Enregistrée le lendemain de la tuerie de Charlie Hebdo, l'émission On n'est pas couché sur France 2 était particulièrement chargée en émotion. Animant d'une main de maître son programme, Laurent Ruquier a pu constater que ses deux polémistes étaient particulièrement bouleversés.
Dès le début du programme, Aymeric Caron dévoilait un visage bien macabre. Interrogé sur un des dessins diffusés lors du "Top Ten", le journaliste a été incapable de répondre tant l'émotion l'envahissait. "Aymeric a du mal à parler ce soir. Je vous laisse à votre émotion et vous réagirez tout à l'heure", a dit Laurent Ruquier, venant au secours de son protégé qui a même versé quelques larmes. Bouleversé, ce dernier a ensuite quitté le plateau avec discrétion avant de revenir quelques instants plus tard.
"Je suis ému a beaucoup de titres. D'abord Charlie hebdo me suit personnellement et je le suis depuis l'école de journalisme. Je me souviens qu'on devait écrire des papiers et on nous demandait pour qui on le destinait (...) quasi systématiquement je répondais pour Charlie Hebdo", explique-t-il ensuite face à Philippe Geluck ou encore Mélanie Thierry. Envahi par ses souvenirs, Aymeric Caron a ensuite raconté une anecdote qui en dit long sur la générosité de Cabu. Le dessinateur a en effet soutenu Aymeric Caron à ses débuts. "Quand je suis sorti de l'école de journalisme, je devais faire une maquette pour une radio. Il me fallait un invité, j'ai demandé à Cabu. Il avait mille autres choses à faire que d'aider un type que personne ne connaissait mais il a tout de suite répondu 'oui' (...) Il était comme ça... C'est pour ça que je suis dévasté aujourd'hui, car les personnes qui ont été tuées étaient des gens vraiment bien", a-t-il expliqué la voix tremblante.
Aymeric Caron est toujours resté proche des journalistes et dessinateurs de Charlie Hebdo. L'affection était réciproque comme on a pu le voir lors de l'arrivée de Patrick Pelloux, médecin urgentiste et chroniqueur du journal, sur le plateau. En le serrant dans les bras, ce dernier a déclaré au journaliste : "Ils t'aiment bien, c'est pour ça que je suis là. Ils t'adoraient." Un moment particulièrement émouvant.
Léa Salamé aussi s'est montrée très affectée. Si la journaliste ne connaissait pas personnellement ceux qui ont perdu la vie, elle a avoué que les événements la rendaient malade : "J'ai mal au ventre depuis mercredi midi. Je n'arrive pas à comprendre comment un dessinateur de 76 ans, 80 ans (...) Ils ne méritaient pas de mourir comme ça. A 80 ans, on ne se fait pas descendre de sang froid comme ça."
Patrick Pelloux livre un touchant témoignage
Venu une nouvelle fois témoigner de sa tristesse et la volonté de Charlie Hebdo de perdurer, Patrick Pelloux a confessé que deux jours avant le drame, Charb songeait à abandonner sa protection rapprochée : "On a dîné ensemble lundi soir avec Luz et on a parlé. Charb a dit : 'Il faut que j'arrête les gardes, j'ai envie de reprendre le métro'. Plus on l'entendait parler plus on avait des informations disant que les milieux terroristes n'avaient qu'une seule cible, les gens de Charlie Hebdo."
Premier à s'être retrouvé sur les lieux du drame après la fusillade, le médecin a ensuite raconté s'être senti inutile et a ajouté avec beaucoup de triste : "Quand j'ai vu ça putain... J'ai vieilli..." Un nouveau témoignage particulièrement bouleversant.
Sarah Rahimipour