Cinq chanteurs recrutés par casting, probablement autant pour leur physique avantageux que pour leurs performances vocales... The Wanted n'a rien de bien nouveau à offrir ! Pourtant, outre-Manche, ce boys band "à l'ancienne" cartonne : leur nouveau single, Glad you came, s'est classé numéro un des ventes en Angleterre dès la semaine de sa sortie. Alors, ringards, les boys bands ? Apparu à la fin des années 80, comment le phénomène boys band s'est-il adapté ces 20 dernières années ?
Les années 90 : l'âge d'or du torse huilé
Inspirés par le succès des New Kids on the Block dès la fin des années 80, les producteurs sont nombreux à vouloir lancer "leur" boys band, et multiplient les auditions pour dénicher les futures idoles des adolescent(e)s. C'est à l'issue d'un gigantesque casting en Angleterre que les membres de Take That (dont un certain Robbie Williams) sont sélectionnés en 1990, tout comme les chanteurs de The Wanted, recrutés de cette façon en 2008. En France, Steven Gunnell, Quentin Elias, Brian Torres et Roman Lata Ares sont auditionnés pour être les membres d'Alliage... et seront les stars de l'année 1996 avec Baila ! Quant aux 2Be3, c'est pendant un concours de mannequins, organisé lors de l'émission Si on chantait sur TF1, qu'ils sont repérés pour rejoindre le label EMI.
Les directeurs de casting auraient-ils oublié de cocher la case "cours de chant" ? Tous les boys bands ne peuvent pas revendiquer les prouesses a capella du boys band r'n'b Boyz II Men... D'où une nette tendance à compenser par la chorégraphie ! En 1996, les 2Be3 s'agitent, chemise ouverte, dans le clip du mythique Partir un jour. La même année, les Français de G-Squad misent sur leurs pas de danse pour Aucune fille au monde. Une stratégie payante, puisque le titre est classé au Top 50 pendant dix-huit semaines consécutives.
Au milieu des années 90, le concept trouve son équivalent féminin : c'est la naissance des girls bands ! En 1994, les Spice Girls sont formées suite à une annonce passée dans le journal britannique The Stage. Sur le modèle des Boyz II Men, dont chaque membre a hérité d'un surnom, les chanteuses se définissent par un look et un trait de caractère bien précis (Posh, le surnom de Victoria Beckham, lui colle toujours à la peau !). D'autres optent pour la stratégie inverse : on se souvient des membres d'Alliage, tout de blanc vêtus dans le clip de Baila, et des tenues assorties des Backstreet Boys, comme en 1998 dans la vidéo de I want it that way. Un concept qui n'est pas sans rappeler les vêtements toujours coordonnés des cinq garçons de The Wanted dans le clip de All time low.
Au pays des boys bands, c'est à qui sera le mieux marketé. En 1996, les Britanniques de Worlds Apart tentent de pénétrer le marché français en reprenant le titre Je te donne de Jean-Jacques Goldman ! Mais le trophée revient sans doute à N'Sync : en février 1999, le groupe de Justin Timberlake fait sa promo dans un épisode de Sabrina, l'apprentie sorcière, la série préférée des adolescentes, et interprète Tearin' up my heart et God must have spent a little more time on you (quelques mois avant le passage de Britney Spears et un an après celui des Backstreet Boys).
Le phénomène se prolonge jusqu'à la fin des années 90 avec l'apparition, en 1998, du girls band britannique Sugababes. Un an plus tard, S Club 7 fait son apparition. Bien que mixte, le groupe est marketé comme un boys band : chaque membre se voit attribuer un trait de caractère particulier, parfois symbolisé par une couleur. Une stratégie qui rappelle celle des Spice Girls ? Normal ! Les deux groupes ont été créés par le même homme, Simon Fuller (devenu en 2002 le premier manager d'Amy Winehouse). En 2002, c'est au tour du boys band Blue de connaître sa consécration, sous la forme d'un duo avec Elton John pour une reprise de Sorry seems to be the hardest word.
Et aujourd'hui ?
Au cours des années 2000, la télé-réalité tente de surfer sur la vague du boys band, parfois sans grand succès... En France, on se souvient de l'échec des Linkup, créés en 2003, à l'issue de la troisième saison de Postars. Seul M. Pokora tire son épingle du jeu et parvient à se lancer dans une carrière solo. Du côté de l'Angleterre, JLS est révélé en 2008 par le télé-crochet The X Factor, et connaît un succès plus convaincant : le boys band rivalise depuis avec les cinq garçons de The Wanted.
Avec la mort de Filip Nikolic, ex-2B3, en septembre 2009, une page se tourne définitivement : en France, le phénomène semble s'être essoufflé pour de bon. Aux États-Unis, les boys bands ont trouvé leur réincarnation dans les formations type Jonas Brothers : partenaires de Disney, les trois frères se veulent des modèles pour leurs jeunes fans, et prônent notamment l'abstinence avant le mariage. On est bien loin de l'homme-objet typique du boys band... Mais certaines icônes des années 90 tirent encore leur épingle du jeu. Séparés de 1995 à 2007, les New Kids on the Block ont annoncé leur retour en 2008, rapidement concrétisé avec le single Summertime. La sortie de l'album The block, en septembre 2008, prouve que le groupe a encore de beaux jours devant lui : l'opus se classe en tête des ventes de CD américaines dès la semaine de sa sortie. Pour le plus grand plaisir des fans, les New Kids on the Block ont bouclé au cours de l'été 2011 une tournée aux côtés des Backstreet Boys.
Les Anglais peuvent sans doute se vanter d'avoir popularisé le concept du boys band... Et de l'avoir gardé en vie jusqu'à aujourd'hui ! Les Take That n'ont jamais été oubliés par leurs fans d'outre-Manche. Le phénomène ne fait que s'amplifier lorsque le retour de Robbie Williams au sein de la formation est annoncé en juin 2010. De mai à juillet 2011, le groupe a rempli les stades lors d'une gigantesque tournée anglaise... On dirait bien que les boys bands ne seront jamais dépassés outre-Manche !
Le succès de The Wanted en est une preuve supplémentaire : recrutés en 2008 par la dénicheuse de talents Jayne Collins (responsable d'un autre girls band britannique à succès, The Saturdays), Max, Nathan, Jay, Siva embarqueront en février et mars 2012 pour une tournée des stades en Angleterre.