Depuis l'élection d'Emmanuel Macron à la présidence de la République, son épouse Brigitte prend son rôle de première dame très au sérieux. Rôle défini depuis peu par une charte. Après s'être confiée une première fois dans les pages de Elle, l'ancienne professeur de français a accepté de répondre aux questions de l'historienne Joëlle Chevé pour son livre L'Élysée au féminin – Entre devoir, pouvoir et désespoir, attendu le 11 octobre aux éditions du Rocher. Le magazine Point de vue publie cette interview passionnante sur la nouvelle vie de Brigitte Macron au palais.
Brigitte Macron reçoit de nombreux messages, pas toujours tendres. Face aux attaques et aux critiques, elle peut compter sur Emmanuel : "C'est le couple que nous formons qui nous protège. Notre union et le bonheur que nous avons à être et agir ensemble font notre force, explique la première dame. Mon époux dit souvent que pour être efficace, il faut être heureux et j'ai un certain talent pour le bonheur. Pour le bonheur et la liberté."
Brigitte Macron revient sur le choix de son couple de s'installer à l'Élysée, ce que n'avaient pas fait Nicolas Sarkozy et Carla Bruni-Sarkozy, ni François Hollande et son ex Valérie Trierweiler à l'époque. Pour Brigitte Macron, ce choix fut vite décidé "pour pouvoir être le plus souvent possible ensemble" : "Cela nous permet de nous voir dans la journée, entre deux rendez-vous, et d'être ensemble pour dîner presque tous les soirs lorsque nous n'avons pas d'obligations particulières." Comme certaines avant elles, Brigitte Macron a retouché la décoration du palais de l'Élysée ou choisi d'enlever, plutôt que de changer ou de rajouter : "J'ai fait ma part de changements, j'ai surtout souhaité libérer les fenêtres d'un trop-plein de tentures épaisses qui assombrissaient les salons. La lumière y pénètre désormais beaucoup plus et la vue sur les jardins est moins occultée."
Pour autant, une grande partie de la vie du couple reste en dehors des murs : "Notre vie de famille, avec nos enfants et petits-enfants, a trouvé naturellement sa place, mais la majeure partie du temps en dehors du palais."
Ses premiers pas de première dame l'ont tout de suite menée dans le grand bain. À peine élu, Emmanuel Macron se rendait à Bruxelles pour le sommet de l'Otan, puis à Taormina pour le G7. Sur la scène internationale, Brigitte Macron s'est sentie à l'aise et a tissé des "liens très cordiaux" avec certains conjoints de chefs d'État : "C'est le cas de Melania Trump, avec qui j'ai aussi passé du temps lors de la visite à Paris du couple présidentiel américain les 13 et 14 juillet dernier." Et elle se félicite d'avoir rencontré des conjoints masculins. "Ils sont de plus en plus nombreux. C'est relativement nouveau et c'est une excellente chose", commente Brigitte Macron.
Question style, elle réaffirme son rôle de représenter le savoir-fait français lorsqu'elle est en représentation : "J'apprécie que de jeunes stylistes souhaitent me présenter leurs créations, que je porte d'ailleurs volontiers", confie cette proche de Nicolas Ghesquière, directeur artistique de Louis Vuitton.
Quant à son rôle, défini par une charte très précise – "Les Français doivent savoir ce que je fais, comment je le fais et avec quels moyens" –, Brigitte Macron l'envisage avec "responsabilité et gravité" : "J'essaie, à ma manière, de me rendre utile aux Françaises et aux Français qui me sollicitent. Ils sont nombreux à le faire." La première dame souhaite s'investir dans l'éducation et l'intégration dans la société des différences. Elle a lancé le 6 juillet une concertation sur l'autisme.
Avec le recul, l'historienne Joëlle Chevé, qui a réalisé cet entretien, estime que le couple de Brigitte Macron est "fusionnel", mais aussi que la nouvelle première dame a déjà tout compris : "C'est une femme étonnante, et intelligente. Mais elle ne veut pas gêner son mari, et comme elle a compris que la marge de manoeuvre est extrêmement étroite, elle va s'y tenir."
Point de vue, en kiosques ce 4 octobre 2017
L'Élysée au féminin – Entre devoir, pouvoir et désespoir, de Joëlle Chevé est attendu le 11 octobre aux éditions du Rocher