Europe 1 est en crise. Ce mercredi 30 juin 2021, environ 150 personnes se sont rassemblées devant les locaux de la radio. Des journalistes pour la plupart ont dénoncé "l'emprise croissante" du milliardaire Vincent Bolloré sur la radio du groupe Lagardère, vouée à se rapprocher de CNEWS au risque de devenir, selon les manifestants, un "média d'opinion".
Employés de la station de radio, mais aussi confrères d'autres médias, syndicalistes ou défenseurs de la liberté de la presse ont répondu à l'appel de l'intersyndicale (SNJ-CGT-CFTC-FO) et de la société des rédacteurs (SDR) d'Europe 1, qui disent "s'inquiéter de l'emprise croissante de Vincent Bolloré dans les médias". Parmi les manifestants présents, Anne Sinclair ou encore Patrick Cohen ont fait entendre leurs voix.
Ce rassemblement était organisé en marge de l'assemblée générale des actionnaires de Lagardère. Elle a entériné la transformation du groupe en société anonyme, mettant fin au pouvoir absolu d'Arnaud Lagardère au profit de son premier actionnaire, Vincent Bolloré, qui contrôle Vivendi et sa filiale Canal+, maison-mère de CNEWS.
Europe 1 est une "radio qui a toujours préféré l'information à la controverse", a fait valoir la journaliste Anne Sinclair, ancienne de la station, soucieuse "que cela perdure, surtout avant la présidentielle". "Ce qui nous rassemble aujourd'hui, c'est une conception de l'information", une "éthique de responsabilité vis-à-vis de la société", a lancé à la foule Patrick Cohen, qui anime la tranche de la mi-journée sur Europe 1. "Le modèle qui est en train de gagner", c'est celui qui cherche à créer "des fractures, à dresser une partie de la France contre l'autre, y compris par des appels à la haine" jugés "par les tribunaux", a-t-il déploré, évoquant le cas du polémiste Eric Zemmour.
A l'issue du mouvement, la direction s'est engagée à négocier un dispositif semblable à la clause de conscience, un dispositif qui permet aux journalistes en désaccord avec un changement de ligne éditoriale de partir avec des indemnités. Mais "la mobilisation ne s'arrête pas", a assuré Olivier Samain, délégué syndical SNJ, promettant d'"autres actions".