Près de trois ans après la disparition dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020 de l'infirmière et mère de deux enfants à Cagnac-les-Mines, Delphine Aussaguel Jubillar, le procès contre son mari, principal suspect et en détention provisoire depuis juin 2021 se dessine. Il devrait être jugé pour le meurtre de son épouse avec qui il était en procédure de divorce. Conformément aux réquisitions du parquet de Toulouse rendues le 3 novembre, les juges d'instruction Audrey Assemat et Coralyne Chartier ont décidé, ce 22 novembre 2023, du renvoi de Cédric Jubillar devant la cour d'assises du Tarn. Le Parisien revient sur cette décision en détails.
Il aura fallu trois ans d'instruction dans cette enquête sans corps retrouvé pour que cette décision émerge. Cédric Jubillar (36 ans) fait désormais l'objet d'un mandat de dépôt jusqu'à sa comparution devant la cour d'assises du Tarn. Son procès pourrait avoir lieu fin 2024, voire début 2025. Il encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Maître Mourad Battikh, avocat de plusieurs membres de la famille de l'infirmière a déclaré, selon le quotidien : "Nous avions pendant cette instruction beaucoup de questions, nous avons désormais des réponses."
Contrairement à ce qui a pu être affirmé
Depuis les débuts, le conseil de l'accusé affirme que les enquêteurs ne cherchent pas d'autres pistes que le mari. Ce à quoi les magistrats instructeurs répondent : "Contrairement à ce qui a pu être affirmé par Cédric Jubillar, les enquêteurs et les juges d'instruction n'ont pas étudié la seule piste de l'implication de Cédric Jubillar à l'exclusion de tout autre [...]. Ce sont au contraire des investigations minutieuses et exhaustives qui ont permis non seulement d'exclure l'ensemble des autres hypothèses, mais également de réunir de nombreux éléments constituant des charges suffisantes à l'encontre du mis en examen."
Ainsi, ont été écartées les thèse de départ volontaire, suicide, accident et enlèvement. Delphine Jubillar n'avait "aucune raison de partir sans en informer personne", sans aucun effet personnel, à une période de couvre-feu et surtout, ses enfants Louis et Elyah étaient respectivement âgés de 18 mois et 6 ans à l'époque de faits. Elle était à ce moment-là "épanouie dans sa maternité", "impliquée dans sa vie professionnelle" et "investie" dans sa nouvelle relation avec son amant.
Pour les magistrates, les éléments à charge à l'encontre du mari sont légion : il est le dernier à l'avoir vue vivante, il vivait mal leur divorce en cours, son comportement est décrit comme violent et impulsif, des lunettes de la victime ont été retrouvées cassées, l'utilisation du téléphone de Cédric Jubillar cette nuit-là est dit inhabituel et enfin, la dispute du couple la nuit des faits. De plus, il n'aurait "cessé de mentir lors de l'information judiciaire, d'éluder les questions gênantes, notamment en prétextant avoir perdu la mémoire, de modifier ses versions en s'adaptant aux éléments d'investigations rapportés et en rejetant la faute sur les autres."
Le procès se déroulera devant la cour d'assises du Tarn à Albi, où des aménagements spécifiques seront à prévoir pour accueillir un tel procès. Selon une autre source judiciaire rapportée par l'AFP, il pourrait être jugé fin 2024 ou début 2025.
Cédric Jubillar est présumé innocent des faits qui lui sont reprochés jusqu'à la fin définitive de son procès.