Biographie
- Naissance : 29 septembre 1937, Oran
- Décès : le 3 octobre 2023 (86 ans)
- Signe astrologique : Balance
- Résidence : France
Raccrocher les gants ? Jamais ! Jean-Pierre Elkabbach restera journaliste de télévision et de radio, jusqu'à la fin, parce qu'il a des questions à poser. D'aucuns ajouteront : et un parti-pris à exposer.
Jean-Pierre Elkabbach est né à Oran, en 1937, dans une famille juive d'Afrique du Nord. Son père est négociant en import-export et passionné de football. Mais ce père décède brutalement en 1949, alors qu'il lisait une prière à la Grande Synagogue d'Oran. A 11 ans, le petit Jean-Pierre Elkabbach décide alors de rendre célèbre ce nom que lui a légué son géniteur. Son bac en poche, il vient à Paris et s'inscrit à l'Institut Français de Presse, à la fac de lettres et à l'Institut d'Etudes Politiques. Comme il lui reste une heure ou deux, il s'inscrit aussi à des cours de théâtre, une passion d'enfance.
Lors de vacances en Algérie, en 1960, il entre à Radio Alger, d'abord comme stagiaire, puis comme reporter. En 1961, lors du putsch des généraux, il est arrêté par les paras et déclaré "traître à l'Algérie française". Rentré à Paris, il travaille à l'ORTF jusqu'en 1968, mais, mis au placard pour avoir fait grève, il est muté à Toulouse, puis envoyé comme correspondant à Bonn, en Allemagne.
En 1970, il obtient le poste envié de présentateur du journal télévisé de la première chaîne. Deux ans plus tard, il rejoint au même poste la deuxième chaîne, où il anime en outre le magazine Actuel 2. En 1974, il passe à la radio et intègre France Inter pour présenter la tranche d'info de midi. Mais il va rapidement prendre des responsabilités qui dépassent celles de journaliste : en 1975, il est rédacteur en chef de France Inter, puis directeur de l'information de Radio France, et enfin directeur de l'information d'Antenne 2 en 1977. En octobre 1979, il écarte Claude Sérillon de la présentation de la revue de presse sur la chaîne, pour avoir traité de l'affaire des diamants de Bokassa. De là naît sa réputation de journaliste proche du pouvoir, et en l'occurrence de Valéry Giscard d'Estaing, alors président de la République, et "mouillé" dans cette affaire compliquée de cadeau empoisonné du dictateur de Centrafrique.
Entre 1979 et 1981, Jean-Pierre Elkabbach anime plusieurs émissions politiques, dont Cartes sur Table avec Alain Duhamel. C'est à cette période que l'humoriste et imitateur Thierry Le Luron "invente" l'expression "coupez-moi pas la parole Elkabbach", mise dans la bouche de George Marchais et inspirée d'un véritable dialogue entre le chef du PC et le journaliste aux interviews acérées.
Quand François Mitterrand est élu président, en mai 1981, le journaliste, jugé trop proche de l'ancienne majorité, est victime d'une chasse aux sorcières et évincé de l'antenne. Il rejoint Europe 1 quelques mois plus tard pour animer Découvertes jusqu'en 1987, puis la tranche du 8-9 de 1987 à 1988 avant de devenir directeur général adjoint de la radio en 1988.
En parallèle, il devient en novembre 1990 conseiller du président et du directeur général de La 5, la nouvelle chaîne sur laquelle il ne tarde pas à animer des émissions : le magazine Pile ou Face en 1991 et Dimanche, 20h10 jusqu'à la mort de cette fugace chaîne privée appartenant à Silvio Berlusconi. Il rebondit sur France 3 pour animer Repères entre septembre 1992 et décembre 1993. A la même période, il s'entretient à plusieurs reprises, et devant une caméra, avec François Mitterrand pour le documentaire Conversations avec un président qui sera diffusé, en cinq volets, après le décès du chef d'Etat.
En décembre 1993, Jean-Pierre Elkabbach est élu président de France 2 et France 3, qui sont alors regroupées dans une entité unique nommée France Télévisions.
En 1996, il est devenu la cible favorite des Guignols de l'Info sur Canal+, qui raillent sa générosité avec les animateurs producteurs Arthur, Jean-Luc Delarue et Nagui. Le député Alain Griotteray livre un rapport parlementaire dénonçant les sommes mirobolantes offertes par France Télévisions, donc de l'argent public, à des sociétés privées. La polémique a raison de la présidence de la télévision publique de Jean-Pierre Elkabbach, qui retourne alors à la radio Europe 1 pour animer L'invité du matin et le Club de la Presse jusqu'en 2000. Depuis 1990, il avait été nommé conseiller spécial pour la stratégie des médias du groupe par son propriétaire, Jean-Luc Lagardère. En avril 2005, le journaliste est nommé directeur général de l'antenne et administrateur du pôle médias de Lagardère. Quelques semaines plus tard, il est nommé président d'Europe 1 et de Lagardère Médias. Mais ses rapports étroits avec Nicolas Sarkozy suscitent des troubles au sein de la rédaction, qui s'interroge sur l'impartialité de leur président en matière de politique. En outre, il doit endosser la responsabilité de l'annonce erronée de la mort de l'animateur Pascal Sevran, le 21 avril 2008. Il doit s'expliquer devant le CSA, qui adresse une mise en demeure à la station. En juin, il est remplacé à la tête d'Europe 1 par Alexandre Bompard, mais garde néanmoins ses émissions, dont son entretien matinal avec un politique, qui est devenu sa marque de fabrique. Il est nommé en même temps à la tête de Lagardère News, la structure qui réunit les divers médias d'information du groupe Lagardère.
Considéré comme un journaliste proche de la droite, il a été condamné en avril 1996 à une amende pour des propos manquant de mesure et d'objectivité suite à une plainte de Martine Aubry. Ségolène Royal, à son tour, refusera d'être interrogée par lui lors de la campagne présidentielle de 2007, dénonçant ses méthodes.
En 1999, il est nommé à la présidence de la chaîne Public Sénat, durant trois mandats consécutifs, où il anime l'émission Bibliothèque Médicis, tout en restant au micro d'Europe 1.
En janvier 2017, il quitte Europe 1 et son interview matinale pour la faire renaître quelques jours plus tard, avec toujours cette pugnacité qui a fait sa gloire, sur la chaîne d'information CNews, en même temps qu'il devient conseiller de son propriétaire, Vincent Bolloré. A 80 ans passés, Jean-Pierre Elkabbach est toujours au micro, car il a des questions à poser.
Avec Holda Fonteyn, Jean-Pierre Elkabbach a eu une fille, la comédienne Emmanuelle Bach, vue dans Les Hommes de l'ombre ou Un village français. Depuis 1974, le journaliste est l'époux de la romancière Nicole Avril.
Jean-Pierre Elkabbach est mort le 3 octobre 2023 à l'âge de 86 ans. Ses obsèques se sont déroulées au cimétière du Montparnasse à Paris, en présence de sa famille mais aussi de nombreuses personnalités dont Brigitte Macron.