Son intervention totalement inattendue, au coeur de l'automne, avait mis en évidence une très vive émotion : dans une lettre ouverte publiée dans le quotidien à fort tirage The Daily Mail, Camilla Parker Bowles racontait sa "croisade pour les victimes de viol et de violences". Choquée par les "statistiques effrayantes" des violences contre les femmes, intransigeante quant aux mesures qui doivent être prises pour enrayer ce phénomène et ses "conséquences terrifiantes", l'épouse du prince Charles, bouleversée par les multiples témoignages qu'elle a recueillis au fil des dernières années dans les foyers qu'elle a visités, écrivait : "J'ai parlé avec beaucoup de victimes, et la bravoure avec laquelle elles se sont confiées et ont partagé leur histoire était une véritable leçon d'humilité. C'est, à la fois pour la personne qui parle et celle qui écoute, une expérience harassante."
Cette expérience harassante, la duchesse de Cornouailles l'a réitérée mercredi 27 janvier 2016. En visite dans les locaux de l'association SafeLives, qui porte secours et offre son aide depuis 2005 aux victimes de violences conjugales ou domestiques (pas moins de 67 500 en 2015, et 76 000 enfants concernés), Camilla, 68 ans, a eu toutes les peines du monde à contenir ses larmes en entendant les récits terribles de ses interlocutrices, réunies dans une salle de l'organisme et formant un cercle.
Un en particulier a manqué de peu de fendre totalement son armure : celui d'une certaine Diana Parkes, qui a perdu en 2010 sa fille Joanna, morte sous les coups de son ex-mari. L'homme en question, Robert Brown, un commandant de bord de la compagnie aérienne British Airways, avait tué Joanna, dont il était séparé et qu'il malmenait depuis longtemps, à coups de marteau et alors que ses enfants de 10 et 9 ans étaient à quelques mètres d'eux, avant de l'enterrer dans une tombe qu'il avait creusée par avance. En dépit de ces circonstances, la préméditation n'avait pas été retenue et Brown avait été condamné pour meurtre avec responsabilité restreinte. Devant la maman éplorée qui lui confiait cette histoire sordide, Camilla, elle-même mère de deux enfants et grand-mère comblée, était obligée de se mordre la lèvre pour ne pas se laisser aller à pleurer à chaudes larmes, prenant Diana dans ses bras et lui promettant de faire tout ce qui est en son pouvoir pour que personne d'autre ne connaisse jamais plus ce genre de drame. "Encore une femme incroyablement courageuse, s'est-elle émue. Des récits comme celui-là doivent être rendus publics, sans quoi la violence domestique demeurera tabou."
La duchesse de Cornouailles a aussi entendu la jeune quadragénaire Rachel Williams raconter comment, après qu'elle demanda le divorce, son ex-mari la frappa avec la crosse d'un fusil avant de pointer le canon sur elle, comment elle survécut au prix de blessures irrémédiables en ramenant ses jambes contre sa poitrine pour se protéger du tir, et comment son fils de 16 ans, traumatisé, se suicida peu après... Celia Peachey, elle, a parlé de la manière dont sa mère a été étranglée par son compagnon, un homme déjà condamné à de la prison pour le meurtre d'une autre femme en Allemagne. Des histoires qui peuvent paraître surréalistes, mais qui sont tristement réelles, alors qu'on estime à 1 million le nombre de femmes victimes de violences psychologiques et physiques infligées par leur partenaire au Royaume-Uni, et que deux femmes meurent chaque semaine des mains de leur compagnon - ex ou actuel. "Elles durent quelques semaines, disait Camilla dans sa lettre ouverte à propos de la médiatisation de ces histoires choquantes, mais pour les victimes, les effets traumatisants peuvent durer bien plus longtemps, voire toute une vie. Elles laissent leur marque, indélébile."
Après un mercredi éprouvant, Camilla Parker Bowles retrouvait ce jeudi 28 janvier le sourire, assurant en couple, avec son mari le prince Charles, l'inauguration du Wilton's Music Hall à Londres après des travaux de rénovation. Deux jours plus tôt, le prince de Galles était en visite à Stoke-upon-Trent, où il est tombé sur une coupure de presse de 1959 du Evening Sentinel parlant de sa santé : il avait à l'époque contracté la varicelle !