Un lieu atypique, une guest list raccourcie au strict minimum, des parrains et marraines déjouant les pronostics, un bébé magnifique et plein de vie dans sa robe sacrée et des parents aussi comblés que déterminés à vivre la vie qu'il leur sied : le baptême du prince George de Cambridge, premier enfant du prince William et de Kate Middleton, célébré mercredi 23 octobre 2013 dans la chapelle royale du palais Saint James, à Londres, est entré dans l'histoire de la monarchie britannique à plus d'un titre.
Première apparition (craquante) du prince George depuis le lendemain de sa naissance
Pour une cérémonie extrêmement intimiste, il y avait bien du monde dans les rues aux abords de Buckingham Palace et du palais Saint James tout voisin. Une foule qui s'est échauffée lorsque, quelques minutes avant 15h heure locale (16h en France), la voiture convoyant le duc et la duchesse de Cambridge avec leur petit prince a longé Green Park, laissant Buckingham Palace, son salon de musique et les fastes de dizaines de baptêmes royaux passés sur sa droite. L'occasion d'apercevoir par les vitres du véhicule Kate Middleton, en tenue claire (Alexander McQueen, avec chapeau Jane Taylor, des références dont elle est coutumière), et le prince George, mignon poupon de trois mois et un jour avec ses joues bien potelées et sa robe de baptême (réplique exacte portée initialement en 1841 par la princesse Victoria puis par les dizaines de bébé royaux qui suivirent, jusqu'en 2004), dont des images n'ont pas tardé à circuler sur les réseaux sociaux. Encore quelques dizaines de mètres avant de rallier le palais Saint James et sa chapelle royale construite au XVIe siècle sous Henry VIII où William et Harry se recueillirent en 1997, adolescents, auprès de la dépouille de leur mère Lady Di. Et où Kate Middleton avait secrètement effectué en 2011 sa confirmation dans l'Église anglicane, avant d'épouser le futur roi d'Angleterre.
Un cortège minuscule, une cérémonie expresse
Vingt-deux invités en tout et pour tout, en incluant la reine Elizabeth II, les quatre parrains et trois marraines dont l'identité avait été dévoilée quelques heures plus tôt ainsi que leurs conjoints : le duc et la duchesse de Cambridge ont décidé d'affirmer une fois de plus tant leur modernité que leur spécificité, caractérisée par leur volonté de gérer leur vie privée comme ils l'entendent. Des admirateurs s'étaient rassemblés dès les premières heures de la journée dans Marlborough Road, mais ce n'est que peu après 13h que les happy few invités à se réunir dans le sanctuaire du palais Saint James ont commencé à affluer.
À ce moment-là, l'archevêque de Canterbury Justin Welby devait achever de se préparer pour conduire la cérémonie, d'une durée globale de 45 minutes environ (dont 25 pour le baptême en lui-même). Le chef de l'Église anglicane était fin prêt, comme en témoignait un message vidéo qu'il avait enregistré et diffusé la veille au sujet du "merveilleux cadeau" qu'est le prince George de Cambridge pour sa famille et pour le royaume. Après le service, l'assemblée avait rendez-vous à Clarence House, juste derrière le palais St James, où le prince Charles et la duchesse Camilla offraient le thé avec un gâteau de baptême provenant du gâteau de mariage (celui réalisé par Fiona Cairns) de William et Kate - il semble être de coutume, pour les jeunes mariés britanniques, de congeler l'étage supérieur de leur gâteau de mariage en vue du baptême de leur premier-né.
Les parrains et marraines ont été les premiers sur place, comme le protocole l'exigeait. Le prince William et sa femme Catherine ont encore une fois marié tradition et modernité en faisant appel à des amis. Choisie comme marraine, Zara Phillips, cousine du prince William et elle-même enceinte de son premier enfant, est la seule membre de famille royale sollicitée pour ce rôle : c'est à la fois un lien avec la tradition, mais aussi, vu de l'extérieur, un clin d'oeil à l'histoire familiale (dans les années 1980, la famille royale avait été secouée par une brouille exécrable, suite au refus de la princesse Diana de faire, comme le souhaitait son mari le prince Charles, de la princesse Anne la marraine de William, en 1982, puis d'Harry, en 1984. S'en était suivie une période de guerre froide, le duc d'Edimbourg prenant notamment ses distances avec le ménage de son fils aîné). Le duc et la duchesse de Cambridge ont par ailleurs choisi de faire appel à des amis précieux et des proches jouant un rôle-clé à leurs yeux : à ce titre, outre Emilia Jardine-Paterson, une amie de Kate Middleton connue sur les bancs du Marlborough College, Oliver Baker, amitié nouée à l'Université de St Andrews où ils se sont connus, Hugh Grosvenor, ou encore William van Cutsem, ami d'enfance que William et sa famille avaient soutenu lors des obsèques de son père Hugh le 11 septembre dernier, William et Kate ont demandé à Julia Samuel, qui fut une amie intime et grande confidente de Lady Di, et dont William soutient l'association Child Bereavement Trust, et à Jamie Lowther-Pinkerton, leur secrétaire particulier depuis 2005, fonction dont il s'est retiré (du moins, de son temps plein) en septembre 2013 tout en restant présent pour former l'équipe qui lui succède, de veiller spirituellement sur leur fils.
