La photographie de l'affiche de La Belle Saison (sortie le 19 août dernier) avec Cécile de France et Izïa Higelin batifolant dans les champs et s'apprêtant à s'embrasser ne passe pas pour la mairie de la commune de Camaret-sur-Aigues. Le Dauphiné Libéré a mis en lumière le fait que l'affiche du film, programmé dans le cinéma de la ville le 17 septembre, n'apparaît plus sur le site Internet de la commune. De plus, dans la mairie, la programmation a disparu.
Le journaliste s'est promené dans la ville de Camaret-sur-Aigues et les affiches du film La Belle Saison sont présentes dans les rues. Comment s'explique l'absence de promotion du film du côté de la mairie ? Le Dauphiné Libéré rapporte la réaction du maire Philippe de Beauregard (FN) : "Il fait valoir 'sa liberté d'expression et son droit à la critique' pour ne pas promouvoir ce film entre les murs de la mairie. 'J'ai vu ce film et il comprend de nombreuses scènes de nature à perturber un jeune public et il n'y a aucun avertissement et aucune restriction d'âge indiqués. En tant que citoyen, je mets en garde les parents.' Concernant la question de la relation entre les deux femmes, il assure : 'S'il s'agissait d'une relation hétérosexuelle, j'aurais eu la même réaction. Ce sont les scènes érotiques en gros plans qui ne sont pas destinées à tous les publics. Le partenariat avec l'association est maintenu. Je pense qu'ils auraient pu choisir un autre film.'"
Rappelons que le film, en lice pour représenter la France aux Oscars, n'a aucune interdiction d'âge. Les membres de Ciné Ravelin qui animent le cinéma local n'ont pas souhaité s'exprimer. Le directeur de l'association départementale Cinéval Christophe Ricard a déclaré de son côté que "le choix de la programmation des films se fera à Camaret comme dans l'ensemble des autres communes du réseau" : "Il se trouvait que nous avions rendez-vous avec le maire ce lundi, nous avons évoqué le sujet, expliqué notre position. Il n'a pas demandé à s'immiscer dans le choix des films. Il a juste expliqué ne pas vouloir afficher ce film sur les moyens de communication qui sont les siens."
Se démarquer d'un film qui raconte une histoire d'amour et ses tourments, voilà une prise de position manifeste qui laisse craindre d'autres épisodes de "censure" culturelle à venir à chaque fois que le sujet de l'oeuvre ne correspondra pas au point de vue du maire... Une affaire qui rappelle celle de L'Inconnu du lac d'Alain Guiraudie, ses affiches avaient été retirées des rues de Versailles et de Saint-Cloud.