Acclamé depuis sa présentation hors compétition lors du Festival de Cannes puis lors de sa sortie en salles, le film Bac Nord avec Gilles Lellouche et Karim Leklou fait un carton au box office français, approchant les deux millions d'entrées. De quoi ravir son réalisateur, Cédric Jimenez. Pourtant, c'est un véritable coup de gueule que le cinéaste a souhaité faire passer, en raison de la récupération politique dont fait l'objet son travail. Sur France Inter, il a ainsi réagi aux éloges que l'extrême-droite fait de son long métrage, après avoir longuement hésité à le faire.
Depuis la sortie du film au mois d'août, plusieurs personnalités politiques ont pris en exemple Bac Nord pour justifier leurs arguments. Ainsi, Eric Zemmour et Marine Le Pen ont cité le long métrage pour illustrer leur vision de l'état de la France et leur politique sécuritaire. Le réalisateur Cédric Jimenez ne voulait pas donner plus de visibilité à la parole d'extrême-droite, mais voyant l'ampleur que cela prenait, il a rappelé sur France Inter "le sens de son film et sa juste interprétation".
"C'est de la pure récupération politique" s'indigne Cédric Jimenez, profondément heurté par la récupération de son travail. "Un film reste un film, c'est une fiction qui raconte un fait divers bien particulier, ça ne raconte pas l'ensemble des quartiers nord." Il poursuit : "Moi je ne suis pas du tout d'accord avec eux, je ne veux pas être associé à eux. Ils ne représentent pas nos valeurs. Je ne veux pas que 'Bac Nord' serve leur campagne pseudo sécuritaire. Éric Zemmour prend le mauvais exemple, il interprète le film d'une mauvaise façon. Il n'a que ça à dire ? C'est aberrant. Ce monsieur n'est pas sérieux. Ils utilisent ce film pour dire des choses affreuses, avec lesquelles je suis plus que pas d'accord." Citer un film est représentatif du "vide politique" de la campagne, estime le cinéaste.
Cédric Jimenez est né à Marseille il y a quarante-cinq ans : "Il y a une grande diversité et beaucoup de joie, j'ai de super souvenirs. La cité ce n'est pas 'Bac Nord'. 'Bac Nord', c'est une affaire policière. Le film ne s'appelle pas quartier nord !" Pour lui, le long-métrage parle du travail de la police et sa récupération n'aurait pas eu lieu s'il n'y avait pas eu la campagne des présidentielles. "Quand on est candidat à la présidence de la République, on ne prend pas un film comme exemple. Ce n'est pas sérieux, on présente un programme. Surtout en mettant sur le film des valeurs qu'il ne représente pas. Il faut au contraire ouvrir le dialogue social, former les flics pour plus de pédagogie, pour qu'ils soient prêt à communiquer avec les quartiers", clame haut et fort le réalisateur à qui l'on doit aussi La French.