Un an déjà qu'Antoine Alléno, 24 ans, a perdu la vie, percuté par un conducteur sous l'empire de l'alcool. Son père, le célèbre chef étoilé Yannick Alléno a pris la parole dans les colonnes du Parisien ce 8 mai 2023 pour rendre une nouvelle fois hommage à son fils décédé tragiquement et pour porter la voix des familles endeuillées, comme la sienne. Pour affronter cette terrible épreuve qu'est la perte brutale de son enfant, il a décidé de s'investir dans l'accompagnement des proches des victimes à travers l'association qui porte le nom de son garçon. Avec des mots puissants et assumés, il fait notamment un parallèle sur les victimes d'attentats et celles des accidents de la route.
L'Association Antoine Alléno a pour but de soutenir l'entourage des victimes de chauffards qui peut voir sa vie basculer. Il prend notamment l'exemple de la petite amie de son fils Antoine, qui se retrouvait à la rue après la disparition de l'être aimé, puisque c'est lui qui payait le loyer, elle étant étudiante. "Ils sont nombreux dans ce cas lors d'un décès si soudain. Nous serons là aussi pour les rescapés bien sûr. Nous aiderons tous ceux qui nous le demandent, dans leurs démarches administratives, judiciaires, leurs besoins financiers mais aussi d'assistance psychologique", explique-t-il.
Yannick Alléno s'insurge notamment du fait que selon lui, "pour une catégorie de Français (les familles des victimes des attentats), on a fait ce qu'il fallait et, pour les autres, il n'y a rien, peu de soutien matériel, aucune humanité". Son fils Thomas, frère de la victime, s'est fait tatouer comme l'on fait beaucoup de victimes de terrorisme, mais lui n'a pas eu le même soutien psychologique. Assumant pouvoir choquer en comparant victime de terrorisme et de ceux qu'il appelle les "meurtriers de la route", le chef est catégorique : "Mon fils a été tué en bas de chez moi. Lorsque je suis sorti, j'ai découvert une scène de chaos. Il y avait une mare de sang sur le bitume. Mon enfant était mort. C'était comme un attentat. Quant à... (il hésite) celui qui l'a tué, comment pouvait-il ignorer qu'il allait donner la mort ? Il fonçait en pleine nuit, alcoolisé, dans les rues de Paris à bord d'une voiture volée. Et ce n'était pas la première fois qu'il se comportait dangereusement."
Qu'y avait-il d'involontaire chez Pierre Palmade...?
Pour illustrer son argumentation, Yannick Alléno prend notamment l'exemple de l'affaire Pierre Palmade et de l'accident qu'il a provoqué le 10 février dernier, sous emprise de stupéfiants, actuellement en soins à l'hôpital sous contrôle judiciaire : "Qu'y avait-il d'involontaire chez Pierre Palmade lorsqu'il a pris le volant sous l'emprise de la drogue ? Je pense aux passagers de la voiture d'en face, à cet enfant défiguré, à cette jeune femme qui a perdu le bébé qu'elle portait. Ces gens doivent répondre d'actes volontaires... la loi doit changer." La colère est toujours palpable dans les mots du père de cette victime, se souvenant que celui qui a tué son fils a droit à un avocat et a été transporté gratuitement jusqu'en prison, alors que lui a se débrouiller par lui-même pour se rendre à l'hôpital pour rejoindre son enfant. "Aujourd'hui, il est dehors. Pour nous, c'est fini, il n'y aura jamais de libération", déclare celui qui transforme son chagrin et sa rage en actions pour aider les autres.