Sonné. Bernard Tapie a pris la décision de la cour d'appel de Paris comme un direct de Mike Tyson aux plus belles heures de la carrière du boxeur. Condamné à rembourser plus de 404 millions d'euros touchés dans le cadre de l'arbitrage avec le Crédit lyonnais après la vente d'Adidas, Bernard Tapie est K.O. Et assure dans un entretien au Monde qu'il n'a pas les moyens de payer cette somme astronomique...
Pourquoi tant de haine ?
Bernard Tapie ne s'y attendait pas. L'homme fort de l'Olympique de Marseille dans les années 1990 était loin d'imaginer qu'il aurait à rembourser plus de 400 millions d'euros... "Elle est tellement féroce qu'au-delà de la décision elle-même, je me pose une question majeure : pourquoi tant de haine ? Parce que, vraiment, quand on lit le jugement, on sent que je leur ai inspiré de la haine, aux magistrats", lâche-t-il dans un entretien accordé au Monde et à retrouver sur le site du quotidien.
Dépité, Bernard Tapie l'est totalement. D'autant qu'il ne possède pas cette somme... Il explique en effet que le groupe Bernard Tapie a touché 245 millions d'euros suite à l'arbitrage de 2008. Dont 45 millions qui sont revenus à l'homme d'affaires et qu'il a partagé avec son épouse. Sur les 22 millions qu'il a donc réellement touchés, Bernard Tapie en a injecté 20 dans les comptes de La Provence lors de son rachat... "C'est ahurissant, la justice me demande de rembourser des sommes astronomiques que je n'ai même pas touchées !", explique-t-il, alors que la justice lui demande également de payer le coût de l'arbitrage - estimé à plus d'1 million d'euros -, les frais de justice et aussi les intérêts.
Ruiné de chez ruiné
Une somme que Bernard Tapie assure ne pas pouvoir payer : "Donc, ils vont me mettre en liquidation personnelle et vendre tout ce que j'ai, y compris ma maison que j'ai achetée il y a vingt-huit ans." Quant à La Provence, l'homme se veut rassurant, toutes les dispositions ayant été prises pour assurer l'avenir de la publication.
"Mais moi, je suis ruiné. Ruiné de chez ruiné. Plus rien. Tout va y passer, tout", concède-t-il depuis le cabinet de son avocat Emmanuel Gaillard, avant d'expliquer comment, selon lui, une telle situation a pu se produire : "Que s'est-il passé en réalité ? On ouvre une information pénale grâce à laquelle on met en examen des gens et dans laquelle la brigade financière fait un rapport intermédiaire qui est, je le dis, un tissu de mensonges... Et la cour d'appel va se servir de ce tissu de mensonges pour dire : l'arbitrage est frauduleux. Et rendre in fine une décision inique."
Mais Bernard Tapie n'est pas le genre d'homme à se laisser abattre. Bien au contraire. Passé le choc de la décision et oublié le stress du verdict, le businessman compte bien contre-attaquer : "Oui, je suis K.O, je suis très malheureux (...) Mais je me connais, cet état d'abattement ne va pas durer longtemps. J'ai dit tout à l'heure à mon fils : 'Je n'ai pas dormi depuis une semaine tellement j'attendais cette décision. Maintenant, on la connaît, très bien : ils veulent la guerre, ils vont l'avoir.' "
Bernard Tapie, un entretien à retrouver dans son intégralité et en exclusivité sur le site internet du Monde .