Avec une duchesse de Cambridge qui a drastiquement modéré sa participation à la vie publique depuis la naissance de la princesse Charlotte, et un prince William qui doit lui aussi sélectionner soigneusement ses engagements royaux puisqu'il est accaparé par son métier de pilote d'hélicoptère-ambulance, la Couronne d'Angleterre compte plus que jamais sur le prince Charles et son épouse Camilla Parker Bowles pour seconder la reine Elizabeth II et le duc d'Edimbourg. Piliers de la monarchie britannique, l'héritier du trône et la duchesse de Cornouailles, qui effectueront du 4 au 15 novembre une tournée officielle en Nouvelle-Zélande et en Australie, ont profité d'une longue pause estivale, et Camilla vient de faire cette semaine une rentrée remarquée.
On avait déjà pu voir le prince Charles à l'oeuvre en Ecosse fin septembre, lors de commémorations à Dundee, et début octobre, à la base navale de Clyde pour assister à des exercices militaires internationaux. C'est à l'occasion de la remise d'un prestigieux prix littéraire que la duchesse Camilla a fait à son tour sa rentrée : mardi 13 octobre 2015, elle remettait ainsi le Man Booker Prize, distinction accessible aux auteurs d'ouvrages anglophones à la condition qu'ils soient publiés en Grande-Bretagne, à l'écrivain jamaïcain Marlon James, pour A Brief History of Seven Killings. Après avoir narré, avec son premier roman paru en 2009, The Book of Night Women, la révolte d'une esclave dans une plantation de Jamaïque au début du XIXe siècle, et s'être intéressé aux soubresauts religieux d'un village reculé de son île natale dans son deuxième roman, John Crow's Devil (2010), l'auteur de 44 ans natif de Kingston, qui enseigne depuis huit ans la littérature et l'écriture aux Etats-Unis, dans un prestigieux établissement du Minnesota, explore avec son troisième ouvrage plusieurs décennies d'histoire et de difficultés politiques de la Jamaïque à travers le point de vue de plusieurs narrateurs. Un ouvrage basé sur des faits réels et richement documenté qui avait déjà été récompensé par le OCM Bocas Prize for Caribbean Literature.
Ma croisade pour les victimes de viol
Dès le lendemain de la cérémonie de remise du Man Booker Prize au Guildhall, Camilla Parker Bowles, 68 ans, enchaînait avec d'autres missions, trois visites pour une seule cause : la lutte contre le viol. Le jour même était publié un article que la duchesse de Cornouailles a écrit pour le quotidien à très forte audience The Daily Mail : dans cette lettre ouverte intitulée Ma croisade pour les victimes de viol, l'épouse du roi d'Angleterre en puissance lance un appel vibrant à la nation pour appliquer une tolérance zéro et éradiquer les agressions sexuelles, à l'heure où leur nombre officiel n'a jamais été aussi élevé.
"Au cours des cinq dernières années, écrit en préambule l'heureuse maman de deux enfants et grand-mère de cinq petits-enfants, j'ai visité de nombreux centres accueillant les victimes de viol, ici et à l'étranger, qui offrent à ces survivantes un abri sûr et un avenir différent. J'ai parlé avec beaucoup d'entre elles, et la bravoure avec laquelle elles se sont confiées et ont partagé leur histoire était une véritable leçon d'humilité. C'est, à la fois pour la personne qui parle et celle qui écoute, une expérience harassante."
"Viol, abus sexuel : ce sont des mots qui mettent la plupart d'entre nous mal à l'aise. Jusqu'à il y a peu, c'étaient des problèmes dont on ne parlait pas vraiment, mais désormais, je l'espère, c'est en train de changer", observe-t-elle, en référence aux "histoires choquantes" que les médias rapportent de plus en plus : "Elles durent quelques semaines, mais pour les victimes, les effets traumatisants peuvent durer bien plus longtemps, voire toute une vie. Elles laissent leur marque, indélébile."
Confiant ensuite son admiration pour les services de police et les associations intervenant avec compétence dans de telles affaires, Camilla Parker Bowles se dit consciente qu'il n'existe "pas de réponses faciles ni de solutions rapides", mais invite à réfléchir à toutes les actions, même minimes en apparence, qui permettent d'aider les victimes. Comme ce petit kit de toilette à destination des victimes qu'elle promeut - elle rencontrait d'ailleurs mercredi des employés de la société de produits d'hygiène Nelsons qui se sont portés volontaires pour empaqueter ces kits, distribués ensuite dans les refuges, comme celui de Whitechapel où elle se rendait le même jour.
"Ce n'est pas à moi de débattre des problèmes sous-jacents qui peuvent être à l'origine des violences et des abus sexuels, mais j'ai eu un aperçu des terrifiantes conséquences", conclut-elle, promettant de continuer à s'engager sur ce terrain, avec l'espoir de parvenir à inverser des "statistiques horrifiantes"...