La présence de La Conquête de Xavier Durringer, le film sur l'ascension de Nicolas Sarkozy en 2007, au 64e festival de Cannes a été officiellement annoncée le 14 avril, de quoi créer un gros buzz vu le fort potentiel médiatique de l'oeuvre, premier film à porter sur un président de la République toujours en exercice... et sans doute à la "conquête" d'un nouveau mandat !
Ce long métrage sera projeté hors compétition le 18 mai, jour de sa sortie nationale sur 400 écrans. Thierry Frémaux, délégué général du festival, a précisé lors de la conférence de presse que "contrairement à ce qui avait été écrit dans certaines gazettes, il n'y a eu aucune pression pour inclure ou non La Conquête dans la sélection". Il a également rappelé "la souveraineté habituelle du festival de Cannes". Gilles Jacob a indiqué de son côté : "Nous aurions été coupable de je ne sais quelle autocensure de ne pas le prendre à Cannes." Et La Conquête promet une effervescence médiatique bien utile au festival.
Aucune pression
Personne n'a vu ce film difficile à financer en raison de la frilosité des chaînes de télé à s'impliquer (seule Canal+ a mis 1 million d'euros, déclare Le Parisien) et les producteurs Eric et Nicolas Altmayer (OSS 117) démentent toute pression directe, parlant plutôt de "témoignages insistants de curiosité", précise Le Parisien. Nicolas Altmayer ajoute : "Je pense même qu'il y a eu un mot d'ordre assez clair pour ne pas intervenir."
"Seuls quelques membres du comité de sélection du festival de Cannes ont eu ce privilège", lit-on sur le site d'Europe 1. Selon la station radio, "les producteurs ne voulaient donc pas risquer la moindre pression et des demandes de modification du scénario ou du montage. [...] Toute la violence des rivalités de 2007 entre Sarkozystes et Chiraquiens y est restituée. Tout comme la relation orageuse entre le candidat et son épouse de l'époque : Cécilia."
Selon Libération, Nicolas Sarkozy n'a pas prévu de se rendre en salle à sa sortie. Mais "sans doute le visionnera-t-il si les producteurs lui envoient une copie, assure un conseiller du président de la République qui a participé à la campagne de 2007." Le film n'a pas été vu, mais déjà des critiques ont été faites au regard de la bande-annonce, et les premières images ont été jugées "caricaturales" et "ridicules" : "Je n'ai jamais vécu ce qui est présenté dans une scène à laquelle mon personnage assiste. Cela prouve bien que le film est une pure fiction", affirme pour Libération ce fidèle du président.
Caricature ou comédie théâtrale ?
Le quotidien craint lui un "festival des sosies" d'une "subtilité politique et esthétique discutable". A voir. Denis Podalydès est dans la peau du chef d'Etat, Florence Pernel joue Cécilia, Hippolyte Girardot est Claude Guéant, Bernard Le Coq est dans la peau de Jacques Chirac, Samuel Labarthe s'est transformé en Dominique Villepin et Saïda Jawad porte le costume de Rachida Dati.
Le réalisateur décrit ainsi son film au micro d'Europe 1 : "C'est une comédie qui raconte quelqu'un qui a un but dans la vie : devenir président de la République. C'est une sorte de marathon [...] Parfois, c'est vrai, on rit de choses très graves. [...] Il n'y a pas de caricature, pas d'imitation." "Si le film est une comédie, Xavier Durringer a tenu à préciser que le scénariste Patrick Rotman [historien et documentariste] avait travaillé de façon précise," apprend-on sur Europe1. En plus de lui, le réalisateur a collaboré avec le journaliste politique d'i-Télé Michaël Darmon - très proche du pouvoir à l'époque et auteur du livre brûlot Belle Amie sur Rachida Dati ainsi que le dernier sur Carla Bruni, Carla et les ambitieux, qui n'a pas du tout plu à la première dame ! - , et "des gens qui ont raconté", précise la radio.
Un président à Cannes ?
Cannes sera présidentiel également avec la projection, en ouverture du festival le 11 mai - mais hors compétition - s'il vous plaît, de Minuit à Paris, réalisation de Woody Allen dans laquelle apparaît la première dame de France, Carla Bruni, transformée en guide du musée Rodin. L'épouse de Nicolas Sarkozy sera-t-elle sur le tapis rouge du palais des festival pour autant, accompagné de son mari ?
"Selon des sources concordantes, indique Le Parisien, elle aurait finalement décidé de ne pas monter les marches. Pourtant en privé, Nicolas Sarkozy a confié récemment à des proches qu'il voulait se rendre à Cannes pour voir le film (film qu'il a déjà vu en projection privée il y a deux semaines, quelques jours après son épouse). Mais ses conseillers l'ont freiné : ce serait trop bling-bling." Libération affirme que "du côté de la mairie cannoise, officiellement, aucun dispositif de sécurité renforcé n'a été prévu dans l'hypothèse, à vrai dire peu vraisemblable, que Sarkozy et madame déboulent pour la montée des marches du Woody Allen."
D'après nos informations, Carla Bruni n'ira pas à Cannes (rappelons qu'elle n'a qu'un tout petit rôle dans ce film), ce n'est médiatiquement pas du tout le moment. C'est pour ces mêmes raisons (le déchaînement médiatique pas utile...) que la première dame a mis "au chaud" son prochain album,pour une sortie après mai 2012.
La venue du couple présidentiel à Cannes répondrait à l'expression : beaucoup de bruit pour rien...