Ce vendredi 10 août 2018, c'est un Yann Moix amoureux qui apparaît dans les colonnes du journal Libération. A l'occasion de leur rubrique de l'été, nos confrères recueillent les premiers effluves d'amour de différents écrivains. Ces derniers replongent alors dans leurs souvenirs et dressent le portrait de celles et ceux qui ont fait chavirer leur coeur pour la toute première fois.
Pour Yann Moix, ce sentiment est apparu alors qu'il avait 8 ans. En vacances en Algarve (au Portugal) avec ses parents, le jeune enfant qu'il est ne connaît rien de l'amour, et pourtant, il fait une rencontre qui va marquer sa vie. "J'avais désigné, sans qu'elle le sût, une petite fille blonde, mouchetée de confettis sur la joue. Elle sortait de l'eau comme une lumière; j'eusse aimé lécher sa peau, le chlore qui ruisselait sur sa joue. Elle était en bikini bien que, du même âge que moi, elle ne possédât pas la moindre poitrine", raconte-t-il de manière poétique.
A cette époque, Yann Moix est loin d'être le personnage fascinant et à la fois contesté qu'il est devenu par son rôle de polémiste dans On n'est pas couché. Bien au contraire, à 8 ans, l'écrivain et réalisateur a la "frousse" de tout comme il l'explique : "Je l'avais baptisée 'Mon amoureuse', puisque ma timidité, ma frousse, tous les complexes qu'avaient consolidés mes tortionnaires en moi (mes parents ont passé le plus clair de leur temps à me martyriser) m'interdisaient d'exister face à elle."
S'il n'a pas le courage d'aller l'aborder, Yann Moix se contente de rêver leur histoire et d'aimer pour deux : "J'entrais dans sa vie, invisible et têtu et nous étions heureux. A son insu, par l'imagination, je lui prenais la main dans le noir, plongé chaque nuit, sur mon petit lit, dans la tristesse de son absence et la joie que me procurait notre faramineuse histoire. (...) Mon coeur battait. C'était une histoire d'amour; on ne se quitterait plus. C'est ce qui est arrivé, puisque quarante-deux ans après, j'écris sur ce fantôme qui, sans jamais m'avoir adressé un seul regard, est penché sur mon épaule."
A 50 ans, l'ancien collègue de Léa Salamé n'a en effet jamais oublié ce premier amour de vacances qui n'a finalement jamais réellement existé, excepté dans sa tête. "J'étais condamné à continuer à l'inventer, à lui prêter des intentions, à être le ventriloque de ses rêves. Cette mélancolie est proche de la folie -j'avoue que j'étais fou, et je le suis resté", conclut-il.
Retrouvez l'intégralité du portrait de Yann Moix dans le journal Libération, en kiosques ce vendredi 10 août 2018