Dominique Strauss-Kahn est libre certes, mais sous une surveillance plus qu'étroite... C'est à 23 heures (heure française) que Dominique Strauss-Kahn a quitté vendredi la prison de Rikers Island à New York, après une journée fertile en rebondissements.
Alors que la caution d'un million de dollars a été payée "rubis sur l'ongle", que la garantie de 5 millions de dollars (prise sur la maison appartenant à Anne Sinclair à Washington) a été déposée très vite par son garant judiciaire, c'est le logement qui a posé problème. Il faut dire que les copropriétaires new-yorkais sont peu désireux d'accueillir ce nouveau voisin encombrant, avec sa cohorte d'obligations et, surtout, de journalistes. Mais la société Stroz Friedberg (ce serait le procureur Cyrus Vance Jr., représentant implacable de l'accusation, qui aurait donné le nom de cette entreprise) avait une solution : un logement de fonction dans un immeuble qui leur appartiendrait, d'après les médias américains ! Pas de souci donc, pour obtenir l'accord des voisins. D'ailleurs, cité par le New York Post, un hacker de 26 ans, Andrew Auernheimer - lui aussi placé sous résidence surveillée dans l'Empire Building, au n°71 de l'avenue Broadway -, dit avoir croisé Dominique Strauss-Kahn. D'après ses déclarations, l'ancien patron du FMI vit au quatrième étage de l'immeuble, un étage où "huit ou neuf autres personnes sont dans la même situation que lui", c'est-à-dire en résidence surveillée.
Selon iTélé, L'appartement que Dominique Strauss-Kahn occupe au 71 Broadway Avenue serait un deux-pièces au loyer mensuel de 4 250 dollars. L'immeuble est doté d'une salle de sport, d'une salle de billard ainsi que d'un solarium sur le toit terrasse. Difficile de penser que DSK pense à bronzer, faire du sport ou jouer au billard... avec son garde armé ?
C'est cet appartement que le juge Michael Obus a accepté, mais temporairement. Le couple Strauss-Kahn, aidé par ses avocats et leurs amis new-yorkais, ont quatre jours (dont le week-end) pour trouver un logement définitif.
Les médias américains et la communauté immigrée de Guinée (à laquelle appartient la victime présumée Nafissatou Diallo) surveillent de très près les conditions de la remise en liberté conditionnelle de DSK. Pour être transparente au possible, la Cour Suprême de l'Etat de New York a publié vendredi un document daté du 20 mai et signé du juge Michael Obus, fixant les conditions de la liberté surveillée et de l'assignation à résidence de Dominique Strauss-Kahn, accusé formellement (il faut le rappeler) de crimes sexuels à l'encontre de cette jeune femme de chambre. Voici le détail de ces conditions :
- Remise d'une caution d'un million de dollars.- Remise de tous documents de voyage, passeport et laissez-passer de l'ONU.
- Assignation à résidence 24 heures par jour à une adresse de Manhattan avec surveillance électronique et présence d'au moins un gardien armé en permanence.
- M. Strauss-Kahn aura l'autorisation de quitter son domicile et de circuler dans Manhattan seulement dans les cas suivants : audiences au tribunal, rencontres avec ses avocats, rendez-vous médicaux et rites religieux hebdomadaires.
- Une notification doit être envoyée au moins six heures avant tout départ du domicile.
- Acquittement de toutes les dépenses facturées par la compagnie de sécurité Stroz Friedberg chargée de contrôler sa résidence surveillée (la fortune d'Anne Sinclair le permet... Pour combien de temps ?). Stroz Friedberg installera une vidéosurveillance de tous les accès extérieurs de la résidence et les portes seront équipées d'alarmes. La société devra fournir à tout moment au bureau du procureur, à sa demande, l'emplacement exact de M. Strauss-Kahn.
Un autre document établi par Stroz Friedberg a été joint à l'ordonnance du juge, qui apporte d'autres détails :
- Un bracelet électronique (PTU ou unité personnelle de localisation) sera posé sur une cheville de l'accusé.
- Les coûts de la surveillance seront pris en charge par DSK, sa famille ou ses héritiers, y compris en cas de recours à des avocats consécutifs à un éventuel emploi de la force.
- La société tiendra un registre des visiteurs et notera toutes les visites autorisées par la Cour, ou les visites de la famille.
- Elle limitera les visites à quatre personnes maximum en même temps, sans compter les membres de la famille.
- Tous les visiteurs seront fouillés pour éventuel port d'arme avant d'entrer dans l'appartement.
- La société notifiera immédiatement à la police toute tentative de fuite ou activité suspicieuse de la part de DSK ou de toute autre personne.
Cepndant, en raison de cet appartement provisoire, aucune sortie ne devrait être autorisée avant qu'il ait rejoint l'appartement défintif.
Ses avocats viennent de prendre enfin connaissance de tout le dossier d'accusation . Ils vont pouvoir fourbir leurs armes et élaborer une stratégie de défense. Le 6 juin, l'ex-patron du FMI devra indiquer s'il plaide coupable ou non des sept chefs d'accusation qui pèsent contre lui. Il risque plus de 74 ans de prison .
Des questions : Soulagée certes de la libération de son mari, comment Anne Sinclair l'a-t-elle accueilli hier soir ? Présumé innocent, il a pu lui raconter "sa version" des faits. Quelle stratégie va-t-il, vont-ils adopter suite à ses explications ?