À l'occasion des 20 ans de son sulfureux et incompris drame érotique Showgirls, le génial et controversé Paul Verhoeven s'est longuement confié sur l'échec de ce film suivant le périple à Las Vegas d'une jeune femme se rêvant danseuse et qui devient une star des grands shows de strip-tease.
Pour Rolling Stone, il a expliqué pourquoi il estime avoir signé avec Showgirls son "film le plus élégant" - alors que le cinéaste a tout de même réalisé Basic Instinct, Total Recall ou RoboCop. Assumant la surenchère de ce film devenu culte les années passant, le réalisateur s'estime fier de son travail, malgré la critique qui a assassiné son film à sa sortie en 1995, suivi d'un flop au box-office (à peine 20 millions de dollars alors qu'il en avait coûté plus du double).
Il évoque également le cas Elizabeth Berkley. Car si Verhoeven s'est éloigné d'Hollywood avec l'échec de Showgirls, la carrière de la sublime blonde, qui en est l'envoûtante et sulfureuse héroïne, a été brisée. "Les gens ont, bien sûr, critiqué la performance outrancière d'Elizabeth Berkley. C'est en grande partie ma faute, avoue-t-il. Je l'ai poussée dans cette direction. Bien ou pas bien, j'ai été celui qui lui a demandé d'exagérer tout parce que c'était le style qui selon moi allait fonctionner pour le film."
Dans une autre interview, plus récente, accordée au New York Daily News, il présente ses excuses à l'actrice américaine âgée de 43 ans. "Showgirls a certainement ruiné la carrière d'Elizabeth Berkley. Ça a rendu ma vie plus difficile, mais pas au degré où ça l'a été pour Elizabeth. Hollywood lui a tourné le dos [...] Si quelqu'un est à blâmer, ce doit être moi. Selon le metteur en scène néerlandais âgé de 77 ans, Berkley a bousculé les codes à Hollywood, ce qui a dérangé. "Ça a énervé Hollywood parce qu'elle a été plus loin qu'aucune autre actrice n'avait été, et je pense qu'ils ne lui ont jamais pardonné. Ils ont été tellement choqués par le film qu'ils l'ont détestée." Et d'arguer que sa comédienne n'aurait "pu se remettre du film qu'avec un rôle très différent, mais ce n'est pas arrivé, sinon elle aurait accepté".
En revanche, Paul Verhoeven se félicite de ne pas avoir engagé celle qui aurait pu incarner Nomi à l'écran : Charlize Theron. La jeune femme n'avait que 20 ans et commençait à peine dans le métier. Par le passé, l'actrice sud-africaine avait déjà révélé que Showgirls avait été sa deuxième audition à Hollywood. Pensant marcher dans les pas de Sharon Stone, elle s'est présentée au casting, et a été recalée. "Si on lui avait offert le rôle, elle aurait probablement été traitée de la même manière qu'Elizabeth. Elle a eu beaucoup de chance de ne pas avoir eu le rôle, avoue-t-il. Je félicite Charlize pour ça, parce que ç'aurait été vingt horribles années pour elle !"
L'histoire retiendra que Charlize Theron triomphera dans Monster, quelques années plus tard, avec à la clé un Oscar. Mais à l'époque, la jeune débutante était dans le dur et elle n'avait pas froid aux yeux. "Charlize a auditionné, et je ne me souviens pas qu'elle ait eu un quelconque problème avec la nudité. Elle était bien et voulait le rôle, mais en gros elle n'était pas assez connue à l'époque et ne convenait pas totalement au rôle, donc on a dit non", confie le cinéaste, qui voulait une actrice suffisamment expérimentée, à l'aise avec le nu et la danse.
Quant à Paul Verhoeven, on le retrouvera le 21 septembre 2016 dans les salles obscures avec le film Elle, dans lequel il dirige Isabelle Huppert ainsi que Laurent Lafitte et Virginie Efira.