Véritable monument de la musique française, Michèle Torr ne compte pas s'arrêter en si bon chemin. Après 60 ans de carrière, la chanteuse continue de dévoiler de nouveaux disques et de se lancer dans de nouveaux projets, puisqu'elle vient de dévoiler une nouvelle compilation. Interviewée par nos confrères du magazine Ici Paris pour l'occasion, l'artiste est revenue sur son parcours d'une longévité rare, que cela soit dans le domaine professionnel ou privé.
Car la vie de Michèle Torr a été rythmée par les rebondissements, et ce dès son plus jeune âge. Alors qu'elle commence à connaître le succès et gagner de l'argent grâce à la musique, la chanteuse, qui soufflait alors à peine ses 18 bougies, offre une voiture à sa mère, Clémence Torr. Le 28 décembre 1965, celle qui lui a donné la vie décède d'un accident de la route survenu avec le même véhicule, à l'âge de 40 ans. "J'ai alors réalisé que je venais de perdre l'essentiel. J'avais 18 ans, je débutais dans le métier, et maman est partie", avance-t-elle.
Aujourd'hui encore, Michèle Torr nourrit des remords. "Mon regret est que, lorsque j'ai fait l'Olympia, comme je n'aime pas que ma famille soit dans la salle, je ne voulais pas qu'elle vienne. Elle était venue l'après-midi pour installer ma loge, mais je ne voulais pas qu'elle reste pour le spectacle. J'espère qu'elle ne m'a pas écoutée et qu'elle s'est cachée dans un petit coin !", poursuit-elle.
Je culpabilisais pour ce cadeau
Par le passé, Michèle Torr est déjà revenue sur ce drame dont elle a eu terriblement de mal à se remettre. "J'ai été assaillie par la culpabilité. J'ai aussi craint de ne pas avoir été assez présente et aimante. Elle rêvait d'avoir une maison à elle, je n'ai pas eu le temps de la lui acheter", avait notamment expliqué l'artiste auprès de Nous Deux.
"Je culpabilisais pour ce cadeau, pour tout. J'ai été longtemps en dépression. L'arrivée de mon fils Romain m'a beaucoup aidée", avait-elle détaillé dans Vie Privée, Vie Publique, en 2010. "Je l'adorais. Je lui devais tout, même ma carrière", expliquait-elle, toujours émue en évoquant sa mère.
"Elle avait travaillé toute sa vie dans une petite fabrique de balais en paille de riz, alors qu'elle avait rêvé de faire, elle aussi, une carrière de chanteuse. Dans sa jeunesse, elle avait même été remarquée par Jean Nohain, qui l'avait engagée pendant plusieurs semaines à la radio. Mais sa famille l'avait obligée à renoncer ! Et elle était devenue l'épouse de mon père, la femme d'un modeste facteur de campagne. Sans elle, moi aussi je serais peut-être restée ouvrière dans la même fabrique de balais, où j'avais commencé à travailler à 15 ans", avait-elle conclu à ce sujet. Espérons que le temps ait pu gommer les regrets pour Michèle Torr.