Le prince Albert II de Monaco n'est pas vraiment ce qu'on peut appeler un ultra, mais lorsqu'il s'agit du destin de l'AS Monaco et de l'exception monégasque, le souverain flegmatique sort de sa réserve.
S'il avait le sourire dimanche dans les travées du Vélodrome de Marseille, qu'on l'a même vu escalader tel un cabri, pour assister au superbe bras de fer (26-26, score final) entre le RC Toulon et l'ASM Clermont Auvergne, les deux leaders du Top 14 de rugby, c'est bien le football qui occupe et préoccupe le prince.
Premier supporter du club de la principauté, l'ASM, à l'histoire aussi riche (sept titres de champion de France, une finale de Ligue des Champions) que son stade Louis II sonne le creux et en passe de revenir en Ligue 1 la saison prochaine, Albert de Monaco a décidé d'intervenir dans le grand dossier qui anime la Ligue 1 : le régime fiscal des clubs, à une ère où le fair-play financier est de rigueur mais où l'argent roi continue de faire loi.
Au coeur des débats sur l'application de la taxe à 75% sur la tranche des revenus supérieurs à un million d'euros (soit un alourdissement des charges des clubs de 30%, selon la Ligue de Football Professionnel, sachant que 15 clubs et 110 salaires de Ligue 1 seraient impactés), le statut particulier de l'AS Monaco, club affilié à la Fédération française de football mais seule équipe professionnelle à ne pas être domiciliée sur le sol français, n'a pas manqué d'être pris à parti. L'exception culturelle, oui, l'exception fiscale, non. De fait, la LFP a entrepris de contraindre l'AS Monaco à installer son siège social en France avant le 1er juin 2014, ce à quoi s'oppose le club de la principauté, qui a déposé un recours examiné jeudi prochain par la FFF.
L'ambiance, vu le sujet et les sommes en jeu, est délétère. Le prince Albert en est bien conscient, comme il l'a confié au quotidien Le Parisien/Aujourd'hui en France lors de son déplacement dominical au Vélodrome : "Cela a fait beaucoup de bruit parce qu'il y a beaucoup d'argent dans le football. Mais c'est également le cas dans bien d'autres sports professionnels, remarque le souverain du Rocher. Après, c'est sûr que si on perçoit qu'il y a un avantage quelque part, ça crée des jalousies et des perturbations. Maintenant, on va voir tout ça calmement, car, sincèrement, je pense que tout va rentrer dans l'ordre."
Toutefois, s'il affiche une grande sérénité, Albert de Monaco se montre déterminé : "On va se battre. La décision n'est pas définitive et il y a un appel en cours. Je crois qu'on a des arguments à faire valoir dans ce dossier. Il va simplement falloir qu'on nous explique tout bien. J'espère que tout va rentrer dans l'ordre prochainement, mais on ira jusqu'au bout." Un renfort précieux pour l'AS Monaco, à quelques journées de championnat de valider son ticket pour la Ligue 1, qu'elle avait quittée en 2011 après trente-quatre ans de présence continue parmi l'élite.