : sa reprise groovy de Vivre ou survivre, petit couac en bonus. Là, en revanche, pas sûr que ce titre soit la meilleure arme pour débarquer sur le marché du disque...
Voilà, c'est fini (non, l'excellent Jean-Louis Aubert n'était pas convié...). Merci de nous avoir lu, de nous avoir challengé ou rallié dans nos analyses - fleuves - au cours de cette grosse douzaine de semaines. On se retrouve dans les prochaines heures pour un débrief des deux finalistes et du show, et on se donne rendez-vous pour un prochain X Factor (ou, à défaut, pour uin come-back de Nouvelle Star et consorts), à condition que le niveau décolle et que le postionnement soit conforme à l'emballage. On n'attend pas d'un concours de chant ouvert à tous qu'il nous impose des bébés chanteurs encore moins racés qu'à la Star Ac' ou à Nouvelle Star.
Vous pouvez éteindre la télé et retourner aux concerts le mardi soir.
Guillaume Joffroy