Le clash entre Catherine Breillat, réalisatrice controversée à qui on doit À ma soeur !, Anatomie de l'enfer ou encore Abus de faiblesse, et l'actrice italienne Asia Argento, fait froid dans le dos... Dans une interview accordée au podcast Murmur Radio, la cinéaste est revenue à coeur ouvert sur les mouvements #MeToo et #BalanceTonPorc, ainsi que sur sa vision de l'affaire Weinstein. "Je suis très contre, dit-elle. C'est trop facile d'accuser des gens par un hashtag, de façon anonyme. Surtout que la France a quand même beaucoup connu 'balance ton juif'."
La réalisatrice n'hésite pas à aller à contre-courant. "Si vous avez 14 ans, la violence verbale peut être la même qu'une agression physique réelle, mais quand vous avez 25 ou 30 ans, et que vous allez dans la chambre d'un homme, vous connaissez le jeu", poursuit-elle. Pour la cinéaste, dénoncer ne sert à rien, il faut insister pour que les petites filles soient mieux "éduquées" afin de pouvoir se défendre dès leur plus jeune âge et qu'elles ne se sentent pas "souillées" par les actes des hommes. "Elles doivent savoir comment répondre", affirme celle qui avait offert son soutien à Catherine Deneuve et à la tribune sur la liberté d'importuner. Et d'ajouter : "Je suis une féministe, mais pas dans mes films. Le féminisme peut aller trop loin, jusqu'à une forme de respect qui n'est pas nécessaire. Bien sûr, le viol et la tentative de viol sont des crimes. Et ils doivent être lourdement condamnés, ce qui n'est pas toujours le cas."
Et s'il y a une personne que je ne crois pas, c'est bien elle
Sur Weinstein, elle affirme qu'il y "a pire". "Malgré tout, je pense que les Européens ont perdu énormément avec la perte d'Harvey Weinstein. Il faut avoir à l'esprit que vous avez des producteurs français qui n'ont pas été dénoncés – je ne dirai pas leurs noms, même si j'en connais trois qui sont extrêmement respectés. Je ne sais d'ailleurs pas pourquoi ils n'ont pas été dénoncés en même temps, alors qu'ils y avaient tout à fait leur place", assure Breillat.
Mais le plus troublant dans ses déclarations, c'est le passage sur Asia Argento, avec qui elle a tourné dans Une vieille maîtresse en 2007. L'actrice, qui avait révélé avoir été violée par le producteur Harvey Weinstein, est violemment prise à parti par Catherine Breillat, qui la traite de "traîtresse". "Je ne crois pas Asia, clame d'emblée la réalisatrice. Elle était très, très jeune à l'époque... Et s'il y a une personne que je ne crois pas, c'est bien elle. Asia est quelqu'un d'assez servile. S'il y a bien quelqu'un qui a les moyens de se défendre, qui n'est pas timide quand il s'agit de sexe, qui le pratique beaucoup et qui ne cache pas son désir pour les hommes et les femmes, c'est bien elle. Donc je ne la crois pas."
Le soi-disant mensonge d'Asia Argento serait donc "motivé par un intérêt personnel" croit savoir Breillat, pour qui son comportement s'apparentait à "une sorte de semi-prostitution". "Harvey Weinstein n'est pas le pire être humain qui soit, tout autant qu'il n'est pas l'homme le plus stupide. Asia a peut-être été déçue de ne pas être devenue une grande actrice hollywoodienne, mais c'est dû aussi à d'autres choses : la drogue et plein d'autres choses. Alors elle se sent probablement amère. Et l'amertume peut pousser certaines personnes à en dénoncer d'autres si on veut obtenir quelque chose et, lorsque vous ne l'obtenez pas, vous vous sentez humilié", dézingue-t-elle. Avant d'ajouter en guise de conclusion : "Très franchement, je n'aime pas Asia Argento. C'est une mercenaire et une traîtresse."
Sur Twitter, la non moins controversée actrice italienne s'est chargée de répondre. Elle explique, fidèle à son franc-parler, que Catherine Breillat a été la "réalisatrice la plus sadique et cruelle" avec qui elle a travaillé, l'accusant de prendre "un plaisir extrême à humilier ses acteurs et son équipe" sur le tournage en invoquant le souvenir d'une scène où elle devait étrangler l'acteur principal. Ce dernier avait failli s'étouffer et la réalisatrice aurait mis la responsabilité sur Asia.
Elle explique également qu'hospitalisée pendant le tournage, la fille de Dario Argento a frôlé la mort à cause d'une infection. Breillat était venue lui rendre visite en annonçant qu'elle ne retravaillerait plus jamais avec elle parce qu'elle avait dû stopper le tournage à cause d'elle.
Et de conclure, plus généralement : "Je suis à la fois attristée et énervée par ces féministes auto-proclamées à l'ancienne et leur manque d'humanité face aux souffrances d'autres femmes. Celles de France s'avèrent être les pires."