Jeu, set et match dans le bras de fer judiciaire qui oppose Liliane Bettencourt à sa fille Françoise Bettencourt-Meyers : la milliardaire a mis fin à la mission de l'avocat qu'elle avait mandaté pour se pourvoir en cassation contre son placement sous tutelle. C'est en tout cas ce qu'affirme sa fille dans un entretien accordé à M, Le magazine du Monde à paraître samedi.
"S'agissant de Me Farthouat, ma mère a effectivement souhaité pour plusieurs raisons mettre fin à sa mission, et elle l'a d'ailleurs confirmé à la juge des tutelles. La moindre des choses est de respecter sa décision", affirme Françoise Bettencourt-Meyers dans cette interview. L'avocat en question confirme à l'AFP avoir reçu une lettre manuscrite de l'héritière L'Oréal, mais il se permet d'émettre quelques doutes : "Elle m'a écrit, mais je ne sais pas dans quelles conditions. Et je n'ai pas pu la voir malgré mes demandes. Ce n'est pas parce qu'elle l'a écrite que c'est forcément vrai." Le recours en cassation, dont le pourvoi avait été déposé, est donc abandonné.
Le 17 octobre, Liliane Bettencourt était placée sous tutelle. La juge se basait alors sur une expertise médicale selon laquelle la milliardaire souffrait d'une "démence mixte" et d'un syndrome d'Alzheimer. Dans un ultime recours judiciaire, l'héritière tentait d'être placée sous la tutelle exclusive de son petit-fils Jean-Victor Meyers, avec l'objectif d'étouffer autant que possible l'influence de sa fille Françoise Bettencourt-Meyers sur sa destinée. La milliardaire était déboutée en janvier et confiait à son avocat la mission de se pourvoir en cassation. Pourvoi aujourd'hui abandonné. La milliardaire demeure sous la triple tutelle de sa fille et de ses petits-fils, chargés de veiller sur son patrimoine, et plus particulièrement de Jean-Victor, chargé par le tribunal d'assurer la tutelle à la personne. À 25 ans, ce jeune homme discret a pris du galon : il remplace sa grand-mère au conseil de L'Oréal et devient ainsi devient le plus jeune administrateur d'une société du CAC 40.
D'après Françoise Bettencourt-Meyers, ses relations avec sa mère se sont pacifiées. Elle ont d'ailleurs assisté ensemble au défilé haute couture Armani en janvier dernier. Dans M, Le magazine du Monde, la fille de l'héritière résume : "[Nos relations] ont repris un cours normal et je ne suis pas là pour la fâcher. En rien. Lorsque je la vois, nous discutons de façon décontractée. Je ne veux pas ressasser le passé."
Si le volet famille de l'affaire Bettencourt semble enfin clos, demeure encore le volet politique... tentaculaire, celui-là ! Six journalistes (cinq de Mediapart, un du Point) sont convoqués dans les semaines à venir à Bordeaux en vue de mises en examen. Selon LeMonde.fr, les convocations portent sur l'atteinte à l'intimité de Liliane Bettencourt...