403 millions d'euros. C'est la somme accordée par un tribunal arbitral à Bernard Tapie en 2008 pour mettre un terme au conflit l'opposant au Crédit Lyonnais, dans le cadre de la vente d'Adidas à la banque publique en 1992. Ministre de l'Économie à l'époque, Christine Lagarde est depuis août 2011 visée par une enquête sur son rôle dans le dénouement de cette affaire. Aujourd'hui, jeudi 24 janvier, l'affaire connaît un nouveau rebondissement. Selon LeMonde.fr, la brigade financière a mené deux perquisitions spectaculaires aux domiciles de Bernard Tapie et de l'actuel PDG de France Telecom, Stéphane Richard, ex-directeur de cabinet de Christine Lagarde.
D'après le quotidien, les enquêteurs ont mené ces perquisitions sur commission rogatoire de trois juges du pôle financier parisien, Serge Toumaire, Guillaume Daïeff et Claire Thépaut. Depuis septembre 2012, ces derniers sont en charge d'une information judiciaire ouverte pour "usage abusif de pouvoirs sociaux et recel de ce délit", au préjudice du Consortium de réalisation (CDR), fondé en 1995 pour gérer la quasi-faillite du Crédit Lyonnais. Cette structure est soupçonnée d'avoir favorisé Bernard Tapie dans la procédure d'arbitrage voulue par Christine Lagarde, l'actuelle patronne du Fonds Monétaire International (FMI), qui a permis au sulfureux homme d'affaires, nouveau propriétaire du groupe Hersant Médias, d'empocher 403 millions d'euros.
Mercredi 23 janvier, veille des perquisitions, les juges ont obtenu du parquet de Paris l'extension de leur saisine aux faits de "détournement de fonds publics" et de "faux", toujours selon LeMonde.fr. L'enquête de la brigade financière rejoint l'instruction ouverte depuis août 2011 pour "complicité de détournement de biens publics" et "complicité de faux", visant Christine Lagarde. La patronne du FMI pourrait ainsi être bientôt convoquée par la Cour de justice de la République (CJR) sous un statut (témoin assisté ou mis en examen) encore inconnu. En mai 2011, un rapport de Jean-Louis Nadal, alors procureur général auprès de la Cour de cassation, évoquait "l'implication personnelle de la ministre" dans l'arbitrage du conflit et l'accusait d'avoir "constamment exercé ses pouvoirs ministériels pour aboutir à la solution favorable à Bernard Tapie".
Outre cette perquisition, Bernard Tapie devrait rapidement refaire parler de lui dans le cadre du feuilleton Hersant Médias, groupe qu'il a acheté en décembre dernier sur fond de polémique. Une commission d'enquête parlementaire a en effet été demandée par le député PS des Bouches-du-Rhône Patrick Menucci pour "essayer de comprendre les mécanismes ayant conduit le groupe Hersant dans cette situation financière et les termes de la cession car il y a des choses troublantes". Une requête acceptée qui a été qualifiée de "tartufferie" par Bernard Tapie, lequel a tout de suite rappelé qu'il s'agissait d'une "mission d'information" et qu'il n'y aura "pas d'enquête". Du côté de Hersant Médias, certains accusent tout simplement Patrick Menucci de voir d'un mauvais oeil la potentielle candidature de Bernard Tapie aux élections municipales de 2014 à Marseille. Des difficultés qui n'arrêtent pas l'homme d'affaires puisque Le Point vient de révéler que Bernard Tapie comptait désormais acheter Sud Radio.