Candice Marchal, la collaboratrice de Christine Ockrent au coeur du scandale d'espionnage qui frappe l'Audiovisuel Extérieur de la France (AEF), s'exprime dans les colonnes de Libération. Candice Marchal se dit aujourd'hui victime de la guerre qui oppose Alain de Pouzilhac, PDG de l'AEF, et Christine Ockrent, directrice générale adjointe de la structure qui chapeaute France 24, RFI et une partie de TV5 :
"Ce sont des histoires de haine personnelles qui font des victimes collatérales. C'est aussi de l'argent public, ça m'horripile. J'ai réduit mes frais, j'ai rapporté beaucoup d'argent à la boîte, tout le monde n'est pas dans ce cas-là. J'ai été estomaquée, remuée. Après la colère est montée. Ça y est, je suis licenciée, pour faute grave. Et je vais attaquer aux Prud'hommes. J'en veux à ceux qui fomentent des machinations pareilles. Je me suis retrouvée accusée sans aucun respect de la présomption d'innocence."
Tout a commencé suite à un article du Canard Enchaîné qui avait mis la puce à l'oreille à Alain de Pouzilhac, PDG de l'AEF. Il commande une enquête au cabinet privée Forensic & Legal Services. L'enquête de cette société, créée le 4 octobre 2010, met en cause Candice Marchal : "Je n'ai pas espionné les ordinateurs de l'AEF et certainement pas pour le compte de Christine Ockrent, martèle Marchal dans Libé. Je me suis connectée à des serveurs de l'AEF avec un mot de passe que m'a fourni l'informaticien, j'y ai accédé depuis chez moi, sur mon ordinateur professionnel." Candice Marchal explique l'avoir fait pour connaître son sort dans l'entreprise, pour savoir si elle serait licenciée ou rétrogradée comme les collaborateurs d'Ockrent.
Elle conteste donc le rapport du cabinet privé et conteste que l'on ait retrouvé dans son ordinateur, 2,5 millions de fichiers confidentiels : "J'ai remis mon ordinateur à la demande de l'AEF le lundi 7 novembre et il est parti en expertise deux ou trois semaines plus tard. Ça laisse le temps de mettre un disque dur ou de le modifier". Soupçonnant son disque dur d'avoir été trafiqué, Candice Marchal portera plainte à son tour : "Ça me semble clair, ce n'est pas moi qu'on vise, mais Ockrent : j'ai l'impression d'être un pion sur l'échiquier".
Candice Marchal va donc porter plainte pour escroquerie (modification de son disque dur), une seconde pour atteinte au secret des correspondances, pour la publication de mails échangés avec Ockrent, et une troisième pour violation du secret professionnel et les fuites dans la presse.
Mercredi 16 décembre, Marchal passait 36 heures en garde à vue à la brigade d'enquête sur les fraudes aux technologies de l'information (Befti), mais n'a pour l'instant, pas été mise en examen.
De son côté, Christine Ockrent clame son innocence mais doit faire face au désaveu des dirigeants et de la rédaction de France 24. Mardi, ce sont les salariés de RFI qui saisissaient le tribunal de commerce afin de nommer un administrateur provisoire pour remplacer les deux dirigeants de l'AEF.
Quel gâchis !