Réactualisation : Après 88 jours de détention provisoire, Patrice de Maistre, l'ex-gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt, a été remis en liberté sous contrôle judiciaire, après le versement d'une caution de 2 millions d'euros. L'ex-homme de confiance de Liliane Bettencourt devrait quitter rapidement la prison de Gradignan, a annoncé le parquet de Bordeaux. "Les magistrats instructeurs ont ordonné ce jour son placement sous contrôle judiciaire avec notamment l'obligation de verser un cautionnement complémentaire et préalable de 2 000 000 d'euros", a indiqué le parquet dans un communiqué, en précisant que, "s'étant acquitté aujourd'hui même de ce versement préalable, il a été remis en liberté sous contrôle judiciaire".
Rappelons que dans l'affaire Bettencourt, Patrice de Maistre a été mis en examen en décembre 2011 pour "abus de faiblesse, complicité d'abus de confiance et escroquerie aggravés par état de vulnérabilité" au préjudice de Liliane Bettencourt et pour "blanchiment". Il s'était alors déjà acquitté d'une caution de 2 millions d'euros. En mars 2012, il était placé en détention provisoire après une mise en examen supplétive, toujours pour des faits d'abus de faiblesse et d'abus de bien sociaux. Ce qui fait en tout 4 millions, soit la somme qu'on lui reproche d'avoir fait sortir en espèces de Suisse.
Le 23 mars, nous écrivions : L'affaire Bettencourt toujours. Patrice de Maistre, l'ancien homme de confiance et gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt, a été placé en détention provisoire jeudi soir à Bordeaux après une mise en examen supplétive !
Dans un communiqué, le parquet de Bordeaux souligne que "des faits nouveaux imputables à l'intéressé sous les qualifications d'abus de faiblesse et abus de bien sociaux" sont apparus, "donnant lieu à la mise en examen supplétive" du présumé coupable. Il s'agit "d'une part, de la perception par M. de Maistre d'une somme de 2 956 757,29 euros, en exécution d'une convention entre la société Eugenia, dont il était le gérant, et Liliane Bettencourt, alors en situation de vulnérabilité". Il est question d'autre part de "la perception indue de factures émises par la société Eugenia à l'égard de la société Clymène, dont il était le dirigeant, pour un bénéfice de 2,4 millions d'euros". La société Clymène, où travaillait Florence Woerth, femme de l'ancien ministre du Travail, était chargée de gérer l'argent reversé par L'Oréal à Liliane Bettencourt. Ce qui correspond à une somme rondelette de plus de 5 millions d'euros...
Patrice de Maistre est arrivé jeudi à 14h au palais de justice de Bordeaux. À 23h, selon ses avocats, l'audition se poursuivait avant que le parquet ne demande sa mise en détention provisoire et que le juge des libertés et de la détention ne la prononce dans la foulée. Il s'agit de la première détention dans cette affaire.
Un entourage bousculé
Depuis le dépaysement du dossier au parquet de Bordeaux, l'affaire Bettencourt n'a cessé d'avancer, parfois de manière assez musclée. En décembre 2011, le juge Jean-Michel Gentil faisait arrêter François-Marie Banier et son compagnon Martin d'Orgeval (tous deux mis en examen dans la foulée, notamment pour abus de faiblesse), mais aussi Patrice de Maistre. Des arrestations surprenantes d'autant que Maistre était cueilli à la descente d'un avion provenant du Gabon : selon Le Point, c'est le conseil même de Patrice de Maistre qui avait averti le juge de son arrivée afin de lui confirmer qu'il se tenait à sa disposition. Après cette audition, Patrice de Maistre était mis en examen une première fois pour "abus de faiblesse, complicité d'abus de confiance et escroquerie aggravés par un état de vulnérabilité" au préjudice de Liliane Bettencourt et pour "blanchiment". Une caution de deux millions d'euros était alors fixée.
Une milliardaire résignée
Un an avant cette mise en examen, Liliane Bettencourt et sa fille s'étaient "réconciliées". François Bettencourt-Meyers acceptait d'abandonner ses plaintes à l'encontre de Banier et Maistre s'ils quittaient illico l'entourage de l'héritière. Ils n'échapperont cependant pas à la justice car l'expertise médicale de l'héritière, dévoilée en septembre 2011, relance l'affaire. Les trois "mis en examen" que sont Martin d'Orgeval, François-Marie Banier et Patrice de Maistre vont devoir s'expliquer sur leurs relations avec Liliane Bettencourt et les largesses dont ils ont bénéficié après septembre 2006, date à laquelle les experts médicaux évaluent le début de "l'altération des facultés mentales" de l'héritière L'Oréal.
Cette expertise a valu à la milliardaire d'être placée, par la juge des tutelles de Courbevoie, sous la triple protection de sa fille Françoise Bettencourt-Meyers et de ses petits-fils Nicolas et Jean-Victor Meyers. À 25 ans, Jean-Victor remplace sa grand-mère au conseil d'administration de L'Oréal et devient ainsi le plus jeune administrateur d'une société du CAC 40. La milliardaire a mis fin à la mission de l'avocat qu'elle avait mandaté pour se pourvoir en cassation contre son placement sous tutelle. Le volet familial de l'affaire est clos.
Toutes les personnes mises en examen dans cette affaire sont présumées innocentes des faits qui leur sont reprochés, jusqu'au jugement définitif de ce dossier... tentaculaire.