L'affaire Liliane Bettencourt dans toute sa démesure : l'édition en ligne du Point révèle en exclusivité les montants mirobolants des cautions demandées à François-Marie Banier et Patrice de Maistre par le juge bordelais Jean-Michel Gentil. Dix millions d'euros pour le premier, et deux millions pour le second !
L'ancien ami de l'héritière L'Oréal, François-Marie Banier, a été mis en examen mercredi pour "abus de faiblesse, abus de confiance et escroquerie aggravés et blanchiment". Il risque jusqu'à sept ans de prison. Son compagnon Martin d'Orgeval est poursuivi pour "abus de faiblesse, blanchiment et recel", des faits qui pourraient lui coûter jusqu'à 5 ans de prison. Après le paiement de cette caution record, ils ont été libérés et placés sous contrôle judiciaire. Selon Le Point, ils ont l'interdiction de contacter les personnes impliquées dans le dossier mais ils peuvent voyager. Ces cautions sont la garantie pour le juge qu'ils se présenteront bien à leur prochaine convocation. Banier, prévoyant, avait dû prévoir le coup, car on a pas, comme ça, dix millions d'euros disponibles dans une valise, ou alors... une très grande !
De son côté, Patrice de Maistre, a été mis en examen jeudi pour "abus de faiblesse, complicité d'abus de confiance et escroquerie aggravés par état de vulnérabilité" au préjudice de Liliane Bettencourt, et pour blanchiment. Sa caution a été fixée à deux millions d'euros.
Tous les trois ont été arrêtés cette semaine dans des conditions pour le moins musclées. Banier et son compagnon ont été cueillis à leur domicile parisien à 6 heures du matin lundi dernier. Après deux nuits à la prison de la santé, ils ont été conduits par avion, menottés et escortés jusqu'à Bordeaux devant le juge Gentil. Idem pour Patrice de Maistre, l'ancien gestionnaire de fortune de Bettencourt, arrêté par la brigade financière à sa descente d'avion, mercredi, alors qu'il rentrait du Gabon. Une arrestation d'autant plus surprenante que, selon Le Point, c'est le conseil même de Patrice de Maistre qui avait averti le juge de son arrivée du Gabon afin de lui confirmer qu'il se tenait à sa disposition. Ce procédé, qualifié de "brutal, coercitif et infamant" par l'avocat de Banier, a d'ailleurs été vivement critiqué par le bâtonnier de Paris, Jean Castelain : "L'Ordre des avocats [de Paris], soucieux des libertés individuelles, s'étonne qu'un magistrat instructeur croie devoir user de mesures humiliantes, inutilement coercitives et coûteuses pour les deniers de l'État, à seule fin de se faire présenter des justiciables qui auraient sans aucun doute déféré à une simple convocation adressée par courrier." C'est tellement évident !
Les trois "mis en examen" vont devoir s'expliquer sur leurs relations avec Liliane Bettencourt et les largesses dont ils ont bénéficié après septembre 2006, date à laquelle les experts médicaux évaluent le début de "l'altération des facultés mentales" de l'héritière L'Oréal. Cette expertise a valu à la milliardaire d'être placée, par la juge des tutelles de Courbevoie, sous la triple protection de sa fille Françoise Bettencourt-Meyers et de ses petits-fils Jean-Victor et Nicolas Meyers.