C'est mardi 3 octobre, que Jean-Pierre Elkabbach est mort à 86 ans. Ce que l'on retient du grand homme de télévision et de radio ce sont certainement ses interviews toujours tranchantes et dont on pouvait toujours retenir une information majeure. Grâce à son talent, celui qui partageait sa vie avec Nicole Avril, avait pu former plusieurs journalistes qui font aujourd'hui les grandes heures du petit écran, de Léa Salamé à Sonia Mabrouk pour ne citer qu'elles, et qui lui ont toutes deux rendu hommage. Ses interview marquantes sont nombreuses, parmi elles cet entretien avec Roman Polanski, en 1979.
C'était deux ans après avoir été condamné pour abus sexuels sur une mineure de 13 ans aux États-Unis, que Roman Polanski était reçu à la télévision française. Face au grand Jean-Pierre Elkabbach, il revenait sur une tragédie qui a marqué sa vie : le meurtre de Sharon Tate, l'actrice qui portait alors l'enfant du réalisateur. Celle-ci avait été sauvagement assassinée avec trois de ses amis, par des membres d'une secte appelée la famille Manson, dans la nuit du au . Sur le plateau de l'émission Question de Temps animée par Jean-Pierre Elkabbach, alors qu'il était en pleine promotion de son film Tess, Roman Polanski avait été interrogé sur ce fait divers terrible.
J'ai compris que ça ne change rien
Jean-Pierre Elkabbach avait alors demandé à celui qui partage sa vie avec Emmanuelle Seigner s'il avait eu envie de se venger sur les assassins. "J'ai plutôt eu envie de les retrouver parce que vous ne savez pas qui a commis ce crime, avait-il confié. Bêtement j'avais une fausse sensation qu'en retrouvant les assassins, je la retrouverai elle-même. Vous savez, on est dans un état un peu bizarre, un peu secondaire quand quelque chose comme ça vous arrive." À l'époque, il fait alors l'impossible, et travaille aux côtés de la police pour mettre la main sur les assassins. Il s'avère qu'il s'agit finalement de Charles "Tex" Watson, Susan Atkins et Patricia Krenwinkel, sous la direction de Charles Manson.
"Mais le moment où on les a retrouvés, j'ai ressenti tout à coup un vide parce que j'ai compris que ça ne change rien. J'ai compris aussi que les circonstances de sa mort qui semblaient tellement horribles aux gens donnaient peut-être un côté sensationnel à l'affaire mais que c'était pas ça qui était tragique", révélait alors Roman Polanski à Jean-Pierre Elkabbach, à l'écoute. "Ce qui était tragique c'est qu'elle a disparu. Une turbeculose ou un accident de voiture pour moi ce serait la même chose", avait conclu le réalisateur.