C'est en citoyen du monde conscient et engagé, mais aussi en père de famille de deux enfants (Wyatt, 2 ans, et Dimitri, bientôt 3 mois) qu'Ashton Kutcher a livré un discours superbe devant le Sénat américain, mercredi 15 février. La séquence vidéo a fait le tour du monde et montre l'acteur de Mon oncle Charlie, au bord des larmes, en train d'évoquer le tourisme sexuel et l'exploitation sexuelle des enfants, ainsi que la pédophilie sur internet.
La star hollywoodienne explique ainsi accepté une mission, celle de "concevoir des logiciels afin de lutter contre le trafic d'êtres humains et l'exploitation sexuelle des enfants". En 2009, alors en couple avec Demi Moore, il a monté une organisation, Thorn, et il est parti sur le terrain pour voir de ses propres yeux une autre réalité que beaucoup ignorent. "J'ai suivi des raids au FBI, où j'ai vu ce que personne ne devrait jamais voir, avoue le comédien, les yeux rougis et larmoyants. J'ai vu une vidéo d'une enfant du même âge que le mien [Il parle de sa fille Wyatt, NDLR], violée par un Américain qui pratiquait le tourisme sexuel au Cambodge. Cette enfant était si conditionnée par son environnement qu'elle pensait qu'elle était en train de jouer."
C'est ça, mon boulot de tous les jours, et je ne compte pas m'arrêter
Ému, les cheveux en pagaille, le mari de Mila Kunis poursuit son récit la voix tremblante. "Je me suis retrouvé au téléphone avec mon équipe qui demandait mon aide, parce que le département de la Sécurité intérieure avait appelé en disant qu'une fillette de 7 ans était victime d'abus sexuels, qu'une vidéo se propageait sur le dark web depuis trois ans et qu'ils n'arrivaient pas à en trouver l'auteur. C'est ça, mon boulot de tous les jours, et je ne compte pas m'arrêter", raconte l'acteur, plus motivé que jamais.
Loin d'Hollywood, Ashton poursuit donc un combat très noble. En 2016, son ONG Thorn affirme avoir débusqué 2000 trafiquants sexuels et identifié 6000 victimes grâce à un travail exclusivement en ligne. Thorn dit travailler en lien avec de grandes entreprises spécialisées dans les nouvelles technologies pour chercher et dénoncer les trafiquants sur internet, mais aussi avec le FBI. Ashton Kutcher clame quant à lui avoir rencontré des victimes russes, indiennes, mexicaines, mais aussi américaines. Pour illustrer son propos, il a donné l'exemple d'une adolescente de 15 ans, Amy, qui a subi des violences dans le cadre d'une exploitation sexuelle. Trois jours plus tard, grâce à la mobilisation de Thorn, elle était de retour dans sa famille.
On m'appelé pour savoir si je pouvais la sauver, et j'ai répondu non. Cela m'a dévasté !
Devant le Sénat, Ashton Kutcher a donc tenté de convaincre que la Toile ne représentait pas que le mal, mais qu'elle pouvait être utilisée comme "un outil" pour rechercher le bonheur, répandre le bien et chercher la justice. "La technologie peut permettre l'esclavage, comme elle peut l'en empêcher. À nous de faire les bons choix. Tor [le réseau le plus connu du dark web, NDLR] était une bonne chose au départ", assure Kutcher.
Le comédien philanthrope a manqué de fondre en larmes lorsqu'il a décrit et partagé sa frustration d'avoir été incapable d'aider le Department of Homeland Security à localiser une enfant filmée pendant qu'elle était violée et dont la vidéo postée sur le dark web continuait à circulait. "On m'appelé pour savoir si je pouvais la sauver, et j'ai répondu non. Cela m'a dévasté, a-t-il déclaré. Cela m'a hanté. Parce que, chaque soir, je devais aller me coucher et penser à cette petite fille qui devait encore être abusée, et le fait est que si j'avais construit le bon outil, nous aurions pu la sauver. Donc c'est ce que nous avons fait. Et maintenant, si je reçois de nouveau un tel appel téléphonique, la réponse sera oui."