Mercredi 7 mars 2018, le traditionnel dîner du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) était organisé à Paris, au Carrousel du Louvre, en présence d'un millier d'invités, dont une quinzaine de ministres et une vingtaine d'ambassadeurs. Pour Emmanuel Macron, il s'agissait ainsi de son premier événement sous son quinquennat.
Venu au bras de son épouse Brigitte, ravissante en chemise blanche et tailleur noir, le président de la République a donc profité de cet événement pour prononcer un discours engagé, promettant une lutte renforcée contre la haine raciste et antisémite qui prospère sur internet et affirmant sa volonté de poursuivre "un combat permettant de légiférer pour contraindre les opérateurs à retirer dans les meilleurs délais" les contenus haineux de la Toile, rapporte l'AFP.
Dans les prochains mois, une mission sera ainsi confiée par le gouvernement au vice-président du CRIF, Gil Taïeb, et à l'écrivain franco-algérien Karim Amellal. Ce combat "doit non seulement impliquer les pouvoirs publics mais aussi la société civile et les plateformes", a souligné le chef de l'État, désignant l'antisémitisme comme "le contraire de la République" et le "déshonneur de la France". "Aucune piste ne sera écartée, y compris la possibilité de légiférer dans ce domaine", a-t-il assuré en citant comme "exemple inspirant" la législation allemande, qui menace les plateformes internet de lourdes amendes en cas de diffusion de messages de haine.
Lors de cette soirée, Emmanuel Macron a retrouvé la compagnie du président du CRIF Francis Kalifat, qui avait un peu plus tôt souhaité que les entreprises internet "assument les mêmes responsabilités que les éditeurs de presse", soumis à un cadre juridique strict.
Parmi les nombreux invités présents figuraient notamment la maire de Paris Anne Hidalgo, le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb, la ministre de la Justice Nicole Belloubet, Valérie Pécresse, Maurice Lévy, le préfet Michel Cadot, le Grand rabbin de France Haïm Korsia, le baron Eric de Rothschild, le chirurgien Sydney Ohana, la diplomate israélienne Aliza Bin-Noun, l'avocat franco-israélien Arno Klarsfeld, la directrice générale de l'UNESCO Audrey Azoulay ou bien encore le journaliste Claude Lanzmann.
Par ailleurs, le combattant pour la mémoire de la Shoah Serge Klarsfeld a reçu avec son épouse Beate le prix du CRIF 2018. Au cours de la soirée, le défenseur a désapprouvé la volonté de l'éditeur Antoine Gallimard de rééditer les pamphlets antisémites de Louis-Ferdinand Céline. "Pourquoi aujourd'hui, après tant d'agressions anti-juives, jeter de l'huile sur le feu ? (...) Les orphelins des déportés, ceux qui dans leur enfance ont connu et aimé les victimes de la Shoah, n'ont pas tous disparu, ils sont encore debout. Monsieur Gallimard, ayez la décence d'attendre notre mort pour tenter à nouveau d'inscrire ces pamphlets dans le catalogue de la Pléiade dont votre grand-père a renvoyé le créateur en application du statut des juifs !", a lancé Serge Klarsfeld dans un élan d'émotion chaleureusement applaudi.