À l'occasion du centenaire de la naissance de Charles Trenet, né le 18 mai 1913 à Narbonne, son ami et biographe Jacques Pessis a mis sur pied une formidable exposition qui donne à redécouvrir le parcours et l'oeuvre du Fou Chantant. Parrainée par Charles Aznavour, très impliqué dans la protection du patrimoine artistique de Trenet, cette expo s'est ouverte à Paris, en présence de la ravissante Sonia Lacen, avant de rejoindre Narbonne en juillet.
Une route enchantée
Trenet : Le Fou chantant de Narbonne à Paris est le titre de cette grande rétrospective qui réunit à la Galerie des Bibliothèques, dans le 4e arrondissement de Paris, près de 400 documents iconographiques - photos, affiches, partitions, disques, manuscrits, etc. - et l'écoute de plus de 150 chansons. L'expo propose de suivre la "route enchantée" de Trenet via sa ville natale et la capitale, en mettant en lumière ses rencontres avec les grands de son époque comme Jean Cocteau. Imaginée par Jacques Pessis, qui avait déjà transformé la maison d'enfance de Charles Trenet en musée, cette exposition est possible grâce aux archives de la Médiathèque musicale de Paris, de la Bibliothèque historique de la Ville de Paris, des collections Roger-Viollet, du fonds photographique de la Ville de Narbonne, des éditions Raoul Breton, du Musée des Lettres et Manuscrits, de l'Institut national de l'Audiovisuel (INA)... Elle rend hommage à l'immense artiste, à celui dont Benjamin Biolay dit qu'il a écrit "les textes les plus fous, les plus modernes", qu'il est "l'inventeur de la chanson dite française".
Jeudi 11 avril, au vernissage de l'exposition, Charles Aznavour était présent au côté de Jacques Pessis et Georges El Assidi, qui fut le secrétaire particulier et l'ami du chanteur durant 20 ans. Ils ont été rejoints par le dessinateur Cabu, grand fan de Charles Trenet, qui, à l'occasion de cette rétrospective, a revisité en vingt dessins la carrière de l'artiste.
L'histoire de Jean-Jacques Debout aussi est intimement liée à la bienveillance de Charles Trenet, et l'homme ne pouvait manquer d'être présent : repéré lors d'un concours de chant par le Fou chantant alors qu'il n'a pas 17 ans, Trenet le recommande à Patachou, puis Aznavour lui écrit ses premières chansons. Jean-Jacques Debout était donc là hier soir pour lui rendre hommage. D'autres personnalités ont fait le déplacement comme Guy Béart, Kitty Bécaud (veuve de Gilbert Bécaud), les journalistes Karl Zéro, Nelson Monfort, qui vient de publier la biographie Le Roman de Trenet (éditions du Rocher), Frédéric Zeitoun (grand spécialiste de la chanson), et de jeunes artistes comme Sonia Lacen (The Voice), Agnès Bihl (Grand prix du disque de l'Académie Charles-Cros en 2005) et Yves Jamait. Et si le maire de Paris, Bertrand Delanoë, a assisté au vernissage, celui de Narbonne, Jacques Bascou, était également de la partie. Sa ville, qui occupe une grande place dans la vie de Charles Trenet, accueillera cette rétrospective à partir du 20 juillet.
Éclaircies
Un mot, pour finir, sur les soucis de Georges El Assidi : l'unique héritier de Charles Trenet confiait en 2006 à la société danoise Nest la gestion de l'héritage de Charles Trenet, qui comprend la villa d'Antibes (quasiment à l'abandon) et les droits d'auteurs (jusqu'à 500 000 euros par an). Georges El Assidi accuse les dirigeants de Nest de l'avoir dépossédé de ses biens. L'AFP rappelle qu'en juin 2012, un juge d'instruction lançait des mandats d'arrêt internationaux contre Maurice Khardine et Johan Schlüter, lesquels viennent d'être renvoyés en correctionnelle. Un procès aura donc lieu. Et, selon Le Parisien, Georges El Assidi, qui vit du RSA dans un petit logement prêté par des amis, espère, via une procédure d'arbitrage au Danemark en septembre, récupérer une partie des droits d'auteurs, jusque-là encaissés par sa banque créancière ou placés sous séquestre. Douze ans après la mort de Charles Trenet, le ciel se dégage enfin pour son héritier.
Trenet : Le Fou chantant de Narbonne à Paris à la Galerie des bibliothèques, Paris 4e, du 12 avril au 30 juin 2013.