Après une première colonne de véhicules, passée sans s'arrêter vers 13h20, le prince Charles et son épouse Camilla, qui venaient de prendre congé d'Aung San Suu Kyi à Clarence House, furent les premiers membres de la famille royale à arriver, à 13h45, suivis d'une demi-heure environ par son fils cadet, le prince Harry, dont la présence éventuelle de la petite amie Cressida Bonas en ce jour important pour la monarchie avait été sujette à spéculations. Elle n'était pas sur la liste des invités publiée par le palais.
Le prince William détendu, la duchesse Catherine sublime, le prince George... calme !
Alors que Zara Phillips et son mari Mike Tindall, qui deviendront parents au mois de janvier, arrivaient au palais Saint James, le duc, la duchesse et le prince de Cambridge quittaient leur domicile du palais de Kensington. Sur le perron, l'archevêque de Canterbury et l'évêque de Londres attendaient leurs ouailles, et les saluaient à mesure. Le clan Middleton - Michael et Carole (en robe blanche et manteau bleu), grands-parents maternels de George, et Pippa (robe crème Suzanna Crabb) et James - s'est présenté en une fois. Le ton crème, porté par Kate, Pippa ou encore Camilla Parker Bowles, semblait le dress code idéal, en écho à la robe baptismale du prince George. Une pièce particulière, qu'on a pu découvrir lorsque le prince William, son épouse Catherine à ses côtés, est apparu avec son fils dans les bras, vêtu d'une réplique de la robe de baptême que portait en 1841 la princesse Victoria, fille de la reine Victoria. Fatiguée après avoir servi pour une soixantaine de baptêmes royaux depuis, la robe d'origine, trop fragile, a été remplacée après le baptême de Lady Louise Windsor en 2004 et à partir de celui de son frère James, vicomte Severn, en 2008, par une réplique confectionnée par Angela Kelly, couturière de la reine. C'est donc sa deuxième sortie. Les fonts baptismaux (Lily Font), également ceux créés et utilisés pour le baptême de la princesse Victoria, sont en revanche bien ceux d'origine et avaient été acheminés depuis leur lieu de "stockage", à savoir la Tour de Londres.
"C'est la première fois qu'il est calme de toute la journée", aurait plaisanté à propos de son petit George, d'ordinaire bruyant selon ses précédentes confidences, le prince William à son entrée dans le palais, à la suite de son père le prince Charles et de sa grand-mère la reine Elizabeth II. Il n'aura pas eu à rester sage trop longtemps : la cérémonie n'aura en fait duré qu'une trentaine de minutes, les invités partant pour Clarence House dès 15h35, le bébé quittant les lieux dans les bras de sa maman. Le prince Harry et Pippa Middleton, qui seront de toute manière un oncle et une tante aux petits soins à défaut d'être parrain et marraine, ont fait des lectures lors du service, au cours duquel ont été joués deux hymnes et deux cantiques également choisis par le duc et la duchesse de Cambridge : Breathe on Me, Breath of God et Be Thou My Vision pour les hymnes, Blessed Jesus Here we Stand (écrit par Richard Popplewell pour le baptême du prince William en 1982) et The Lord Bless You and Keep You (de John Rutter). La Fantaisie en sol majeur de Bach et la Toccata de la Symphonie n°5 de Widor ont accompagné l'office.
Le baptême du prince George de Cambridge, amené un jour à être chef suprême de l'Église anglicane et défenseur de la foi en cas d'accession au trône, doit donner lieu à un portrait historique, représentant le souverain actuel - la reine Elizabeth II - avec trois générations de monarques - Charles, William, George -, pour la première fois depuis plus d'un siècle : Jason Bell, photographe de mode réputé pour son travail avec des revues comme Vogue et des stars comme Johnny Depp et Scarlett Johansson, a eu l'honneur d'être désigné par les jeunes parents pour cette contribution essentielle à l'histoire de la monarchie britannique.