Si la famille royale britannique a connu deux mariages en l'espace de quelques mois, avec les noces successives, célébrées à Windsor, du prince Harry puis de la princesse Eugenie d'York, les temps sont à la noce aussi du côté de la famille impériale du Japon. En attendant l'union, repoussée à 2020 pour laisser le temps à la famille du prétendant de résoudre des problèmes financiers, de la princesse Mako d'Akishino, aînée des petits-enfants de l'empereur Akihito, et de son fiancé Kei Komuro, étudiant en droit, c'est la princesse Ayako de Takamado qui a épousé le 29 octobre 2018 son compagnon.
Benjamine des trois filles du défunt prince Norihito de Takamado, cousin germain de l'empereur décédé en 2002 à l'âge de 47 ans, la princesse Ayako s'est mariée avec Kei Moriya, un homme d'affaires de 32 ans employé de l'entreprise de transport maritime japonaise Nippon Yusen Kaisha avec qui elle s'était formellement fiancée le 12 août dernier. De par son mariage avec ce roturier, Ayako a abandonné son statut royal et ne fait plus partie de la famille impériale japonaise, conformément aux règles du trône du Chrysanthème. Mais que pèse un titre en comparaison de l'amour d'une vie ? "Je suis comblée de bonheur", a d'ailleurs confié la jeune femme de 28 ans à l'issue de la cérémonie traditionnelle, qui a eu lieu en privé en présence de la famille impériale au temple Meiji, sanctuaire tokyoïte à la mémoire de l'empereur du même nom, son arrière-arrière-grand-père. Les cheveux coiffés d'une manière typiquement aristocratique, Ayako est arrivée dans un kimono crème à motif floral au bras de son époux en queue-de-pie ; après cette cérémonie qui a inclus un échange d'alliances et une tasse de saké, elle arborait un autre kimono, rouge. "Je veux la soutenir solidement et, main dans la main, construire avec elle une famille heureuse et pleine de rires", a commenté le marié devant les journalistes, soulignant combien il trouvait sa femme "magnifique".
Trois jours plus tôt, le couple avait au préalable accompli un autre rituel, rendant hommage à la dynastie impériale dans les trois sanctuaires du palais, Kashikodokoro, Koreiden et Shinden. Une manière pour la princesse, désormais Mme Ayako Moriya, de dire adieu à la famille qu'elle quitte... "Je vais quitter la famille impériale aujourd'hui, mais mon soutien restera le même envers Leurs Majestés l'empereur et l'impératrice", a-t-elle toutefois glissé lundi.
Depuis trois générations, les membres de la famille impériale peuvent choisir leur partenaire en toute liberté, mais les règles d'exclusion visant les femmes sont strictes et, malgré la pénurie criante d'héritiers mâles au sein du clan, qui menace la dynastie d'extinction, la nécessaire révision de la loi de la maison impériale se heurte aux réticences des conservateurs. Actuellement, il n'y a que quatre héritiers au trône de l'empereur Akihito, qui abdiquera le 30 avril 2019 : le prince héritier Naruhito, qui a une fille unique, son frère le prince Fumihito, son neveu le prince Hisahito, ainsi que le prince Masahito, frère de l'empereur et âgé de 82 ans.
C'est par l'entremise de sa mère la princesse Hisako que la princesse Ayako avait fait en décembre 2017 la connaissance de celui qui allait devenir son mari et dont elle loue la nature "gentille, brillante et déterminée" : "Je ne sais pas quelles étaient les intentions de ma mère lorsqu'elle me l'a présenté, mais tous les deux, nous sommes sortis ensemble dans différents endroits, avons partagé notre temps et nos souvenirs, et nous avons tout naturellement été attirés l'un vers l'autre, avait relaté la jeune mariée l'été dernier. Je crois que si nous avons pu en arriver là, c'est grâce aux merveilleux liens initiés par nos mères." Pour autant, elle n'avait pas dit oui immédiatement lorsque Kei Moriya avait fait sa demande, au cours d'un dîner au restaurant : "C'était vraiment soudain, s'était remémoré Ayako, alors je lui ai demandé de me laisser un peu de temps pour lui répondre. Puis nous avons approfondi notre relation, y compris avec notre famille, nos amis et notre entourage, et j'ai pris la décision d'accepter."