Avec six nominations à Cannes et deux récompenses en poche, Zabou Breitman et Eléa Gobbé-Mévellec se sont attirés les faveurs de la critique française. Leurs Hirondelles de Kaboul - en salles depuis le 4 septembre - ont conquis le Festival du Film d'Animation d'Annecy 2018 tout autant, qu'au mois d'août dernier, le 12e Festival d'Angoulême. Et pourtant, rien ne préméditait un tel succès pour la réalisatrice de 59 ans qui débutait sa carrière au cinéma en 1981 dans un "nanar loufoque" intitulé Elle voit des nains partout - elle incarnait alors Blanche-Neige.
Dans les colonnes du magazine Télérama, Zabou Breitman décrit une jeunesse "très heureuse" dans laquelle elle puise encore sa force à l'âge adulte. "J'étais un peu un enfant roi, je me sentais protégée, raconte-t-elle. J'avais de l'esprit, et comme mon père aimait en jouer, on riait beaucoup. Très tôt, il m'a initiée au surréalisme. Ma mère, elle, était en retrait par son éducation, mais c'était une rebelle, une féministe." A l'adolescence, pourtant, tout a basculé pour la famille.
Si elle s'est mise à lire en abondance, à dessiner, à créer, c'est qu'elle n'avait pas vraiment le choix. "J'ai traîné le chagrin de mes parents comme un boulet, poursuit-elle. Finir dans la misère était ce qui pouvait arriver de pire à ma mère : elle était née dans une famille très populaire, nombreuse, catholique, s'était mariée avec un homme issu d'une famille bourgeoise, juive mais athée, et elle a fini pauvre [...] On a quitté Paris pour la province. Je me suis retrouvée dans un prieuré du XIIIe siècle, dans le Loir-et-Cher. Je dormais dans la tour, où il faisait 6 degrés l'hiver. J'étais enfant unique, je m'ennuyais beaucoup." Comme quoi, Se souvenir des belles choses, comme des moins joyeuses, l'auront aidée à construire la Zabou que l'on adore aujourd'hui.