Le 25 juin dernier, Laurent Bourgnon disparaissait en pleine mer au large de Toau, un petit atoll proche de Fakarava dans les Tuamotu réputé pour ses fonds marins. Malgré des recherches intenses menées par les autorités, son corps n'a jamais été retrouvé. Son frère Yvan, qui avait mené une partie des recherches, a décidé de participer à la Transat Jacques Vabre en son honneur, course mythique qu'ils avaient remportée en 1997...
Le hasard fait parfois mal les choses. C'est au lendemain de son retour d'un tour du monde de deux ans qu'Ivan Bourgnon apprenait la disparition de son frère... "Émotionnellement, c'était difficile, confie-t-il dans les colonnes de Gala. Je retrouvais mes fils, mes parents et je perdais mon frère. Pendant deux mois, j'étais déboussolé, incapable de travailler, je gambergeais." À la fin de l'été, Gilles Lamiré le contacte pour embarquer avec lui à bord de French Tech Rennes St Malo pour la Transat Jacques Vabre. "La période la plus douloureuse du deuil était derrière moi, mais j'avais besoin de rester connecté à mon frère", confie-t-il. La mythique transat s'impose alors à lui. Les frères Bourgnon l'ont courue deux fois, pour une victoire et une troisième place...
De son frère Laurent disparu, Yvan Bourgnon se souvent d'"un ado rebelle, souvent récupéré au commissariat", quand lui était "un enfant timide". C'est vers 20 ans que les frangins se rapprocheront et qu'Yvan s'installera avec Laurent à la Trinité pour apprendre la voile d'un frère déjà devenu une figure du milieu. "Il était toujours inquiet pour moi, raconte-t-il. Et en même temps, il était très dur, m'obligeant sans cesse à faire mieux que tout le monde." Suivront des années de courses, de transats, de victoires. Jusqu'à la fin des années 2000, lorsqu'une histoire de gros sous brouilleront les frangins. Laurent partira faire le tour du monde en famille et les rencontres se feront rares.
Cinquante ans, c'est trop tôt pour mourir
Yvan se lance lui aussi dans un tour du monde et passe par la Polynésie où son frère a jeté l'ancre. "On ne s'était pas vus depuis six ans, raconte le cadet. On s'est dit que c'était idiot de se faire la gueule. Ça m'a fait du bien de me réconcilier avec lui, de voir qu'il était heureux avec sa famille." Moins d'un an après, Laurent Bourgnon, qui souhaitait s'installer avec sa femme et leurs enfants en Nouvelle-Zélande où ils avaient acheté une maison, disparaissait lors d'une plongée en mer.
"Laurent disait toujours qu'il voulait disparaître sans laisser de traces, révèle Yvan Bourgnon. Il n'avait pas de tendance suicidaire, il était heureux, sans souci d'argent, mais il s'imaginait partir ainsi. Vieillir et perdre son autonomie physique, il n'aurait pas supporté (...) 50 ans, c'est trop tôt pour mourir."
Yvan Bourgnon, une interview à retrouver dans les pages du Gala du 7 octobre 2015