Après l'embryon de baiser lors du concert des Eagles offert par le prince aux résidents monégasques jeudi soir au Stade Louis II, smacks à répétition : dans la Salle du Trône, au balcon, sur la place du Palais Princier ! Le prince Albert de Monaco et la - désormais - princesse Charlene ont réjoui vendredi 1er juillet les quelque milliers de sujets de la Principauté invités à célébrer leur union sur la place du Palais Princier en multipliant les baisers, des signes de tendresse qu'on ne les a jamais vus partager, même lors des occasions qui s'y prêtaient le plus - par exemple, leurs sorties en couple aux mariages royaux de William et Kate ou de Victoria et Daniel de Suède.
"Elle a dit oui", comme l'anticipait la chanson créée sur mesure pour elle par Jean-Michel Jarre, qui doit ce soir, à partir de 22 heures, envahir avec tout son gigantisme audiovisuel le port Hercule : Melle Charlene Wittstock, 33 ans, a épousé le prince souverain Albert II de Monaco, 53 ans, un an après leurs fiançailles, le 23 juin 2010. Lui qu'on revoyait récemment parler de "sa femme idéale" dans une interview collector de 1991, lui dont les sujets désespéraient qu'il se range et mette un peu d'ordre dans une histoire personnelle tumultueuse. 55 ans après Grace Kelly, la Salle du Trône a vu la naissance d'une nouvelle princesse sur le Rocher : Son Altesse Sérénissime la princesse Charlene de Monaco, qui hérite également, outre du patronyme Grimaldi, des nombreux titres de noblesse monégasques dévolus au prince souverain mais tombés en désuétude depuis le décès de Louis II - duchesse de Valentinois, marquise des Baux, etc.
20 minutes pour la naissance d'une princesse sur le Rocher
Albert et Charlene ont été unis par les liens du mariage au cours d'une cérémonie sans fioritures conduite par Son Excellence Monsieur Philippe Narmino, président du Conseil d'Etat et officier d'état civil de la famille souveraine : devant 80 personnes assises dans la Salle du Trône, dont les soeurs du souverain monégasque - les princesses Caroline et Stéphanie -, le couple a échangé ses consentements, signé les registres avec le stylo exclusif Montblanbc portant pierreries ainsi que leur monogramme, puis un bref premier baiser, que les Monégasques présents sur le parvis ont applaudi en l'observant sur les écrans géants. La princesse Charlene a fait son entrée dans la dynastie quasi millénaire des Grimaldi, et est également devenue la belle-mère de Jazmin Grace, 18 ans, et Alexandre Coste, 7 ans, les deux enfants illégitimes connus du prince. Le tout en l'espace d'une petite vingtaine de minutes.
Du monde au balcon
Il ne restait plus alors au public qu'à guetter l'apparition des jeunes mariés au balcon de la Salle des Glaces du Palais. Vers 18 heures, leur attente fut comblée : le prince Albert et la princesse Charlene se présentaient devant eux et cédaient, elle lovée contre son époux, au rituel moderne du balcon - le baiser. Un baiser étrange, plus proche sans doute de celui, emprunté, de Charles et Diana, que de celui, tendre et complice, de William et Kate... Le suivant, sur le parvis, sera heureusement un peu plus convaincant.
Au balcon, les Monégasques ont également pu observer et acclamer la famille des mariés : la princesse Caroline de Hanovre, flashy en turquoise et coiffée d'un large chapeau d'été, avec sa petite dernière, la princesse Alexandra (11 ans), la princesse Stéphanie de Monaco, la mine bizarrement éteinte, présente avec sa fille Pauline (17 ans)... La famille de la mariée, ses parents Michael et Lynette, et ses frères Gareth et Sean, a également reçu les félicitations du public.
Charlene entre dans la dynastie en silence
Quelques minutes après, le prince Albert et la princesse Charlene retrouvaient la foule (dont une bonne quantité de journalistes et reporters) sur le parvis du palais, où flottaient drapeaux multicolores de l'Afrique du Sud et drapeaux rouge et blanc de la Principauté, pour partager avec eux le cocktail offert et recevoir des mains du maire Georges Marsan leur cadeau de mariage de la part des Monégasques : une gouache de Kandinsky et un bronze de Bourdelle. 7810 résidents adultes avaient eu l'honneur de recevoir, en avril, un carton d'invitation pour cette rencontre. Le prince Albert, tout sourire, s'est fendu d'un court discours contrarié par des soucis de sonorisation, mais la princesse Charlene ne s'est pas exprimée, et a quitté l'estrade sans un mot. Voilà qui ne fait rien pour arranger la cote de popularité de celle que les Monégasques trouvent définitivement trop en retrait, et à laquelle ils reprochent de n'avoir toujours pas remédié à une grosse lacune : le français. Sa tenue n'aura sans doute pas non plus corrigé ce défaut de peps : certes sobre et sa silhouette mise en valeur dans sa robe longue bleu ciel couverte d'une veste assortie (un ensemble réalisé par un créateur français soucieux de ne pas se faire connaître), la princesse Charlene, souriante mais effacée, s'en tenait à un effet de style bien terne. Une entrée sur la pointe des pieds, avec très peu de saluts à la foule (les mains le plus souvent croisées devant elle, dans une attitude légèrement prostrée) dans la famille monégasque qui ne devrait pas réchauffer la cote de popularité de la très lisse Sud-Africaine sur le Rocher.
Aux abords de l'estrade, les familles des mariés : cette fois, on distingue bien également les élégants Charlotte, Andrea et Pierre Casiraghi, fils de la princesse Caroline, et Louis et Pauline Ducruet, enfants de la princesse Stéphanie.
Après l'hymne créé pour Charlene joué à la harpe, ce devait être au tour, à 18h30, de l'église Sainte-Dévote de faire retentir ses cloches en écho aux deux oui prononcés par Albert et Charlene. La chapelle de l'église située dans le quartier de la Condamine attend désormais de recevoir la mariée, qui doit, comme la princesse Grace avant elle et selon un rituel souhaité par feu Rainier III, venir déposer son bouquet sur l'autel contenant les reliques de la sainte patronne monégasque, à l'issue de la cérémonie religieuse conduite par Monseigneur Bernard Barsi.
Bain de foule et champagne à flots sur le port
Vers 20 heures, les jeunes mariés sont descendus sur le port pour un nouveau bain de foule, histoire de donner le coup d'envoi officiel des festivités : musique, braai (barbecue typique sud-africain), buffet organisé par le Fairmont et champagne Perrier-Jouët à discrétion pour une garden party qui devait accompagner les fêtards jusqu'à 22 heures et le début du show événement signé Jean-Michel Jarre.
Conviviale et certes cruciale sur le plan "administratif", la cérémonie civile n'était clairement, en termes de spectacle, qu'une mise en bouche avant la cérémonie religieuse de samedi, à laquelle tout le gotha, cours royales, chefs d'Etat et célébrités de tous horizons, doit prendre part dans la Cour d'Honneur du Palais Princier.
G.J.