La grande Bulle Ogier fête ce 9 août son 83e anniversaire. Actrice qui a travaillé avec de grands noms du cinéma d'auteur français tels que Jacques Rivette et Barbet Schroeder - qui deviendra son mari -, elle a eu une fille avec le musicien Gilles Nicolas, Pascale. Cette dernière a suivi la trajectoire de sa mère en devenant comédienne et même égérie "rohmérienne". Sa trajectoire s'est brutalement arrêtée en 1984 avec sa mort, la veille de son 26e anniversaire : un drame qui hante ses proches. Sa demi-soeur Emeraude Nicolas, directrice artistique, lui a consacré un ouvrage, un livre hommage tout simplement intitulé Pascale Ogier, ma soeur (éditions Filigranes) en 2019. Elle y raconte comment elle a réussi à vivre avec le souvenir de sa soeur, qu'elle a si peu connu de son vivant. Télérama s'était penché sur son travail bouleversant.
"Il n'est pas un jour sans que je pense à elle, sans que je me questionne sur qui elle était, ce qu'elle aimait...", expliquait Emeraude Nicolas dans une lettre qu'elle a écrite à la mère de Pascale, Bulle Ogier et relayée par Télérama. Ayant deux soeurs de mères différentes, elle se souvient : "Avec mes soeurs, on se voyait seulement pour les anniversaires et pour Noël. Il y avait les trois ex-femmes de papa et ses trois filles. Tout le monde se connaissait et s'entendait très bien. Notre père venait avec des roses pour chacune de ses femmes..." Elle ne l'a donc pas bien connue, ce qui ne l'empêche pas d'être nourrie par cette soeur charismatique au visage mélancolique : "A l'époque, je ne comprenais rien à la vie de ma grande soeur, faite de tournages, de voyages. J'aime beaucoup ce flou autour de son existence. J'ai voulu que le livre reste dans l'abstrait."
Pour ne pas que sa soeur reste celle qui est morte foudroyée à 25 ans, sans passé, Emeraude Nicolas a reconstitué le puzzle de sa vie et réalise à quel point, en quelques années, "elle avait laissé tant de traces". Elle a joué aux côtés de Bulle Ogier dans Le Pont du Nord, de Jacques Rivette (1981), avec Jacques Derrida dans Ghost Dance de Ken McMullen (1983) et dans Les Nuits de la pleine lune d'Eric Rohmer (1984). C'est une soirée au Palace avec un ancien partenaire d'excès qui lui sera fatale. Souffrant d'un souffle au coeur, elle meurt des conséquences d'une ischémie myocardique qui a dégénéré en hypoxie générale. La jeune femme a fait une probable overdose qui arrête son coeur déjà fragile.