Voilà bientôt deux ans que le mouvement #MeToo est lancé. Alyssa Milano est l'une des actrices qui a le plus pris la parole sur le sujet, elle a d'ailleurs été l'une des premières femmes à raconter les abus sexuels qu'un certain Harvey Weinstein lui a fait subir. Depuis, la star de Charmed avait lancé son podcast, Sorry not sorry ("désolée, mais en fait non"). Lundi 14 octobre, pour les deux ans du mouvement, elle a souhaité raconter un viol qu'elle a subi en 1993.
"J'ai partagé mes autres histoires #MeToo, mais je n'ai jamais partagé celle-là publiquement. C'était il y a presque vingt-cinq ans, mais c'est toujours très difficile d'en parler", prévient-elle, avant d'entrer dans les détails. "L'année qui a suivi Madame est servie, je travaillais dur pour me sortir de la case d'enfant-star dans laquelle m'avait mise la télévision. À l'époque, ça voulait dire accepter des rôles avec des scènes de sexe. L'un de ces films comportait une scène au cours de laquelle je faisais l'amour avec un homme de dix-sept ans mon aîné", poursuit Alyssa Milano, sans divulguer le titre du film.
"Quand on est pro, on apprend à gérer la situation, sans dépasser les limites, et en faisant fi du consentement, en accordant totalement notre confiance. Mais les prédateurs en sont incapables. Cet homme n'était pas un professionnel", poursuit-elle en évoquant cet homme qui l'aurait violée, en l'appelant "le prédateur", sans citer son nom.
Pendant six heures, j'ai tourné la scène avec l'homme qui venait de m'agresser sexuellement
"Il a profité de ce moment où j'étais vulnérable pour mettre ses mains sous mes vêtements et essayer d'insérer ses doigts en moi. Il m'a violée sur le tournage, alors que les caméras tournaient. Je me suis figée. (...) Je pleurais, j'avais peur et j'étais furieuse", poursuit Alyssa Milano, qui raconte que l'équipe de tournage n'a pas été d'une grande aide. "Juste après mon agression, le réalisateur du film m'a dit : 'Je suis désolé, je ne sais pas ce que tu veux que je fasse à propos de ça. Est-ce qu'il faut que j'appelle la police ?' Je me suis sentie piégée. Les gens attendaient beaucoup de moi, je portais le futur film sur mes épaules alors que j'étais en pleine détresse émotionnelle", se rappelle-t-elle. Sous la pression, elle finira par craquer et "retourner sur le plateau et continuer, pendant six heures, à tourner la scène avec l'homme qui venait de m'agresser sexuellement".
Sans dire son nom, elle révèle que son agresseur présumé est "toujours dans le milieu" et continue d'exercer son métier d'acteur. "Je voulais vraiment dévoiler son identité. Je veux qu'il subisse les mêmes conséquences qui me touchent encore après cette attaque. Je veux qu'il ressente la même anxiété et la même panique que moi quand je viens sur un plateau", martèle Alyssa Milano, qui ne veut pas en dire plus par respect pour sa compagne et ses enfants. "Je ne veux pas mettre en lumière les personnes qui ont travaillé avec moi sur ce film et les forcer à parler publiquement d'une affaire qui était privée. Je ne veux pas mettre en péril ma carrière ou ma stabilité financière si jamais il venait à porter plainte contre moi", a conclut l'actrice.