Alors que la plupart des compétitions sportives ont été annulées au lendemain des attentats qui ont ensanglanté la capitale, le meeting de natation de Compiègne était l'un des seuls à se tenir, en présence de la moitié de l'équipe de France. Mais chez les nageurs, comme Florent Manaudou et Camille Lacourt, le coeur n'y était pas, au point de se demander s'il fallait nager.
Pour Florent Manaudou, fer de lance de la natation tricolore, champion olympique et du monde du 50m, la question ne se posait pas. Le petit frère de Laure Manaudou pensait au public et voyait cette compétition entamée le 13 novembre comme une échappatoire. "C'était très dur de nager ce matin, la nuit a été difficile. On y pense beaucoup, on est peiné et on n'a pas trop le moral. C'était important d'être là. Les gens sont venus pour se changer les idées. Et même à nous, ça nous fait du bien", confiait après sa course Florent Manaudou depuis la piscine Mercières.
Si de nombreux fans avaient fait le déplacement, photos des champions en main, Camille Lacourt ne tenait pas le même discours que son collège de nage à Marseille. De retour d'un voyage en République démocratique du Congo avec son épouse Valérie Bègue, il retrouvait les bassins, mais c'est à contre-coeur qu'il y a plongé. "Je n'avais pas envie de nager. Il y a un deuil qui a été décrété. On ne devrait pas être là", expliquait le papa de Jazz, excédé par les demandes d'autographes des adultes. "Quand les enfants viennent me voir, je joue le jeu. Mais là avec les adultes, je n'ai aucune patience. Je me suis rapidement énervé", concédait-il à l'AFP.
Toutefois, Camille Lacourt s'est aligné sur les séries du 100m dos et a pris part à la finale du 100m nage libre, assurant qu'il avait "été délicat de nager" et que ce n'est pas parce qu'on s'aligne en compétition "qu'on ne pense pas aux familles". Et le champion du monde d'ajouter : "Je suis toujours abasourdi. Mais je n'ai pas envie d'être dans cette panique. On continuera à nager la tête haute et à représenter la France."