Lors de la projection de La Vénus à la fourrure, Emmanuelle Seigner, actrice et épouse du réalisateur, a fait forte impression, vêtue d'une toilette au décolleté plongeant. Sensuelle et déroutante dans L'Homme qui rit, adaptation au cinéma de l'oeuvre de Victor Hugo, la voici devant la caméra de son mari dans un huis-clos bien particulier. Il nous entraîne dans un théâtre vide entre Thomas, un metteur en scène (Mathieu Amalric), et Vanda, une actrice (Seigner) qui vient auditionner pour une pièce inspirée par le roman éponyme de Leopold von Sacher-Masoch, qui a donné son nom au masochisme.
Si Emmanuelle Seigner, aux côtés du cinéaste et de son partenaire Mathieu Almaric - venu quelques jours plus tôt défendre un autre film, Jimmy P.-, est radieuse, Roman Polanski a lui provoqué une nouvelle polémique. Lors de sa conférence de presse cannoise, le réalisateur aux innombrables récompenses a choqué par son regard sur la femme : "Je pense que cette tendance à vouloir mettre les hommes et les femmes à égalité est purement idiote. Je pense que c'est le résultat [...] des progrès de la médecine. La pilule a beaucoup changé les femmes de notre temps, en les masculinisant. Je pense que tout cela chasse le romantisme de nos vies, et c'est bien dommage", a-t-il affirmé.
Roman Polanski fait donc naître une scandale au Festival de Cannes, lui qui a déjà été fortement controversé en raison de l'affaire de moeurs qui remonte aux années 1970. Poursuivi aux Etats-Unis pour des relations sexuelles avec une mineure, arrêté à Zurich plus de trente ans après en 2009, assigné à résidence puis finalement libéré par les autorités suisses, il recevait soutien de la part de différents artistes, mais aussi critiques par rapport au fait qui lui était reproché. Avec ses paroles sur la femme, il réactive ce tourbillon médiatique.
Cette controverse succède à d'autres à Cannes pour cette 66e édition, toujours liée à la vision de la femme. Tandis que la sélection des films en lice pour la Palme d'or ne compte qu'une seule femme metteur en scène (Valeria Bruni-Tedeschi pour Un château en Italie), c'est le réalisateur François Ozon (Jeune et Jolie, en lice pour la Palme) qui a fait scandale en clamant à une journaliste de The Hollywood Reporter que la prostitution fait fantasmer beaucoup de femmes...