Fille de Catherine Deneuve et de Marcello Mastroianni, Chiara Mastroianni a toutefois réussi à se faire un prénom, en assumant le poids de l'héritage et en gardant une bonne dose d'humilité. Dans son interview pour le magazine Madame Figaro, elle explique ainsi son regard aiguisé sur le monde du cinéma, qu'elle connaît depuis toute petite.
Au cinéma dans Good Luck Algeria, à Cannes dans le court métrage de Sandrine Kiberlain (Bonne figure) et désormais à Rome pour promouvoir le cinéma français avec UniFrance, Chiara Mastroianni a répondu aux questions du magazine Madame Figaro. Elle remonte pour lui dans ses souvenirs comme le tournage de La Cité des femmes de Federico Fellini, dans lequel joue son illustre père. Présente sur le plateau, la petite Chiara se voit proposer un rôle où elle doit lui faire des grimaces. Le réalisateur, à cheval sur le respect des enfants aux parents, lui demande de ne pas regarder son papa en tirant la langue, mais lui. Des années plus tard, elle regarde le film, fière de sa participation à un classique du cinéma : "J'attendais ma scène qui, je l'ai découvert alors, avait été coupée au montage. C'est une métaphore et une bonne leçon pour une actrice : tant qu'on ne voit pas le film, on n'est jamais tout à fait sûre d'être à l'écran." Elle est prête pour jouer devant la caméra de Terrence Malick, le serial coupeur - il est connu pour couper au montage de nombreux comédiens...
Avec sa mère, l'impressionnante Catherine Deneuve, elle a connu une situation presque semblable pour le film A nous deux de Claude Lelouch. Petite fille, elle devait lui tenir la main dans une scène et portait une énorme cagoule blanche : "J'avais compris qu'on ne me verrait pas avec cette maudite cagoule et je râlais. (...) La scène dure trois secondes et on ne voit pas mon visage."
Si l'on observe sa carrière, on peut se dire que Chiara Mastroianni aurait pu tourner davantage de films : "La vérité, c'est que je ne croule pas sous les scripts. Personne ne peut comparer sa carrière à celle de mes parents, qui est une chose considérable." Elle a dû apprendre à être rejetée de castings, même en étant la "fille de" : "Les premières années, je pleurais beaucoup lorsque je n'étais pas prise, et ça ne sert à rien. La patience permet de ne pas devenir fou et de faire les meilleurs choix." Et parmi ses meilleurs choix, son plus gros succès est le film d'animation Persépolis, dans lequel elle fait la voix de l'héroïne : "Comme c'est un dessin animé, c'est une bonne leçon d'humilité ! Aujourd'hui, il importe d'être bankable, c'est presque miraculeux pour moi de continuer à faire des films..." Et toujours plus franche et modeste, elle avouera aussi avoir fait de la publicité pour gagner de l'argent : "Il ne faut pas se voiler la face. J'ai fait des pubs pour pouvoir continuer de travailler avec des gens comme Paulo Branco [Producteur portugais influent pour le cinéma d'auteur]."
Retrouvez l'intégralité de l'interview dans le magazine Madame Figaro du 10 juin 2016