Les langues continuent de se délier... Quelques semaines après les témoignages forts de Judith Godrèche, Vahina Giocante ou encore Isild Le Besco contre les mauvais traitements des hommes dans le cinéma, c'est Juliette Binoche qui a décidé de parler publiquement, révélant dans un texte poignant (publié par Libération ce mardi 30 avril) les nombreuses expériences traumatisantes vécues avec des réalisateurs français.
Un témoignage fort, sur lequel elle est revenue dans l'émission Clique. Révélant qu'elle avait reçu des messages de soutien de "metteurs en scènes homme et de Claire Denis", elle a expliqué qu'un message l'avait touchée plus que les autres : "Christophe Honoré m'a dit quelque chose de simple, mais qui m'a fait du bien, il m'a dit : 'Tu n'aurais pas dû vivre ça'".
Emu, Mouloud Achour lui a alors confié que "c'est ce qu'on pense tous". "C'était très, très dur à lire", a-t-il ensuite, confié, avant de se demander : "Comment elle a pu vivre ça ?". En larmes, Juliette Binoche s'est alors confié sur son état d'esprit : "A la fois, je pense que ça m'a rendue plus forte, parce que ça rend plus courageux, ça rend plus humain. Je pense que quand on vit des souffrances, des douleurs ou des difficultés, ça creuse certainement des failles en soi, parce ça casse, ça trahit, ça malmène, mais à la fois [...] ça permet d'être plus humain, parce qu'on doit casser l'orgueil, tout ce qui nous rend trop rigide".
Un témoignage très fort, en tout cas, pour la mère de la jeune Hannah Magimel, mais qui pourrait provoquer à nouveau des remous dans le cinéma français. Il faut dire que dans sa tribune, l'ex-compagne de Benoît Magimel n'avait pas hésité à donner les noms des réalisateurs qui lui avaient fait vivre l'enfer.
Racontant notamment que Pascal Kané, metteur en scène du film Liberty belle, s'était "jeté sur [elle] pour [l]'embrasser", elle a également mis en cause le comportement du réalisateur Jacques Doillon, déjà récemment accusé de viol et d'agressions sexuelles par plusieurs actrices dont Judith Godrèche. Déjà perturbée par les "scènes de nu qu'il lui impose immédiatement", l'actrice est choquée de lire les répliques du personnage joué par Sami Frey, censé être son beau-père. "Ta mère veut que je t'aime. Elle veut que nous fassions l'amour ensemble", lui dit-il. "Pas sûre d'avoir compris ces répliques à l'époque".
Si les réalisateurs mis en cause n'ont pas encore réagi, d'autres ont décidé de prendre la parole : dans une autre tribune publiée par le magazine ELLE, une centaine d'hommes ont décidé de soutenir le mouvement #MeToo. Parmi lesquels des réalisateurs, comme Mathieu Amalric, Jacques Audiard, Jérôme Bonnel, Serge Hazanavicius ou encore Eric Lartigau, ou des acteurs dont Swann Arlaud, Eric Elmosnino, Reda Kateb.
Une prise de parole nécessaire selon l'actrice : "C'est fondamental, parce qu'à partir du moment où l'on est entendues, écoutées, d'abord on existe. Et la douleur fait moins mal. Quelque part, ce que j'ai vécu, ce n'est rien par rapport à ce que d'autres ont vécu. Je crois que j'avais une sorte de force, de résistance, certainement grâce à l'éducation de ma mère. Mais il y en a qui n'ont pas cette force-là. Et là, c'est important d'être entendu, je pense même que c'est essentiel", a-t-elle révélé. Et on espère que leur parole aidera enfin les choses à avancer...