Lorsque Cédric Jubillar parle de sa femme, disparue dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020, il n'utilise pas son prénom. En effet, interrogé par un psychiatre à deux reprises dans la prison où il est en détention provisoire, l'artisan de 34 ans la surnomme "l'autre", "madame", mais jamais Delphine. Dans l'article de Libération, cela va encore plus loin puisque le père d'Elyah (3 ans) et Louis (7 ans) choisit un terme dégradant pour parler de la mère de ses enfants dont on n'a plus de signe de vie depuis un an et demi.
C'est en rassemblant les récits de ceux qui ont côtoyé Cédric Jubillar dans la maison d'arrêt de Seysses, dans le quartier d'isolement, que Libération obtient un portrait complexe de ce suspect numéro 1, loin d'être un veuf éploré. Le couple battait de l'aile depuis longtemps et était en procédure de divorce. La disparition brutale de Delphine ne rend pas le prisonnier plus ému que cela. Pour l'un d'eux, qui se fait appeler le Breton, Cédric ne s'est jamais montré embêté par le fait qu'elle se soit volatilisée, se disant clairement innocent et ne s'inquiétait pas pour elle. L'homme remarque que son voisin de cellule n'a jamais employé le prénom de la trentenaire, disant "elle" ou "cette traînée."
A l'époque, le peintre-plaquiste se targuait d'avoir trompé sa future ex-femme "plein de fois", affirmant qu'elle avait dû fuir en Espagne pour refaire sa vie, une thèse qu'il a énoncée aux autorités également, mais qui a toujours paru peu probable aux enquêteurs et aux proches de la jeune femme qui avait, certes un amant, mais était très attachée à ses deux jeunes enfants ainsi qu'à son travail. Vantard insupportable d'après les codétenus, le principal suspect s'est aussi passionné pour les reportages sur l'affaire, dont il s'amusait à devenir les visages floutés. Ce provocateur invétéré ajoutait que "ceux qui profitent de [sa] détention pour se laisser pousser des ailes", il finirait par les "remettre en place". Il va encore plus loin en réagissant à un épisode de Faites entrer l'accusé sur l'affaire Lund - l'épouse avait été retrouvée morte dans un 4x4 au fond d'un lac : "Moi, ces abrutis, ils n'ont pas trouvé le couteau (...) j'ai commis le meurtre parfait. Ça fait huit mois que je les balade."
Cédric Jubillar reste présumé innocent des faits qui lui sont reprochés jusqu'au jugement définitif de cette affaire.