A moins de s'appeler Bob Dylan et de pouvoir justifier de cinquante années passées à bousculer la vie culturelle américaine, peu peuvent prétendre, reçus à la Maison Blanche, à garder leurs lunettes noires sur le nez face au président des Etats-Unis.
L'icône de la protest song et de la folk music a joui de ce privilège mardi 29 mai 2012 alors que Barack Obama, 24 heures après avoir honoré en compagnie de son épouse Michelle une cérémonie de commémoration sur la tombe du soldat inconnu au cimetière d'Arlington, lui remettait la Médaille présidentielle de la liberté, plus haute décoration civile que les Etats-Unis aient à accorder. Car, dans la salle Est de la résidence présidentielle, c'est bien Barack Obama qui était fan de Bob Dylan, et non l'inverse. Comme si la Maison Blanche n'était qu'une escale de plus du Never Ending Tour, la tournée perpétuelle de l'artiste de 71 ans, qui a repris cette année en avril, au Brésil, et passera en Europe cet été.
"Aujourd'hui, tout le monde, de Bruce Springsteen à U2, doit beaucoup à Bob. Il n'y a pas de plus grand géant dans l'histoire de la musique américaine", s'est enflammé le président des Etats-Unis, qui remettait lors de cette session extraordinaire la Médaille présidentielle à treize personnes auteures d'une contribution particulièrement méritoire aux intérêts nationaux. Bob Dylan n'était que la deuxième figure du monde de la musique à recevoir cette médaille des mains du président Obama, après le violoncelliste vedette Yo-Yo Ma en 2011. "Après toutes ces années, il est toujours à la recherche d'un son, d'un petit peu de vérité, et je dois dire que je suis vraiment un grand fan", a ajouté Barack Obama, né en 1961 un an avant la sortie du premier album de Bob Dylan, précisant que la découverte de ses chansons lorsqu'il faisait ses études avait ouvert sa vision du monde "parce que (Dylan) avait saisi quelque chose de vital au sujet de ce pays".
Parmi les douze autres personnalités honorées de la sorte, et que Barack Obama considère personnellement comme des "héros", figuraient la romancière Toni Morrison (Prix Pulitzer en 1988 pour Beloved et Nobel de littérature en 1993 pour l'ensemble de son oeuvre), l'ancienne secrétaire d'Etat Madeleine Albright ou encore l'astronaute John Glenn. Le président israélien Shimon Peres doit pour sa part accepter sa médaille lors d'une cérémonie ultérieure.