Bernard Vaussion. Son nom ne vous dit peut-être rien, mais c'est l'homme qui 40 ans durant a fait frétiller les papilles de six présidents successifs à l'Élysée et d'un parterre de chefs d'État du monde entier. Mais comme toute les bonnes choses ont une fin, celui qui fait actuellement le bonheur de François Hollande s'apprête à rendre son tablier à la fin du mois. L'occasion de revenir sur sa longue et belle carrière aux fourneaux du palais dans Le Parisien et de connaître les menus préférés de nos présidents de la Ve république...
Le 2 janvier 1974, alors qu'il rentre pour la première fois dans l'immense cuisine de 500 m² de l'Élysée en tant que commis, Bernard Vaussion ne s'imagine pas qu'il y passera les quarante prochaines années de sa vie. Et pourtant, il va bien connaître six présidents, aucun n'ayant voulu déloger ce grand chef. "Ils m'ont tous confirmé à mon poste, ce qui n'était pas évident, un nouvel élu a parfaitement le droit de changer ses équipes", raconte-t-il fièrement.
Car toujours à l'écoute et attentif à ce que le chef d'État laisse dans l'assiette, Bernard Vaussion s'adapte à tous les goûts. Celui de François Mitterrand ? "Surtout le poisson et les fruits de mer. Il adorait les crustacés et les huîtres", se souvient-il. Jacques Chirac était-il bien l'amoureux de la Corona - même si on la récemment vu siroter une Pina Colada à Saint-Tropez - et de la tête de veau comme on le racontait à l'époque ? Il répond et révèle certains autres de ses plats préférés. "Chirac raffolait de la choucroute et des escargots. Avec toujours une Corona au frais. Quant à la tête de veau, je lui en ai simplement fait deux fois en douze ans. J'ai l'impression que c'était un mythe qu'il aimait entretenir", précise-t-il.
Connu pour sa passion du vélo et du jogging, Nicolas Sarkozy aura pour sa part la particularité de demander des menus diététiques. "Il était fan de chocolat. Mais il était aussi sportif. Rapidement, il nous a demandé une cuisine plus légère : de la viande blanche, du poisson à la plancha, des recettes vapeur", raconte-t-il. Quant à François Hollande, il comble le cuisinier, tout comme Valérie Trierweiler, qui mange "comme lui " et laisse une grande liberté au chef. "Il n'est pas difficile, il aime tout. Le veau, le boeuf, le canard, les plats en sauce, le fromage. Je suis content de terminer avec un gourmet", se réjouit-il. Voilà peut-être la raison pour laquelle le président a un peu grossi depuis son arrivée au Palais...
Mais d'ici à quinze jours, François Hollande n'aura plus droit aux somptueux et raffinés plats de Bernard Vaussion. Le président peut toutefois être rassuré, c'est son adjoint Guillaume Gomez, Meilleur Ouvrier de France en 2004 - à 25 ans seulement, un record - et sous la coupe de l'actuel chef de l'Élysée depuis 1997, qui prendra le relais. Celui qui a fait frétiller de plaisir la reine Elizabeth II, George W. Bush, Barack Obama, Angela Merkel - elle l'a félicité pour ses "fabuleux légumes" -, mais aussi des dictateurs comme Ceausescu ou Bachar al-Assad, aura évidemment droit à une belle sortie, puisque François Hollande a prévu une petite réception pour son chef, le 30 octobre. Quarante ans après son arrivée, il repartira avec les honneurs, devant sa famille, ses amis, son successeur Guillaume Gomez, et de nombreuses personnalités de la gastronomie française, avant de devenir président honoraire du Club des chefs de chefs, l'association des cuisiniers présidentiels.