La thèse du cambriolage qui a mal tourné a rapidement été écartée dans l'affaire du meurtre de Patrice Charlemagne, universitaire vivant à Dunkerque et père d'une petite fille. Le drame, survenu au mois de septembre, a défrayé la chronique lorsque les circonstances de cette mort violente ont fait surface. Lors de sa troisième audition, sa femme et enseignante également, Justine Jotham, a avoué avoir tué son époux. L'entourage du couple, qui n'a rien vu venir, est sous le choc mais des choses se dessinent peu à peu. Le magazine ELLE est revenu sur ce fait divers terrible en apportant des éclairages, dans l'attente d'un procès et d'un jugement.
La procureure de Dunkerque, Charlotte Huet, ne veut pas livrer trop d'informations à la presse alors que l'instruction est cours, mais la thèse de la préméditation est retenue : "Ce n'est pas une dispute qui a dégénéré, déclare la procureure de la république de Dunkerque. Elle voulait la mort avant de porter le premier coup."
Sur son compte Instagram, Justine Jotham apparaissait avant le drame comme une prof de lettres passionnée de lecture, autrice pour enfants et heureuse maman d'une petite fille, un bébé miracle tant attendu. En interrogeant son entourage, on apprend que c'est aussi une femme fusionnelle avec sa fille, elle qui a fait une fausse couche en 2010 et a grandi sans père. "Selon plusieurs proches, Justine Jotham, qui n'a jamais connu son père, reproduit avec sa fille la relation fusionnelle qu'elle a avec sa propre mère, avec qui elle a dormi chaque nuit jusqu'à ses 13 ans", lit-on dans le magazine ELLE.
Patrice Charlemagne, papa aux anges, ne voulait ni se marier ni avoir d'enfant selon son ex-compagne qui décrit aussi un homme doux et solaire, investi quand il était beau-père. A son premier cercle, celui qui apparaissait plutôt comme taiseux ose évoquer ses difficultés dans son couple et devient plus sombre sur sa paternité et son mariage. Des SMS qu'il avait envoyés ont été rapportés à l'enquête. Il aurait aussi souligné les relations compliquées entre sa femme et sa mère : "Justine ne peut pas sentir ma mère et m'a promis de la foutre dehors à coups de pied au derche si elle la ramène durant la cérémonie. Je suis coincé entre les deux", a-t-il écrit dans un SMS à un proche rapporté par Le Figaro.
Il faut que les expertises psychiatriques précisent les contours de la personnalité de Justine Jotham. Le psychiatre Roland Coutanceau s'est intéressé au cas pour le magazine ELLE : "Ici le mode opératoire est très rare et particulier. La multiplicité des coups de couteau évoque une rage narcissique. Quand l'image de soi est atteinte à un point tel que le sujet vit un tsunami émotionnel et ne peut plus s'arrêter de frapper." Le mobile du crime reste flou, Justine Jotham a donné des explications mais la procureure a refusé d'en donner les détails.
En attendant que la justice mette un point final à cette tragédie, l'enfant du couple est chez la mère de Justine sous la supervision de l'aide sociale à l'enfance avec des droits de visite pour la famille de Patrice Charlemagne. Une décision prise pour préserver au maximum la petite fille en lui assurant une continuité familiale. Justine Jotham, qui est détenue actuellement à Lille-Sequedin, encourt la réclusion criminelle à perpétuité.
Justine Jotham reste présumée innocente des faits qui lui sont reprochés jusqu'à la clôture de l'enquête
Retrouvez l'intégralité de l'article dans le magazine ELLE du 16 novembre