Le tribunal correctionnel de Paris vient de trancher. Non, Yannick Noah n'est pas un "délinquant" fiscal. Un exilé fiscal, par contre, oui. C'est du moins ce que l'on peut retenir du verdict que vient de rendre le tribunal correctionnel de Paris dans l'affaire qui opposait l'ancien joueur de tennis et le sénateur UMP de Paris Pierre Charon.
Ce dernier s'en était pris à Yannick Noah après qu'il eut participé à un meeting de François Hollande fin janvier 2012 dans le cadre des présidentielles. Plusieurs élus UMP et Front National avaient alors mis en avant les démêlés de la personnalité préférée des Français avec les services du fisc, qui contrastaient selon eux avec la "République exemplaire" mise en avant par le candidat François Hollande.
"On ne peut pas être donneur de leçons et en même temps avoir son pognon planqué à l'étranger", avait déclaré Pierre Charon sur France Inter le 24 janvier 2012, deux jours après le meeting rappelle l'AFP. "La République exemplaire, on se fout de notre gueule là-dessus !", avait-il poursuivi, avant d'ajouter : "Il ne faut pas inviter un délinquant pour faire couverture de son meeting."
Yannick Noah avait donc porté plainte en diffamation, et les juges du tribunal correctionnel de Paris lui ont donné raison. "Pierre Charon peut soutenir qu'il méconnaîtrait la distinction entre (...) une évasion ou un exil fiscal non conforme aboutissant à un simple redressement (...) et une fraude fiscale", ont-ils justifié dans leurs conclusions, cette dernière pouvant être "l'objet de de poursuites pénales".
"C'était la première fois que j'étais la cible de telles attaques", avait expliqué Yannick Noah, toujours en bisbille avec l'administration fiscale depuis son séjour en Suisse en 1993 et 1994, un litige toujours en cours devant le Conseil d'État. "Il a été acquis que j'étais de bonne foi", avait ajouté Yannick Noah lui qui s'est expliqué à de nombreuses reprises sur le pourquoi d'une installation en Suisse à cette époque.
Du côté de Pierre Charon, on a tenté de se justifier : "Ma cible, c'était le choix de François Hollande, pas Yannick Noah." Résultat, le tribunal l'a condamné à 1 000 euros d'amende avec sursis ainsi qu'un euro de dommages et intérêts, sans oublier la publication d'un communiqué judiciaire dans un organe de presse choisi par Yannick Noah dans un délai d'un mois une fois le jugement devenu définitif.
Pour une plainte identique, Marine Le Pen, boss du Front National, avait elle été relaxée le 25 juin par le même tribunal, alors qu'elle avait qualifié Yannick Noah d' "exilé fiscal", des propos qui n'imputaient "nullement" à Yannick Noah "de commettre des faits pénalement sanctionnés de fraude fiscale" a jugé le tribunal.