Cette 46e cérémonie était sans conteste celle du mécontement. Dès le début des César édition 2021, organisés à l'Olympia en comité restreint, la maîtresse de cérémonie a planté le décor avec un discours d'ouverture pour le moins piquant. Un sac à caca à la main, Marina Foïs a d'emblée évoqué la crise sanitaire et les mesures parfois contradictoires du gouvernement. L'interminable fermeture des salles de spectacles et cinémas étant bien sûr le coeur du problème dénoncé vendredi soir, en présence de la ministre de la Culture Roselyne Bachelot, qui a écouté les nombreux discours de revendication depuis les coulisses.
"Soyons justes, le gouvernement n'a pas rien fait, il y a des aides, et la ministre non plus, elle n'a pas rien fait, Marina Foïs a-t-elle notamment lancé au début de la cérémonie. Madame Bachelot, vous sortez un livre en pré-vente sur Amazon, 18 euros, Ma vie en rose, dans lequel vous donnez votre recette de pâtes au gorgonzola, vous avez vraiment les petits trucs pour trouver du réconfort, pour traverser les crises, c'est réconfortant le gorgonzola merci pour ça. Mais en interview chez Delahousse, vous dites, 'Le gorgonzola ça se râpe très bien' et là je vous perds madame la ministre. Et je perds confiance en vous, parce que le parmesan oui, le gorgonzola non. Et que faire quand on n'a plus confiance en son ministre de tutelle à l'heure où se joue l'avenir du cinéma et de l'exception culturelle française ?" Et à la maîtresse de cérémonie d'ajouter que présenter les César, "c'est maso, c'est comme avoir une pharmacienne à la culture en pleine pandémie".
Depuis les loges, Roselyne Bachelot n'aurait pas vraiment apprécié ce discours d'ouverture très critique. A en croire les informations publiées par le Parisien samedi matin, "la ministre n'a pas forcément bien digéré" les blagues de Marina Foïs...
Interrogée sur la crise culturelle qui frappe la France depuis de longs mois juste avant la cérémonie, Roselyne Bachelot a répété qu'elle comprenait "la souffrance, la détresse, l'exaspération" de toute la profession après quatre mois de fermeture des salles de cinéma. "Je veux tenir ce soir un message d'espoir, nous sommes en train de bâtir avec la filière les conditions de réouverture des salles. Nous avons des films à montrer au public, qui adore le cinéma français. Ces processus, nous sommes en train de les bâtir avec les professionnels."
Pour ce qui est des récompenses, le film Adieu les cons d'Albert Dupontel a raflé les prix les plus attendus, y compris celui du meilleur film et de la meilleure réalisation. Laure Calamy a quant à elle décroché le César de la meilleure actrice pour le film Antoinette dans les Cévennes tandis que Sami Bouajila a été récompensé pour son rôle dans Un fils.
Voici le palmarès intégral :
Meilleur film : Adieu les cons de Albert Dupontel
Meilleur réalisation : Albert Dupontel pour Adieu les cons
Meilleure actrice : Laure Calamy pour Antoinette dans les Cévennes
Meilleur acteur : Sami Bouajila dans Un fils
Meilleure actrice dans un second rôle : Émilie Dequenne dans Les Choses qu'on dit, les choses qu'on fait
Meilleur acteur dans un second rôle : Nicolas Marié dans Adieu les cons
Meilleur espoir masculin : Jean-Pascal Zadi pour Tout simplement noir
Meilleure espoir féminin : Fathia Youssouf pour Mignonnes
Meilleur scénario original : Albert Dupontel pour Adieu les cons
Meilleure adaptation : Stéphane Demoustier pour La Fille au bracelet
Meilleurs costumes : Madeline Fontaine pour La Bonne Épouse
Meilleur photographie : Alexis Kavyrchine pour Adieu les cons
Meilleurs décors : Carlos Conti pour Adieu les cons
Meilleur montage : Tina Baz pour Adolescentes
Meilleur son : Yolande Decarsin, Jeanne Delplancq, Fanny Martin et Olivier Goinard pour Adolescentes
Meilleure musique originale : Rone pour La Nuit venue
Meilleur premier film : Deux de Filippo Meneghetti
Meilleur film d'animation : Josep de Aurel
Meilleur film documentaire : Adolescentes de Sébastien Lifshitz
Meilleur film étranger : Drunk de Thomas Vinterberg
Meilleur court métrage : Qu'importe si les bêtes meurent de Sofia Alaoui
Meilleur court métrage d'animation : L'Heure de l'ours de Agnès Patron
César des lycéens : Adieu les cons de Albert Dupontel