Après une longue campagne de 19 mois, Anne Hidalgo s'est imposée dimanche à l'issue du second tour des Municipales avec 53,34% des voix contre son adversaire Nathalie Kosciusko-Morizet, dont les listes cumulent 44,06% des suffrages. La numéro 2 de Bertrand Delanoë lui succède et devient, à 54 ans, la première femme maire de Paris. Une victoire éclatante... sur fond de débâcle.
"Ce soir Paris a gagné, c'est la victoire des valeurs républicaines, c'est la victoire de l'authenticité, la victoire d'une gauche fidèle à son idéal, et efficace dans son action", s'est réjouie Anne Hidalgo à l'issue du second tour. Sa rivale, NKM n'a pas manqué de décrocher son téléphone pour la féliciter. Peu de temps après, un tweet de remerciement de la nouvelle maire : "Je remercie @nk_m qui vient de m'appeler pour m'adresser ses félicitations républicaines."
Nahtalie Kosciusko-Morizet a tenu a rassurer ses partisans : "Sachez que mon engagement auprès de vous est total, profond, définitif. Nous avons encore tant de choses à faire ensemble... Ne soyez pas tristes. Un mouvement s'est créé, un espérance s'est levée. D'autres batailles s'annoncent, pour Paris, pour la France." Dans les prochains jours, NKM devrait annoncer si elle compte prendre la tête du groupe UMP au Conseil de Paris. "Aucun des combats de Paris ne me sera étranger", promet-elle sur Twitter.
Née le 19 juin 1959 à San Fernando en Espagne, Anne Hidalgo est la fille d'immigrés espagnols qui ont fui le franquisme en 1961. Naturalisée à 14 ans, elle grandit dans la cité lyonnaise de la Duchère. Elle est inspecteur du travail dans les années 80 et nommée en région parisienne en 1984. Elle s'engage auprès du Parti socialiste en 1994 et entre au cabinet de la ministre de l'Emploi Martine Aubry (réélue hier soir à Lille) trois ans plus tard. C'est là qu'Anne Hildago rencontre son second mari, Jean-Marc Germain, bras droit de Martine Aubry et député depuis 2012. Avec lui, elle a un troisième enfant.
La parcours d'Anne Hidalgo prend un tournant en 2001. Le nouveau maire de Paris Bertrand Delanoë choisit cette quasi inconnue pour être sa première adjointe. Aujourd'hui elle lui succède, il s'en félicite. Une femme maire ? "Une fois de plus, les Parisiennes sont des précurseurs et des bâtisseurs de progrès", a déclaré Delanoë qui décrit sa proche comme "douce, chaleureuse, séduisante et en même temps tenace et très déterminée".
Sauver les meubles
Si Anne Hidalgo remporte la mairie de Paris, le contexte est pour le moins délicat pour la gauche parisienne. NKM n'a pas manqué de le relever : "Nous progressons en nombre de voix de façon significative. Le scrutin change les équilibres du conseil, les socialistes n'y ont qu'une majorité relative." Et la droite conquiert un arrondissement clé, le neuvième, grâce à Delphine Bürkli.
Dans les autres arrondissements, le 5e reste à droite, le 7e également grâce à Rachida Dati (55,46% des voix)... Le 4e a bien failli basculer, mais reste à gauche pour quelques dizaines de petites voix ; le directeur de campagne de NKM annonce qu'il y aura d'ailleurs un recours sur ce scrutin. Dans le 10e, la liste Union de la gauche, sur laquelle se trouve la ministre déléguée à la Francophonie Yamina Benguigui, s'est largement imposée avec 66% des voix...
La claque est nationale pour le PS et si Anne Hidalgo sauve la capitale, la région Île-de-France connaît elle aussi une vague bleue : une trentaine de villes basculent à droite. C'est "une des soirées électorales les plus tristes" vécues par Jean-Paul Huchon, président PS de la région.